Mariage forcé refusé !

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L’absorption de l’Office public hlm par la Sémiso de statut privé n’aura donc pas lieu. L’opération de fusion à hauts risques, qui a suscité une mobilisation significative des syndicats, locataires[1], élus de l’opposition et de beaucoup à Gauche, n’a pas obtenu l’aval obligatoire du Ministère du logement[2]. C’est un lourd revers pour William Delannoy et son équipe.

Direction commune, regroupement des personnels, déménagement, fusion des fichiers… le regroupement à marche forcée déjà sérieusement engagé, n’était donc pas légal. Le Maire, visiblement cornaqué par ses amis de Levallois, a une fois encore refusé d’écouter les conseils de prudence de l’Opposition ou ceux d’élus de sa propre Majorité[3].

Dans son style inimitable, il va désormais accuser la terre entière en criant au complot. Outre un recours juridique très aléatoire[4], il va tenter nous dit-on de reformater (pour tout ou partie) le « groupement de fait » en cause sous forme de groupement d’intérêt économique (GIE). Autant dire beaucoup de temps et d’argent encore pour sortir de l’imbroglio technico – juridique dans lequel il s’est fourré inutilement.

Rappelons en effet, qu’aveuglé par sa volonté de changer la population au plus vite, il a entrepris de se soustraire au cadre de la Métropole Grand Paris[5] qui vise à plus de cohérence (financement, construction, attribution) à une grande échelle pour réduire les inégalités territoriales.

En pratique, à partir du 1er janvier 2017, notre Office hlm sera sous l’autorité du établissement public territorial (EPT) de la Métropole auquel nous appartenons : Plaine Commune[6]. Si on a bien compris notre office Hlm sera alors toujours présidé par le Maire de Saint-Ouen et les élus de la Majorité municipale seront toujours bien présents au sein du Conseil d’administration ! On peut donc se poser la question des objectifs réels de la manœuvre qui a abouti à ce fiasco.

Orientations dangereuses pour le logement social, amateurisme, brutalité et opacité sont de fait sanctionnés. C’est une excellente nouvelle pour les habitants les plus modestes mais aussi pour la ville dont l’avenir ne se peut se construire sur des mécanismes d’exclusion des plus modestes

Du fait de son ancrage historique dans les cités populaires de notre ville, la mouvance du Front de Gauche a, sans conteste, initié et animé cette bataille. Pour autant, ce dossier très préoccupant a immédiatement mobilisé de nombreux autres militants et anciens élus de gauche de sensibilités assez différentes.[7] La Majorité municipale ne devra donc pas éternellement considérer les anciennes divisions de la Gauche municipale comme son assurance-vie.

Accessoirement , ce coup d’arrêt est une belle victoire pour ceux qui à gauche agissent concrètement sans attendre une hypothétique reconquête municipale derrière un homme ou une femme providentiels[8]. 

Au-delà des rebondissements dans cette affaire de fusion avortée, la prochaine étape sera à n’en pas douter les réhabilitations et restructurations des cités du Vieux Saint-Ouen et du secteur Cordon-Monet dans le cadre du protocole signé avec l’Etat (ANRU2).

Un dossier concernant des milliers de locataires de l’OPH Saint-Ouen Habitat, des travaux sur plusieurs années (avec démolitions relogements), une concertation régulière avec les habitants, des partenariats croisés, des négociations avec les services de l’Etat…

Autant dire pas, pas vraiment la spécialité de l’actuelle équipe municipale et la nécessité de veiller au grain en restant mobilisé.

Eric PEREIRA-SILVA

[1] respectivement pour les syndicats la CGT (surtout) et la Cfdt, et pour les locataires la Confédération national du Logement (CNL).

[2] on se rappellera d’ailleurs (voir nos précédents articles) que le Préfet vraiment pas convaincu avait par prudence transmis au Ministère la responsabilité d’examiner le dossier et prendre la décision finale compte tenu des enjeux.

[3] au final, aucun élu ne pourra se contenter de se cacher derrière le Maire pour justifier son mutisme et ses votes au Conseil municipal.

[4] a priori le Tribunal administratif jugeant sur la forme ne pourra que constater que la procédure de consultation du Ministre a bien été respectée.

[5] structure dans laquelle il a pourtant brigué et obtenu un poste dans l’exécutif on se demande donc pour quoi faire.

[6] nom, périmètre et majorité identique à l’ancienne Communauté d’agglomération pour ce Territoire mais avec des prérogatives reconfigurées en fonction des nouvelles compétences dévolues à l’échelon central de la Métropole.

