Décidément rien n’est simple et l’argent complique tout. Ce méga projet pour Saint-Ouen, porté par François Hollande, soutenu par les socialistes locaux et que s’est désormais approprié le Maire de Saint-Ouen[1], connaitrait quelques péripéties au point de s’interroger sur le bon pilotage d’un dossier d’une telle ampleur.
Après bien des palabres et des scénarios, c’est finalement la ZAC des Docks et plus précisément la partie abordant la place du Capitaine Glarner et le boulevard Victor Hugo qui a été retenu à l’origine par l’AP-HP[2] pour implanter le futur Grand Hôpital résultant de la fusion des hôpitaux Beaujon et Bichat[3]. 5700 personnels, 9000 étudiants : une affaire à près d’ 1 milliard d’euros et une ouverture annoncée en 2025 !
En 2016, William Delannoy autant préoccupé de l’équilibre financier de la ZAC (alors communale)[4] que de construire un front bâti de gros immeubles de logements néo hausmaniens[5] n’a eu de cesse que de repousser cet équipement dans la zone d’activités « Valad » du 50 rue Ardoin. En jouant le blocage, il a obtenu un accord à contre cœur de l’AP-HP[6] et des pouvoirs publics. Un recul dont il se glorifie jusqu’à ce jour.
La première conséquence de ce décalage de plusieurs centaines de mètres est donc de priver cet établissement d’une façade sur un axe majeur qu’est le boulevard Victor Hugo mais aussi d’éloigner d’autant les futurs patients, visiteurs, salariés et étudiants de l’accès le plus court au pôle de transports en commun (ligne 14/RER C/bus 173-174-274-341)[7].
Seconde incidence et non des moindres : faute de conserver une taille minimum exploitable, le propriétaire du Parc d’activités[8] des Docks mettrait en demeure d’acquérir l’ensemble de son foncier[9] comme c’est son droit. Du coup une addition plus salée. A ceci s’ajouterait des aménagements et des travaux spécifiques puisqu’en se rapprochant de la Seine le projet finalement retenu est plus sensible aux risques d’inondations[10] et donc plus couteux à mettre en œuvre.
Au final, il se murmure qu’à ce jour le projet aurait déjà pris beaucoup d’embonpoint financier. En ces temps de disette, des sommes à faire tourner la tête des acteurs du « nouveau monde » désormais aux manettes. Sans compter que certains commencent à distiller que cet hôpital serait trop daté dans sa conception[11]. Autant dire que rien ne semble complètement figé dans le marbre[12].
En résumé : pour l’instant une petite fièvre mais à surveiller, dans l’attente des résultats des examens complémentaires qui ne sauraient tarder.
Eric PEREIRA-SILVA
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[1] Un nouveau Maire qui ne manque pas une occasion de récupérer l’héritage du (ou des) mandats précédents de la signature pour la rénovation urbaine des quartiers du Vieux St-Ouen et Emile Cordon, a la programmation des bureaux dans la ZAC des Docks ou s’installera le Conseil Régional…
[2] AP-HP : Assistance Publique – Hôpitaux de Paris dirigé par Martin Hirsch.
[3] Hôpital avec un Centre Hospitalier Universitaire (CHU). http://www.leparisien.fr/saint-ouen-93400/saint-ouen-francois-hollande-donne-le-feu-vert-du-futur-grand-hopital-26-04-2017-6892860.php , http://www.leparisien.fr/saint-ouen-93400/grand-hopital-a-saint-ouen-tous-d-accord-19-12-2016-6475068.php
[4] Pour éviter le transfert à Plaine Commune et contre toute attente la ZAC des Docks a été transférée par le Maire (et sa Majorité) à la Métropole au 1er janvier 2018. Perte de la maîtrise d’ouvrage mais lourde d’une participation communale annuelle conservée. Comprenne qui peut !
[5] Un front bâti déjà en cours rompant avec l’existant (neuf ou ancien) avec si possible au crayon les architectes de Levallois (DGM), à la promotion les amis de BNP Paris Bas Immobilier et éventuellement à la truelle le groupe Eiffage.
