Grand Hôpital : mauvais projet au mauvais endroit

C’est donc ce lundi 13 septembre, après bien des péripéties, une concertation bâclée et des élus locaux pas très exigeants (malgré les enseignements de la crise sanitaire) que s’ouvrira « l’enquête publique » règlementaire pour l’hôpital géant à Garibaldi. Une étape pour l’AP-HP visant à imposer cette usine hospitalière dans notre cœur de ville.

De manière très significative la maquette du projet retenu pour Saint-Ouen a été exposée pendant les vacances cet été à Paris (dans le hall de Bichat) mais pas dans sa ville d’implantation future ! Manque de place ?

Comme l’indique par ailleurs Denis Vemclefs, Conseiller municipal du groupe « A Gauche ! » :« Ce qui n’est pas exposé en revanche c’est la réalité sur la suppression de 300 lits, la suppression de près de 1000 postes au total, la suppression de la rhumatologie qui sera transférée vers Lariboisière, la suppression de la dermatologie qui sera transférée vers Saint-Louis (alors qu’on sait que ces services sont déjà saturés dans les deux hôpitaux…), la disparition des deux maternités de Bichat (2 000 naissances/an) et Beaujon (1 500 naissances/an). Le projet médical date de 2016 et est totalement obsolète d’autant que la crise sanitaire vient accentuer cette inadéquation entre le projet et les besoins de nos territoires ».

En l’état, des coupes claires au nom des économies d’échelle et de l’ambulatoire miraculeux pour un projet contesté par ailleurs depuis de nombreux mois par les collectifs de soignants de Bichat et Beaujon.  Ceux-ci viennent ainsi de saisir, il y a quelques jours encore Anne Hidalgo Présidente du Conseil de surveillance de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), Maire de Paris et… candidate à la Présidence de la République.

Après William Delannoy (maire de 2014 à 2020) qui était « contre mais pour », son successeur Karim Bouamrane, qui hérite du dossier, est quant à lui « pour » avec un enthousiasme, certes confus[1], mais tout à fait débordant…surtout pour associer son nom et son image à cet équipement majeur[2]. Comme il le fait sur différents autres sujets déjà très engagés avant son élection de la Rénovation urbaine au Village Olympique[3].

Mieux, il nous promet sans rire, si on comprend bien, que l’hôpital constituera un « îlot de fraicheur » et des emplois qualifiés pour toute la jeunesse de notre ville. A sa décharge, sa majorité demeure fort docile notamment sa composante dite « écologiste » qui, parmi d’autres était vent debout contre ce projet depuis sa genèse. Le faux « grand parc » sur les toits du futur hôpital et le gros bosquet rue Farcot auront définitivement fait fondre les appréhensions de nos verts bâtisseurs.

Pour ce qui concerne l’étape actuelle de ce projet hors normes, nous sommes donc à un moment clef de la procédure. L’enquête publique, au titre du code de l’environnement et sous l’autorité d’une commission d’enquête (composée de 3 commissaires enquêteurs) aura lieu du 13 septembre au 15 octobre 2021 avec un registre d’enquête au Centre administratif pour consigner son avis dans un cadre regroupant :

L’enquête préalable à la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) pour le Campus hospitalo-universitaire Grand Paris-Nord (CHUGPN).

L’enquête pour la mise en compatibilité du Plan Local d’urbanisme (PLU) avec le PLU intercommunal (PLUI).

– L’enquête parcellaire portant sur les propriétaires concernés par une acquisition amiable ou par voie d’expropriation de leurs biens.

Pendant cette période et à Saint-Ouen spécifiquement, ceux qui voudront échanger avec les Commissaires enquêteurs [4]  pourront le faire au Centre administratif : le lundi 13/09 de 9 à12h, le mardi 21/09 de 14 à17h, le samedi 2/10 de 9 à12h et le vendredi 15/10 de 14 à17 h et… à la grande serre des Docks le mercredi 29/09 à 18 h (!).

Pour ceux qui ont de bons yeux de petits panneaux jaunes plastifiés ici et là dans la ville annoncent ladite enquête. Sans doute notre vue déclinante : on n’a pas encore trouvé jusqu’ici l’avis d’enquête sur le site de la ville.

 « Plus c’est gros plus ça passe » ? En tout cas, une fois encore, en termes d’information des citoyens c’est service minimum.

Nous invitons donc ici les habitants de notre ville à se mobiliser et donner leur avis sans se laisser impressionner par le rouleau compresseur de l’AP-HP et de l’Etat. D’autant que l’histoire n’est pas tout à fait complètement écrite.

