Tour de passe-passe aux Boute !

Erreur d’appréciation confirmée (avec des fleurs)

... AU COEUR DES PUCES DE SAINT-OUEN !?

Pour mémoire, en se glissant dans les pas du maire (UDI), William Delannoy (2014-2020), Karim Bouamrane (PS), nouveau maire élu en 2020 avait, au milieu du gué, poursuivit avec son équipe le difficile relogement des habitants des deux tours vieillissantes des Boute-en-train, rongées par le trafic de drogue. A l’évidence, sans se poser beaucoup de questions sur l’évolution du quartier des Puces et l’alternative possible d’une réhabilitation des deux tours. Le tout sans projet réel, ni perspectives sérieuses.

Avec sa modestie habituelle, Il annonçait triomphalement il y a peu encore,  avoir relogé des dizaines de familles correctement et à… Saint-Ouen (à croire sur parole). Une affaire donc rondement menée par un maire dynamique et imaginatif [1] avec, en attendant des jours meilleurs, l’idée lumineuse d’une ferme urbaine « transitoire » sur ce site… au pied du périphérique ! Un des endroits les plus pollués de la ville.

En dehors de cet attrape-nigauds surréaliste, nous avions révélé, ici sur ce blog, il y a déjà 5 mois (le 2/11/2022)[2] que l’opération de démolition prévue était « plantée » financièrement au regard des coûts astronomiques du désamiantage des deux tours et largement sous-estimés[3]. Sans démenti jusqu’ici. Depuis, en effet c’était silence radio de la SEMISO (en charge du dossier) comme de la majorité municipale !

Dans ce contexte, la ville invitait les audoniens à une « réunion publique » sur « Les Boute-en-train » le 12 avril dernier. Un rendez-vous finalement pathétique et famélique sur l’opération « Boute en train » avec à peine une trentaine de citoyens se disputant l’entrée de l’ancienne salle du Conseil municipal.

Explications alambiquées de nos ténors de la majorité municipale Karim Bouamrane (Maire) et Adel Ziane (2ème Adjoint). Si on comprend bien l’erreur est humaine on s’est trompé dans les grandes largeurs, la démolition-c’est-trop-cher : 31 M€ ! Le tout illustré par une simple addition (niveau CM2) de 3 montants (non vérifiables et dont la source n’est pas indiquée).

Conclusion, et coup de théâtre, finalement on va… réhabiliter les Boute-en-train et créer un parc au pied des tours. On opte pour la réhabilitation mais à ce jour…sans programme défini ni chiffrage financier sérieux[4]. Et pour cause : tout est possible. Comprendre : c’est pas pour demain !

Logements sociaux, accession sociale à la propriété, « résidence étudiante et seniors », « cellules commerciales », « projet hôtelier », « pôle logistique » c’est… open-bar et la foire aux idées ! Sans compter « un vaste parc » « poumon vert » du quartier[5] et sans oublier « un espace de 3 à 4 000 m2 dédié à la fleur locale, cultivée sans pesticide » (évoqué par notre 1ère adjointe « en titre », l’écologiste Sabrina Decanton)[6]. Un inventaire à la Prévert ! Même sans cannabis, de quoi donner le tournis des paradis artificiels.

Le maire avec son enthousiasme habituel a même laisser échapper de sa bouche qu’au final pour le projet : « les tours c’est une chance ! » (sic). Dire que l’on est déçu ce serait avouer n’avoir aucun sens de l’humour !

Enfin, dans cette « présentation » des oublis de taille : rien sur le contexte urbain très particulier avec des milliers de visiteurs et touristes chaque week-end. Rien sur les centaines de commerces bordant le site : rue Paul Bert, rue Jules Vallès et dans les marchés Paul Bert, Serpette, Dauphine, Malassis et Malik à proximité immédiate du site. Et encore, moins que rien sur l’impact d’un tel chantier dans la vie du quartier !

Pas un mot non plus sur les évolutions inévitables de la rue Jean-Henri Fabre, de la rue du Lt.Col. Dax, de la Porte de Clignancourt, du périphérique. Les sujets : congestion automobile, sécurité, nettoyage des rues, pollution ne sont même pas évoqués !

Plutôt que de parler de « créer » un vaste parc, il faudrait surtout parler dun réaménagement de qualité des vastes espaces verts existants au pied des tours en mettant en valeur les nombreux arbres actuels. Sans oublier que supprimer les parkings « de surfaces” existants  pour « débitumiser » les sols,  implique de trouver une solution de stationnement pour des véhicules de futurs habitants. Pas impossible… mais pas facile !

