Bataille des arts urbains engagée ?

(Battle of Street Art engaged ?)

Plusieurs d’entre nous s’interrogent sur deux projets culturels et artistiques à Saint-Denis et Saint-Ouen qui devraient se réaliser autour du Hip-hop [1] et du Street art à moins de 3 km de distance….

Commençons par le futur « Aérosol Saint-Denis », dans le quartier de « La plaine », aux portes de Paris. Ce Projet est acté par Plaine Commune et SNCF Immobilier qui ont désigné le 24 janvier, Eiffage Aménagement pour la transformation du site de six hectares en espaces d’exposition, d’expression artistique, de scènes de spectacle…. Dit « les Cathédrales du rail » avec leurs 19 m de hauteur, le lieu désaffecté a servi de 1874 à 1998 d’ateliers de maintenance et d’entretien des locomotives de la SNCF et deviendrait un site patrimonial industriel et culturel. Que ne l’avons-nous fait sur le site PSA à Saint-Ouen !

 Saint-Denis est déjà engagée depuis l’Euro 2016 dans La Street Art Avenue, parcours d’art urbain le long du canal Saint-Denis, de Paris La Villette à Saint-Denis qui s’étoffe chaque année et compte aujourd’hui plus de 30 œuvres exposées sur différents supports avec une grande diversité de techniques et d’influences artistiques.[2]

Le président de notre intercommunalité et maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a de grandes visées pour sa ville puisqu‘elle a candidatée sans succès comme capitale européenne de la culture en 2028. Des élus territoriaux de Plaine Commune murmurent que le maire-président favorise un peu trop sa ville dans la mise en œuvre de projets et l’obtention de subventions pour des projets comme Aérosol…

Et Saint-Ouen dans tout ça ? Reconnaissons que Saint-Denis a pris une certaine avance face au projet audonien sur le site de la patinoire. Mais le 18 novembre dernier K.Bouamrane inaugurait l’exposition Urbain de Paname dédiée aux œuvres XXL de Street art à la patinoire qui n’en est plus une. Y étaient réunies des œuvres d’artistes de renommée internationale tels que BanksyObey ou encore Invader qui n’ont pourtant pas fait l’unanimité parmi les visiteurs et critiques. Il avait précédemment évoqué « l’institut du Hip-Hop » comme projet possible en remplacement de la patinoire.

« Ce premier événement préfigure le nouveau souffle que nous souhaitons donner au bâtiment de la Patinoire, amené à devenir, (on retient son souffle) :  un lieu à vocation éducative, culturelle, festive, sociale, écologique et familiale…», a déclaré alors Adel Ziane, adjoint au maire.[3]

Mais oui, rappelons-nous ou pas… de la consultation qui a eu lieu sous forme de questionnaire fin 2022 et qui demandait aux audoniens :

https://jeparticipe.saint-ouen.fr/projet/lavenir-et-levolution-du-batiment-abritant-la-patinoire-de-saint-ouen/

  • La ville souhaite faire un nouveau lieu de référence, dédié à la culture, aux loisirs et à la vie associative. Et vous qu’en attendez-vous prioritairement ?

La première proposition était évidemment : un espace culturel, d’arts et d’exposition !

  • La région Ile-de-France propose que puisse être implanté dans le futur bâtiment un musée des Arts urbains et du hip-hop, avec un financement de 5,5 millions d’euros. Trouvez-vous l’idée :

La première proposition était évidemment : très intéressante !

  • Souhaitez-vous que ce nouveau lieu dédié à la culture, aux loisirs et à la vie associative soit dénommé La Patinoire ?

Et bien voilà, tout était déjà décidé : ce sera un lieu dédié à la culture ! Mais quid du projet scientifique et culturel du futur lieu ?

Moi, j’y aurais plutôt vu un lieu d’activités sportives de glisse. Enfin si je pense que le Street Art doit rester un art éphémère et ne devrait pas s’afficher dans un lieu fermé et institutionnel, il est vrai que certains graffeurs exercent leur art aujourd’hui sur des toiles, et que des artistes des arts urbains quittent l’espace public et créent des installations et des chorégraphies dans des lieux clos et/ou institutionnels. Mais alors pourquoi un autre musée des arts urbains près de l’Aérosol ? Au sein de la Région IDF et de Plaine Commune, on ne se parle pas ? Mais si puisque notre édile parle d’une complémentarité des deux lieux !

Serait-il exagéré de penser qu’une lutte de notoriété est déclarée entre nos quinquagénaires du PS ? Bon ce ne serait pas la première fois. Mais dans une situation nationale de sobriété énergétique et financière, nos élus doivent mesurer les conséquences de leurs décisions.

Développer l’éducation artistique et culturelle passe aussi bien par l’accès pour tous aux oeuvres que par les pratiques amateures et professionnelles. En son temps Jack Lang[4] a contribué à celle-ci par plusieurs réformes des programmes scolaires permettant l’accès gratuit aux œuvres artistiques et développant les pratiques au sein des écoles par la facilitation d’interventions d’artistes auprès des élèves.

Alors l’argent qui va être investi dans ces deux projets culturels ambitieux, frisant la démesure financière (tout comme feu le projet la capitale européenne de la culture), pourrait aussi en partie servir à la vraie « démocratisation de l’excellence culturelle » auprès de nos jeunes surtout en Seine Saint-Denis et ça ne se fera pas dans les musées ou les instituts.[5]

Dominique GARCIA

[1] Plus qu’un genre musical, le hip-hop est une culture à part entière, avec ses différentes nuances de styles de musique, ses danses, et ses arts picturaux, comme le graffiti. Une culture dite souvent urbaine, en référence aux origines sociales de ses acteurs.

 Le Street Art est un mouvement artistique contemporain qui regroupe toutes les formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. En français, on l’appelle « art de rue » ou « art urbain ». C’est un art instantané, rapide, interdit, dont le but est de faire passer un message, sans autorisation.

[2] Œuvres d’Alexandra Arango, Case MacClaim, Fabio Petani…  Avec les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, le canal va devenir un axe majeur reliant les équipements sportifs de la capitale à ceux de Seine-Saint-Denis, de quoi faire découvrir ces oeuvres à un plus large public.

[3] 2ème adjoint délégué à l’Aménagement, au développement Urbain durable, aux Finances et à la Communication de Saint-Ouen, 7e vice-président en charge de l’Aménagement et de l’Urbanisme au bureau territorial de Plaine-Commune et aussi à la direction des relations extérieures du Louvres à Paris….mais quand dort cet homme ?

[4] Jack Lang : plusieurs fois ministre socialiste de la culture et de l’Education nationale entre 1981 et 2002.

[5] S’il est vrai que les arts urbains ont le vent en poupe auprès des médias et des institutionnels et qu’ils témoignent d’un courant artistique de notre époque, on semble pourtant perdre de vue L’essence éphémère de cet art qui était prôné par les premiers artistes danseurs et graffeurs des rues.  

 

 

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