En effet, au-delà de l’avis assez décisif qui sera rendu par la Commission d’enquête[5], d’autres étapes sont à venir pour un démarrage des travaux en 2024 et une ouverture en 2028. En tout premier lieu et ce n’est pas une mince affaire, en 2023 le dépôt du Permis de construire qui peut susciter des chicailleries voire des recours amiables et/ou contentieux.

A suivre…

Eric PEREIRA-SILVA

[1] Concernant la richesse de l’argumentaire du maire actuel sur l’implantation de l’hôpital on se reportera à ses déclarations souvent aussi vaseuses qu’emphatiques.

[2] On ne prête qu’aux riches : les mauvaises langues prêtent à K. Bouamrane l’intention d’un destin national en guignant le poste de député en 2022. Et même, un jour un maroquin ministériel pour marcher dans les pas de son ex mentor un certain Bruno Le Roux.

[3] Des sujets en gestation et enclenchés par les équipes précédentes comme la Rénovation urbaine ou l’installation du Village Olympique…

[4] Concernant le Président de la Commission d’enquête Marcel Linet on ne manquera de lire ses propos un tantinet désabusés à l’issue de l’enquête sur le Village Olympique dans le journal de St-Denis le 13 février 2019.

https://www.lejsd.com/content/l%E2%80%99enqu%C3%AAte-publique-boud%C3%A9e

On notera par ailleurs qu’il est très préoccupant qu’un des Commissaire enquêteur (Jean Culdaut) soit celui qui a émis le 21/06/2017 sans émotion, ni beaucoup de curiosité, un avis favorable sans aucune réserve et donnant le feu vert à l’opération « Village des Rosiers » (ex Wonder) au cœur des Puces avec ces 500 logements privés et autant de voitures, conçu par un seul cabinet d’architecte et une société foncière liés à l’équipe Blakany de Levallois. (cf. nos article sur le sujet).

https://www.saint-ouen.fr/fileadmin/user_upload/fichiers/SIP/Urbanisme_et_logement/Village-Rosiers/Rapport_et_conclusion_du_commissaire_enqueteur_suite_a_l_enquete_publique_Village_des_Rosiers.pdf

[5] Avis favorable (« feu vert »), avis défavorable (« feu rouge ») peu probable, la commission pourrait rendre un avis favorable avec quelques prescriptions recommandations (« feu orange ») sur la bas des remarques des citoyens.

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5 réflexions sur « Grand Hôpital : mauvais projet au mauvais endroit »

  1. Une grande
    HÉRÉSIE cet hôpital à cet emplacement,mais bien sur tellement de gens dont monsieur le maire on tellement à y gagner en argent ou en faire valoir
    que la vie des habitants et des autres n”a aucune importance et s’ils se font élire ce n’est que pour eux : nous ,l”écologie,notre bien être notre santé et notre ville ils s”en moquent royalement……
    Evidemment STOP A CE PROJET DÉBILE ET INUTILE

    • Tiens j’ai retrouvé l’intervention de Bouamrane au cours de la réunion publique début 2019.
      Profondeur, pertinence, clarté : quand l’excellence confine au génie. A conserver pour l’histoire et les générations futures :

      Intervention de Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, à la fin de la réunion publique virtuelle de présentation des 2 contre-projets du campus hospitalo-universitaire du Grand Paris Nord le 19 janvier 2021. 12 mn

      « La bonne nouvelle dans ces 2h30 d’échanges et de débat, c’est qu’il y a un point commun, c’est qu’on est tous, vraiment toutes et tous pour l’amélioration de l’offre de soin, là c’est une bonne nouvelle, voilà c’est le premier point commun ; le second point commun c’est comment cet hôpital doit s’intégrer au centre, on parle de Garibaldi mais la ville est polycentrique mais quasi au centre de la ville, comment cet équipement doit s’intégrer au mieux dans notre ville. C’étaient les deux gros points qui ressortaient.

      Concernant l’équipement, pour avoir échangé à plusieurs reprises avec les responsables de l’AP-HP, il y a plusieurs critères qui rentrent en ligne de compte, un critère organisationnel, fonctionnel, c’est technique, comment les équipes médicales s’organisent, un critère coût-surface, là c’est de l’ordre du financier, un critère je dirais d’ordre écologique, de performance et un critère urbanistique, ce qui a occupé une bonne partie des différentes discussions et des 2 projets qui ont été exposés ;

      Je rajouterai un autre critère dont j’ai fait part aux responsables de l’AP-HP, et à Mr Hagenmuller et Mr Hirsch, c’est un critère dit esthétique, étant entendu que l’esthétisme est un élément hyper subjectif mais lorsqu’on parle d’une ville qui s’embellit, une ville qui rayonne, une ville où on se sent en sécurité, une ville où la démocratisation de l’excellence fait florès, l’esthétique est important.