A noter que la représentante de la Confédération Nationale du Logement (CNL), a rappelé à juste titre que tous les habitants du parc de logements SEMISO contribueraient, hélas à double titre à cette lourde et longue opération, comme locataire et comme contribuable. Elle a aussi précisé que la CNL était favorable a du logement diversifié sur ce site, et 3ème point, la possibilité, compte tenu de ce changement radical annoncé par le maire, que d’anciens habitants puissent, s’ils le souhaitent, réintégrer un logement dans l’opération ! Une sorte de droit au retour ! Léger embarras à la tribune !

Pour ce qui est de la majorité municipale élue en 2020, en résumé sur ce dossier majeur :

une volte-face bien tardive, très maladroite et bien peu crédible.

A suivre…

Eric PEREIRA-SILVA

[1] On n’oubliera pas non plus que d’entrée de jeu Karim Bouamrane, prenant l’Agence nationale à la Rénovation Urbaine pour la poule aux œufs d’or, avait annoncé qu’il faisait son affaire du financement de cette opération par ladite ANRU.

[2] Article du 2 novembre 2022 « Boute-en-train version rabat-joie » dans lequel nous écrivions concernant l’opération de démolition imminente annoncée à cor et à cris : des « diagnostics techniques très insuffisants sur l’ampleur du désamiantage nécessaire. Dès lors, “le coût de l’opération serait passé de très élevé à… astronomique”. “Au point de remettre en cause l’opération elle-même ».

http://www.soignetagauche.fr/2022/11/boute-en-train-version-rabat-joie/

suivi le 12 décembre 2022 par Boute en train à l’arrêt ?

http://www.soignetagauche.fr/2022/12/boute-en-train-a-larret/

[3] Un coût de désamiantage de 8 millions annoncés aujourd’hui (sans référence à une étude précise et datée).

[4] Au passage notre élu à l’aménagement, a évoqué l’opération « Bois-le Prêtre » (Porte Pouchet à Paris 17ème, Porte Pouchet), mêmes tours, mêmes dates de construction et même architecte avec une réhabilitation exemplaire (en gardant les habitants) qui aurait selon lui « coûtée cher » et nécessitée de « construire autour » pour financer la réhabilitation. Lui, effectivement propose principalement des dépenses (dont un « vaste » parc) sans préciser les recettes en face.

[5] En attendant un dessin d’enfant avec un vague croissant vert sur un plan

[6] A visionner le beau diaporama (power-point) confectionné à la hâte pour l’occasion sur le site de la ville et le bel article de l’ami journaliste Anthony Lieures en Une du « Grand Parisien » du 26 avril 2023.

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3 réflexions sur « Tour de passe-passe aux Boute ! »

  1. Consternant et affligeant. Quand il ne s’agit plus de vendre les bijoux de famille ou de changer les noms des écoles commencées sous WD, le roitelet est nu.
    Je comprends mieux la photo dans la dernière com de la semiso dans le lequel le maire et le directeur sont tout sourire et à deux doigts de s’embrasser. Je te tiens, tu me tiens… Tout cela avec l’argent des contribuables.
    J’attends la réaction des élus d’opposition pour proposer un contre projet réaliste et utile construit avec les habitants et professionnels.

  2. Les masques tombent…Le Point du 27 avril dernier, révèle que BOUAMRANE s’est rendu à un dîner politique à Matignon à l’invitation de la première ministre qui veut élargir son influence à droite et à gauche durant ces “Cent jours” ! Ce BOUAMRANE se voit déjà ministre après les J.O… Quand on sait qu’il était encore au PCF vers 1995…nous pouvons apprécier ses revirements de renégat ! Il ne faut plus lui faire de cadeaux OUVRONS LES YEUX ET NOS BOUCHES !
    PS. le PCF local, ou du moins ce qu’il en reste…est bien silencieux à son égard !

  3. “parc de logements SEMISO”

    À Saint-Ouen l’offre massive de logements sociaux se fait au détriment des classes moyennes, trop riches pour y habiter.

    Cette offre massive de logements sociaux raréfie l’offre privée.

    La socialisation du parc immobilier de Saint-Ouen, réalisée par les municipalités communistes et socialiste, a entraîné une éviction immobilière des classes moyennes.

    Stop au financement de logements sociaux à Saint-Ouen.

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