La princesse et le conte de fée

Nos amis de l’association « Convergence citoyenne » réagissent avec beaucoup de pertinence au publi-reportage faisant la promotion du 93 dans l’édition de mercredi dernier du journal « le Monde ».

Ils critiquent vertement la demie-page sur Saint-Ouen constituée de l’interview du Maire orné de sa photo sous le titre à double sens : “le nouveau visage de Saint-Ouen” avec en bonus un petit encadré plein de modestie intitulé Charte promoteur : “un bilan positif”.

Nous publions ci-après intégralement cette saine et citoyenne réaction.

Saint-Ouen a un nouveau visage : c’est Le Monde qui le dit.

Dans son édition du 4 février 2009, le quotidien publie un supplément de quatre pages – « Les cahiers de la compétitivité » – consacré à la Seine-Saint-Denis. Mais ce n’est pas de l’information ; c’est de la communication politique. En effet, le supplément est édité « par l’Agence Média Thème, en partenariat avec le Conseil général de Seine-Saint-Denis ». Le journal indique clairement que « La rédaction du Monde n’a pas participé à la réalisation de ce supplément ».

Le lecteur audonien lit avec intérêt les différents entretiens – dont MM. Bartolone et Huchon – avant de tomber, en dernière page du cahier, sur sa propre ville. En évidence, une photo de Mme Rouillon ; en titre, « Le nouveau visage de Saint-Ouen ».

Et là, surprise ! Alors que tous les autres textes du cahier sont signés, celui qui concerne Saint-Ouen n’a d’autre signature que « www.ville-saintouen.fr ». Seul parmi toutes les contributions au cahier, cet entretien de Mme Rouillon se présente, en tout petits caractères, comme « publi-reportage ».

Le lecteur audonien n’apprend donc rien sur la manière dont Mme Rouillon présente ses projets pour la ville, puisque le texte n’est que du réchauffé. Ce n’est sans doute pas bien grave, puisque ce n’est pas au lecteur audonien que sont destinés ces « cahiers de la compétitivité ». En plaçant son message dans Le Monde, c’est aux élites économiques et politiques que la Ville souhaite s’adresser.

D’où la question : sous quel « visage » Saint-Ouen se présente-t-elle aux investisseurs et aux décideurs qui sont appelés à définir son destin ? Car ne nous racontons pas d’histoire : c’est bien de cela qu’il s’agit.

Réponse véhiculée par cette publicité : une ville unanime derrière son Maire. Certes, Mme Rouillon évoque la « frustration » et le « sentiment d’injustice » de certains Audoniens, « en particulier les jeunes », qui ne se voient pas profiter du développement économique de la ville. Mais ce sont des détails. Pour l’essentiel, c’est la ville tout entière qui « est en plein renouveau » et qui « dispose d’atouts solides pour attirer les particuliers et les entreprises ».

Les élites qui lisent Le Monde resteront sur l’impression d’une ville bien tenue, ouverte à leurs projets, dotée d’une politique claire et consensuelle, et dont le Maire est le porte-parole incontesté. C’est l’objectif : c’est précisément à cela que sert un « publi-reportage ».

Mais dit-on au lecteur du Monde que le projet des Docks, présenté dans le publi-reportage comme un acquis, suscite de multiples controverses et de plus en plus d’oppositions structurées ?
Lui dit-on que le projet d’un « éco-quartier » autour d’un incinérateur, sur des sols gravement pollués, constitue un pari audacieux?

Lui dit-on que, lorsque les Audoniens sont appelés à débattre publiquement de Saint-Ouen, ils sont très nombreux, au-delà de l’aménagement des Docks, à déplorer une ville moins belle, moins propre, moins sûre, moins attrayante et moins solidaire qu’elle ne pourrait l’être ? Que les Audoniens se plaignent, de manière persistante, de ne pas être entendus ? Que, pour tout dire, le mécontentement gronde à Saint-Ouen ?

Lui dit-on, au lecteur du Monde, qu’une partie de la majorité municipale de Mme Rouillon lui a refusé de représenter la Ville au sein de Paris-Métropole ? Le « publi-reportage » se contente, au contraire, de désigner Mme Rouillon comme « l’un des maires très engagés dans le syndicat mixte d’études ».

Non, tout cela, il aurait fallu des journalistes pour l’évoquer. Et les journalistes, c’est ce dont on ne veut surtout pas dans des « cahiers de la compétitivité ». On maîtrise tellement mieux les choses quand on communique…

Contact Barisa DEBAA, Présidente de Convergence Citoyenne -Association loi 1901-: convergence.citoyenne@club-internet.fr – site web en construction.

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