      Pour l’accès aux soins, c’est là où la réflexion et les éléments qui ont été partagés deviennent intéressants ; qu’est-ce qu’on entend par offre de soin ? L’offre de soin, soit on la prend uniquement à l’aune du nombre de lits donc on a une approche unifactorielle en disant, « regardez Bichat c’est 900 lits, Beaujon, c’est 400 lits, on supprime les 2, on a un nouvel hôpital ou CHU, c’est aux alentours de 900 lits donc il y a un déficit de 400 lits, donc on a une régression en termes d’offre de soin ».

      Donc vous imaginez bien, moi qui est toujours poussé, encouragé l’arrivée de ce CHU, là c’était la question qui a été évoquée….là je vois justement au moment où je m’exprime, (inaudibe) « faut pas rêver », non on ne rêve pas, une ville comme Saint-Ouen doit avoir droit au beau, après c’est une question qui doit être discutée, qui doit être débattue, mais sur l’aspect équipement à proprement parlé, il y a le fonctionnel, il y a l’urbanistique, il y a le coût, il y a la performance, mais oui il faut parlé d’esthétique et quand on parle d’esthétique on parle de végétalisation, on parle d’intégration dans l’histoire d’une ville et dans la continuité de ce qu’on cherche à cet emplacement . Je referme la parenthèse.

      Mais je reviens sur l’offre de soin unifactorielle et on parle de lits et on se dit qu’il a un déficit de 400 lits, auquel cas on se dit cet équipement est régressif en termes de prestation, de service public sur l’aspect sanitaire. Vous imaginez bien que dès que nous sommes arrivés aux responsabilités, lorsque nous avons rencontré Martin Hirsch et c’est une des premières questions qu’on lui a posé, est-ce qu’aujourd’hui l’offre de soin va s’améliorer ou pas ou va régresser sachant que nous sommes en pleine crise sanitaire de Covid, je vais pas revenir sur ce qui a déjà été dit. C’est là où cela devient intéressant, il y a le nombre de lits mais l’offre de soin ne s’évalue pas uniquement au travers de l’offre de lits, soit on persiste en croyant que c’est l’offre de lits est l’unique critère pour évaluer l’offre de soin auquel cas on n’arrivera jamais à être d’accord et on s’autoconvaincra tous, tous que cet équipement est une régression pour l’offre de soin et on verra, le temps montrera que ce n’a pas été une régression pourquoi ce n’est pas une régression ? parce que ce n’est pas le seul critère, parce que l’autre critère c’est l’ambulatoire, l’autre critère c’est le nombre de personnel dédié au nombre de patients, l’autre critère c’est comment un équipement comme le CHU ( qui petite parenthèse c’est 12 500 étudiants) ça veut dire que la dynamique démographique et socio-culturelle de la ville va être fortement modifiée, on parle pas d’une centrale nucléaire, on parle d’un équipement noble qui consiste et là je regarde le Docteur Djouad, à soigner la population, c’est ça dont on parle. Donc le nombre de lits, oui, il faut étudier le nombre de lits, les marges de manœuvre, il faut regarder d’une façon précise le nombre de personnels dédié au nombre de patients, il faut regarder les effets en termes d’ambulatoire, il faut regarder comment cet équipement va dynamiser l’offre de soin dans l’écosystème et vous l’avez évoqué dans vos 2 présentations, vous l’avez évoqué en filigrane, la désertification médicale qui caractérise notre département. Bon, si jamais on arrive à se mettre autour de la table et si jamais on arrive à se dire tiens, l’offre de soin dans un périmètre qui est le nôtre, le périmètre audonien va être considérablement être modifié dans le bon sens, l’offre de soin va s’améliorer grâce à une multitude de professionnels qui vont venir s’installer, en lien, (en lien, en lien) avec la politique et la stratégie de l’hôpital, la politique en terme d’ambulatoire va s’améliorer, le nombre de personnels dédiés aux patients, selon les projections en fonction des projections vont éventuellement pallier le déficit de nombre de lits. A la fin, il faut dire, chers amis, l’offre de soin va s’améliorer et là nous n’avons plus de problème.