[6] Les représentants de l’AP-HP l’indiquait poliment lors de la réunion du « débat public » à l’école Victor Hugo le 4 février 2017 (à laquelle nous participions) : ce n’était pas pour eux l’emplacement qu’ils préféraient à la base.
[7] Dans ce contexte le très coûteux franchissement des voies ferrées est une priorité absolue.
[8] le groupe australien Cromwell qui a racheté la société Valad ( https://www.cromwellpropertygroup.fr/properties/valad-parc-des-docks ).
[9] Le coût du foncier c’est le prix du terrain auquel s’ajoute le coût des évictions commerciales des sociétés.
[10] Cf. carte du Plan de Prévention des risques d’inondation (PPRI) par débordement direct de la Seine http://www.seine-saint-denis.gouv.fr/Media/Images/Cartographie-PPRI/Cartographie-des-aleas-Saint-Ouen-1-5-000
[11] Selon les mauvaises langues, le projet actuel serait issu du modèle « Pompidou » lui même héritier de « Robert Debré ». (et notre Maire qui veut le baptiser « Jacques Chirac » !)
[12] Pour mémoire : en cas d’évolutions du projet, le Maire ayant abandonné ses prérogatives sur la ZAC des Docks, c’est la Métropole (Maitre d’ouvrage de la ZAC) qui aura le fin mot avec Plaine Commune qui désormais à « la main » sur le Plan Local d’urbanisme (PLU). Le Dr Delannoy pourrait donc être devenu le patient. Qu’on écoutera bien sûr… un peu.
En attendant, comme le réclame l’association Mon Voisin des Docks, avec les constructions en cours et à venir, qu’il nous donne des nouvelles du futur collège au bout de la rue de la Clef des champs sur la zone d’activités (et à deux pas de l’incinérateur jadis tant décrié).
“Un nouveau Maire qui ne manque pas une occasion de récupérer l’héritage du (ou des) mandats précédents”
Il est beau l’héritage. Celles et ceux qui l’ont précédés et lui feraient bien de faire profil bas.
Quant au projet du méga ensemble hospitalo-universitaire, il est comme tous les grands projets en France, beau et pas trop cher……………..sur le papier mais la mise en oeuvre c’est autre chose. Le prolongement de la ligne 14 a 3 ans de retard (sauf erreur) et on n’attend la facture finale.
Quant à Paris 2024 :
http://www.lemonde.fr/sport-et-societe/article/2018/01/19/jeux-olympiques-les-transports-premiere-fissure-dans-le-projet-de-paris-2024_5243829_1616888.html?xtmc=grand_paris_express&xtcr=9
Sans oublier l’organisation de la coupe du monde de rugby en 2023.
Bref la note finale sera sévèrement salé.
Heureusement que la France a renoncé à l’organisation de l’Expo Universelle en 2025.
Surtout que la zone d’activités « Valad » du 50 rue Ardoin fonctionne, il y a des emplois des activités, des constructions en bonne était ! Merci d’avoir mis le lien : https://www.cromwellpropertygroup.fr/properties/valad-parc-des-docks
On devrait d’abord étudier la possibilité de remise à jour de Bichat-Claude Bernard et de Beaujon.
Ce lundi 29 janvier 2018 la Seine débordera peut être sur Saint-Ouen.
Ni Plaine Commune ni la ville de Saint-Ouen n’ont distribué de sacs de sable aux habitants de Saint-Ouen proches du fleuve.
Alors que toutes les communes d’Ile-de-France touchées par les inondations ont procédé à ces distributions.
Quelle bonne blague que ce plan de prévention des risques d’inondation ! Si le département de Seine-Saint-Denis avait réfléchi un peu aux risques d’inondation, il aurait investi quelques millions d’euros dans le rehaussement des digues !
A Paris les digues sont suffisamment hautes pour contenir une crue centennale. En Seine-Saint-Denis les digues sont trop basses.
Sans doute le Conseil Général de Seine-Saint-Denis préfère-t-il brûler l’argent public dans le paiement de voyages lointains et dans les subventions aux associations chargées de collecter des suffrages lors de chaque élection locale.
Je suis allé voir le niveau de la Seine et il n’y a pas de danger d’inondations sur Saint Ouen sauf si il se met à pleuvoir énormément d’ici lundi 29 janvier. Et sauf erreur c’est vers les 9 mètres qu’il y aurait effectivement danger.
