Logement social de l’espoir partagé

…à taux variable de 70% à 25%

Après la réunion publique organisée par la Section communiste de à St-Ouen le 30 avril dernier sur l’inquiétante réforme du logement social[1] du ministre du logement Guillaume Kasbarian[2] (entre expulsions, surloyers et clientélisme), Philippe Mayer, avec sa verve habituelle et sa connaissance du « dossier », revient sur ce sujet et les tours de passe-passe au niveau local à St-Ouen.

« La Ville du progrès partagé » c’est le slogan de notre Maire. Ce qu’il y a de bien c’est que ça se décline à l’infini puisqu’il parle lui-même d’espoir partagé, d’espérance partagée, d’excellence partagée. Bref à Saint Ouen on partage. Du moins dans les discours. Et jusqu’à la nausée.

Le problème c’est que derrière ce gloubi boulga très start up nation, se cache le plus souvent du vide. Même un vide intersidéral. Et les discours de notre Maire n’échappent pas à cette vacuité.

L’exemple le plus frappant est la question du logement. Sur ce point on vous dira que la Ville s’est dotée d’une charte « Saint-Ouen 2030 qualité logement et ville durable ». Mais le diable est dans les détails. A ce titre la charte prévoit une part de 25% de logements sociaux dès lors que le nombre d’appartements est supérieur à 50 (au sein d’un même programme).

Autant vous dire que les promoteurs’ tremblent à l’idée terrifiante de ne commencer à prévoir du logement social qu’au-delà de 50 logements soit une surface supérieure à 3 000 mètres carré (qui ne sont pas légion dans notre ville d’autant qu’une copropriété ne doit pas comprendre plus de 60 logements selon cette même charte…).

Par ailleurs entériner un taux de 25% (toujours pour les programmes de plus de 50 logements) c’est acter une diminution de la part du logement social dans notre ville.

Saint Ouen pouvait s’enorgueillir d’accueillir 40% de logements sociaux afin que la mixité soit effective dans les faits et ne relève pas d’un discours incantatoire.

Rappelons ici que 70%, oui 70% de la population française, est éligible au logement social… Ce qui signifie que dans un monde parfait il faudrait disposer en France de 70% de logements permettant de loger tous ceux qui y ont droit.

40% c’était un taux important mais, somme toute, pas exceptionnel. Et bien notre Maire, de gauche, notre majorité municipale, de gauche, ont décidé qu’en fait la mixité ça valait bien cinq minutes mais qu’on était mieux entre cadres sup’ et que c’était plus sympa pour aller prendre une binouze à la Communale. En règle générale on aime bien les classes populaires mais surtout pour faire le ménage et balayer nos rues.

Donc cette majorité a décidé de chausser les pantoufles de Delannoy en faisant diminuer consciencieusement la part des logements sociaux à Saint Ouen. On en pense ce que l’on veut mais c’est tout bonnement une politique de droite.

Un autre exemple l’ANRU. On va donc détruire des logements sociaux dans une ville qui en manque tant. Logements idéalement placés dans un centre-ville proche d’une place de la République bientôt rénové dans le cadre d’une politique d’espérance partagée (blablablablablabla). Et bien, ciao les pauvres, on va vous relocaliser dans le village olympique où on vous a réservé 25% de logements rien que pour vous. Le tout bien plus loin du centre-ville, bien plus loin de Paris, bien plus loin de vos vies. Mais circulez y’a rien à voir. Ce village olympique est une aberration urbanistique, personne ne souhaite y vivre, personne n’y acquiert d’appartement, autant y mettre ceux qui n’ont pas voix au chapitre, à savoir les locataires du parc social.

Un autre exemple AirBnB et le silence abyssal de cette majorité sur le fait de simplement initier une politique de régulation de ce phénomène dévastateur sur notre Ville. Paris a mis en place des mécanismes de régulation, du coup les villes de petite couronne et Saint Ouen en particulier, car très bien desservie, devient le Far West pour tous les investisseurs peu scrupuleux qui souhaitent faire du pognon sur le dos des gens qui cherchent à se loger dignement aux portes de la capitale.

Plus de logements AirBnB c’est moins de logements pour tous. C’est donc un mécanisme de hausse des prix à l’achat mais aussi à la location. Et donc d’éviction des ménages les plus fragiles et plus précaires mais aussi des classes moyennes. Il est plus que tant d’appliquer la surtaxe sur les résidences secondaires, plus que temps de mettre en place le numéro unique pour surveiller que les logements AirBnB ne soient pas mis en location plus de 120 jours par an. Il est plus que temps de mettre en place des mécanismes de compensation dans le PLUI qui éviteront aux propriétaires de transformer des logements en meublés touristiques.

Faîtes en l’expérience. Allez sur le site AirBnB est faites une recherche sur Saint Ouen au mois de septembre 2024. Vous trouverez près de 900 (oui 900 annonces de location). Vous verrez qu’entre de très rares logements occupés il s’agit le plus souvent de logements qui ne servent que de meublés touristiques toute l’année, tous meublés de la même manière (en gros chez Ikea sans un bouquin qui traine, sans effet personnel). Vous verrez le nombre de logements situés dans les Docks et qui ne servent qu’à loger des touristes pour le plus grand profit d’investisseurs qui n’ont que le mot argent à la bouche.

Être de gauche ce serait prendre ce problème du logement à bras le corps plutôt que de s’inventer chaque jour des effets d’annonces dénués d’impact sur la vie des habitant·es.

PM

[1] Par logement social entendre en réalité « logement public » par opposition au « logement privé ».

[2] Avec la participation du Président de la CNL 93 Nicolas Lemoine, Emilie. Lecrocq  (PCF) conseillère départementale et conseillère municipale d’ « opposition » à St-Ouen et des sénateurs Ioan Brossat (PCF) et… Adel Ziane (PS).

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