      Reste le point urbanistique. Le point urbanistique, je reprends l’intervention de Mr Hagenmuller, il y a des discussions, il y a des échanges, il va y avoir des jurys, moi je suis très sensible à l’histoire du site PSA mais on y fait quoi et qui paie, qui paye. Ça c’est un problème qui est comment dire, consubstanciel à tout projet parce que les différents projets qui ont été partagés. Si jamais il y a un gros point commun que nous portons, à savoir améliorer l’offre de soins et assurer l’intégration urbanistique, il manque un élément, ce sont les chiffres, le budget, au bout d’un moment et quand on est aux responsabilités, il faut quand même anticiper, et qui paie à la fin.

      Vous avez évoqué les possibilités et on a légèrement dénaturé mon propos, lorsqu’on parlait de Beaujon, Bichat. Il y a eu un plan de relance annoncé par le président Macron et effectivement je m’étais exprimé après en mai dernier en disant justement, est-ce qu’on peut réfléchir à un gros pôle santé qui permettrait au regard du plan de relance de donner les moyens de garder Beaujon et Bichat ? Il faut éventuellement réfléchir à un gros pôle hospitalier Paris Nord avec Saint-Ouen comme centre qui permettrait de trouverr un équilibre.

      C’est pareil lorsque j’ai rencontré Martin Hirsch, j’ai rencontré une bonne partie des différents interlocutrice.eurs qui sont dans cette conférence aujourd’hui. Bon il y a des études qui démontrent qu’aujourd’hui c’est très problématique de garder Bichat et Beaujon et c’est là où j’ai interpelé X.Muller justement en public, pour les faire partager, pour tordre le cou aux rumeurs qui consisteraient à faire croire qu’il n’y aurait pas eu d’études moi j’ai partagé cette vision. Pourquoi ne pas utiliser les possibilités de garder Beaujon et Bichat ? Est-ce qu’il y a eu des études concrètes ? On me les montre, elles existent, voilà.

      Donc en résumé, il faut améliorer l’offre de soin, moi c’est ce qui m’anime, pour toute la population, cet équipement peut être une aubaine extraordinaire pour toute une génération, cet équipement doit s’intégrer dans l’urbanisme de la ville et j’entends les discussions, les éléments, les points d’inquiétude, il faut les intégrer dans une discussion ; Il faut trouver un consensus ensemble et ce n’est pas un point de vue qui doit s’affronter au détriment de l’autre parce que tout ce qui a été dit, ce ne sont pas des points de vue qui sont motivés par une idéologie quelconque, régressive, ce sont des points de vue qui ont comme point commun : Améliorer l’offre de soin et faire en sorte que ça s’intègre dans un urbanisme qui est dans la continuité de l’histoire de Saint-Ouen.

      Ce que je propose c’est que justement les différents projets donnent lieu à des échanges qui peuvent permettre, un, à l’élément urbanistique et l’élément offre de soin comme étant les deux, les deux points saillants du projet étant entendu que les différents projets, la fonctionnalité, l’urbanistique, le coût, la performance, et l’aspect esthétique, le beau doivent prévaloir.

      Parce que c’est un projet qui effectivement va être très prégnant pour les 20/30 prochaines années dans notre ville et on doit être présent en termes de qualité, en termes d’attente et surtout, surtout, de prestation de qualité pour toute une génération et la population. Je terminerai et surtout ça va donner lieu, je pense, je reste convaincu pour toute une génération, à un nouveau paradigme en termes de cadre de référence socioculturelle.

      Oui, oui j’ai la faiblesse de croire que quand on a un CHU, il y aura toute une génération qui vont pouvoir faire des stages en tant que médecins, en tant que cardios en tant que cancérologues et ça va susciter des vocations pour des personnes qui se disaient « tiens c’est pas fait pour moi ».

      Voilà, merci à toutes et à tous pour la qualité des échanges et j’ai été vraiment non pas surpris mais très touché par la qualité des travaux des différents participants … qui ont été portés par les différents interlocuteurs ;

      Merci Mme Ouassack, merci aux modérateurs et je vous dis à très bientôt. »

  2. Si c’est le même commissaire enquêteur que pour le projet du Village des Rosiers, les porteurs de projet sont tranquilles !

    Comme en 2017, monsieur Culdaut, va encore dire que ce projet est en conformité avec le PLUI, qu’il résoudra la crise de l’Hôpital, que le secteur est bien desservi par les transports en commun et que la congestion routière sera minime. Enfin Les chantiers futurs de démolition et de dépollution des sols qui inquiètent les riverains, seront contrôlés par les services de l’Etat et seront aptes à les rassurer……..

    On prend les paris……

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