Maintenant concernant les inondations d’une manière plus générale il serait grand temps de revoir les plans d’urbanisme, la manière de labourer les terres, etc…….
Mon Voisin des Docks a récemment adressé un courrier au Maire de Saint Ouen pour savoir où en est le dossier du collège des docks et quand il serait ouvert.
Avec l’arrivée de nouveaux voisins d’ici un à deux ans il est indispensable que cet équipement prévu depuis le départ puisse être livré rapidement afin de faciliter la vie des enfants du quartier.
Nous avons également profité de ce courrier pour interroger la mairie sur l’ensemble des équipements scolaires et de petite enfance du quartier.
Nous vous tiendront informés des réponses qui seront apportées en espérant que cette prise de position permettra au Maire d’avancer positivement vis à vis de ses nombreux interlocuteurs.
Petit ou grand, l’hôpital est en souffrance depuis une décennie voire plus.
Hôpital entreprise contre hôpital public, par Pr. André Grimaldi.
D&S, février 2007.
La réforme dite « Hôpital 2007 » se met en place en douceur, sans réelle opposition ni débat national, alors même qu’elle est entrain de préparer la privatisation du service public hospitalier.
De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une réforme du financement de l’hôpital. Auparavant, les hôpitaux étaient dotés de budgets globaux déclinés ensuite en budgets de service. Chaque année, ce budget pouvait être révisé en fonction des résultats obtenus l’année précédente et des prévisions de l’année en cours. En l’absence d’évaluation et de volonté politique, ces budgets avaient tendance à figer les situations acquises et ne permettaient pas une adaptation aux variations d’activité. C’est du moins cet argument qui a prévalu pour remplacer le financement global par un financement dit à l’activité dit T2A, en affectant chaque patient et chaque activité d’un code de financement.
Désormais tel malade est plus rentable que tel autre, telle activité devient plus rentable que telle autre. Ainsi, le malade bénéficiant d’un geste technique ou d’une chirurgie impliquant une courte hospitalisation est hautement rentable. Le malade complexe ayant une maladie chronique avec des problèmes sociaux et psychologiques, et nécessitant une hospitalisation prolongée, n’est pas rentable. En diabétologie, de manière provocante et factuellement exacte, on peut dire que dialyser ou amputer un diabétique est plus rentable que de prévenir la dialyse ou l’amputation. Les unités d’éducation thérapeutique, qui assurent cette prévention et sont par nature plus consommateurs de personnels que de techniques, voient leur développement entravé. Leur maintien même est menacé.
Ainsi, les médecins sont placés au centre d’un conflit éthique : d’un côté ils doivent assurer à chaque patient le soin optimal, de l’autre ils reçoivent pour mission la rentabilité, condition du maintien de leur activité. Chaque spécialité, chaque hôpital, chaque service s’est mis à réfléchir fébrilement aux changements et aux astuces nécessaires pour devenir « rentables ». Les hôpitaux ont embauché des praticiens hospitaliers à plein temps devenant des experts du codage. Les services ont regroupé des consultations pour les transformer en hôpitaux de jour. Ici ou là , on surfacture ou on réalise des activités peu voire pas utiles mais rentables. En effet tout se passe comme si, pour assurer la survie de son hôpital ou de son service, il fallait accroître la facturation de la Sécurité Sociale. Du coup, celle-ci s’est mise à développer des contrôles. La marchandisation de la santé est en route avec son triptyque : productivisme, concurrence, contrôle
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https://www.legrandsoir.info/Hopital-entreprise-contre-hopital-public-par-Pr-Andre-Grimaldi.html
11 ans plus tard, Grimaldi par ci, Grimaldi par là
André Grimaldi : “On a transformé l’hôpital en clinique commerciale”
https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-26-janvier-2018
A l’appel des professeurs André Grimaldi, Jean-Paul Vernant et de la docteure Anne Gervais, ils sont mille à alerter sur la crise de l’hôpital.
http://www.liberation.fr/france/2018/01/15/nous-medecins-hospitaliers-et-cadres-de-sante_1622636