[7] on se rappelle avoir croisé régulièrement Rémi Fargeas, Jean-Claude Le Ny ou Eric Pereira-Silva et plus ou moins furtivement Karim Bouamrane.

[8] la victoire n’étant jamais orpheline Karim Bouamrane et Jacqueline Rouillon se sont fendus immédiatement de communiqués victorieux (au nom bien sûr de l’action collective !).

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6 réflexions sur « Mariage forcé refusé ! »

  1. Victoire à la Pyrrhus, pour la dream team audonienne de l’opposition. Outre la démagogie entourant la privatisation de l’OPH SO de la part de l’opposition, l’enjeu était de garder la main sur l’attribution des logements pour les audoniens. L’ex majorité ne s’étant pas privé d’user de ses prérogatives dans ce domaine.
    On ne peut que regretter de la part de William Delanoy le passage en force sans consultation publique.

  2. C’était joué d’avance.
    Le prédécesseur de Madame Cosse au logement avait attribué la légion d’honneur à l’ancienne municipalité pour sa déplorable gestion du logement, dans laquelle il était possible d’avoir un logement en faisant “ami ami” avec les bonnes personnes de la municipalité, sans parler des préemptions abusives, de la construction des docks etc… .
    Bref, mauvais perdants jusqu’au bout….
    Mais bon, vous décrivez comme trop méchante la municipalité actuelle d’avoir voulu fusionner la SEMISO (semi privée) et l’OPH alors que l’objectif était tout de même de garder la main dessus en la rendant plus rentable du point de vue des finances de notre ville.
    Si tant est qu’elle serait possible, une autre méthode pour remonter les finances serait donc de privatiser totalement la semiso en revendant les parts actuelles de la ville afin de générer immédiatement de la liquidité et rembourser les dettes. Bien sur, cette solution court-termiste serait décriée car pour le coup, l’envolée des loyers de cette entité se ferait à coup sur par simple objectif de rentabilité….Mais le maire n’en serait plus directement responsable dans ce cas là 🙂

    • @ Valadon

      Ah, tout est simple pour vous : une fusion finement préparée dans l’intérêt général et patatras ces affreux politiciens qui ruinent cette belle entreprise.
      Si vous croyez, surtout ne vous pincez pas.

      • Tout ce que je veux dire, c’est que la majorité de notre ville actuelle a certes, fait une possible erreur en croyant pouvoir fusionner aussi facilement deux entités aussi sensibles et caricaturalement représentatives de notre ville, en passant par des instances officielles (tenues par des personnes qui lui sont opposées) quand la précédente municipalité ne se privait pas d’utiliser le trésor ou d’emprunter pour enrichir ces entités sans demander l’avis de quiconque … et donc en enrichissant potentiellement leurs actionnaires, privés, (rappel sur l’objectif de notre ancienne majorité : 60% du logement doit être social… ). Je ne pense pas que Madame Duflot se soit posé cette question à l’époque lorsqu’elle a remis la légion d’honneur à notre maire de l’époque pour sa gestion de l’habitat … Comme vous dites, tout était plus simple semble t’il, entre copines …
        Là ou je vous critique, c’est que notre maire aurait pu simplement vendre la part municipale de la semiso afin de totalement privatiser celle-ci (en global ou en morceaux), Ca aurait été plus vite et je ne pense pas qu’il ait besoin de l’aval de ministère ou autre instance adverse pour le faire…Dans une ville comme saint-ouen (proche de Paris, etc … ), les investisseurs moins scrupuleux que lui devraient exister pour reprendre cette part… et la faire fructifier comme il se doit… au mépris des plus modestes d’entre nous.
        Je trouvais intéressant, le compromis qu’il avait trouvé, la suite pourrait donc être plus violente. Cette petite victoire de l’opposition pourrait donc avoir un gout un peu amer au final.

  3. Sans rentrer dans un débat sans fin, je me permets juste de préciser à votre chroniqueur qu’il existe en France une séparation des pouvoirs. Le ministère du logement ne s’est pas prononcé sur la légalité du projet. Seul un tribunal y est habilité.
    Il est donc incorrect d’annoncer que ce regroupement n’est pas légal. Il est surtout contraire aux intérêts de la gauche locale. C’est une décision politique.
    Je trouve cela bien dommage même si “c’est le jeu”.
    Je note au passage un nouvel usage de la méthode Coué à 4 ans des prochaines échéances municipales: dans notre ville la gauche est unie.

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