Juillet noir à Saint-Ouen

Un jeune homme de 20 ans abattu dans la rue en plein jour, une jeune fille de 15 ans violée à la piscine ; ce mois de juillet 2009 restera à Saint-Ouen tristement dans les mémoires. Ces drames attestent que les jeunes sont souvent les premières victimes de la violence.

Pour être exceptionnels ces évènements tragiques, qui trouvent leurs racines au-delà de nos frontières communales, méritent néanmoins que les acteurs locaux – et plus particulièrement nos élus – s’interrogent globalement sur l’efficacité de la prévention.

En l’état, les enquêtes étant en cours, il faut se garder de toutes conclusions hâtives. On peut néanmoins rappeler quelques éléments :

Le terme de « bande », utilisé notamment par les médias pour parler de « la banlieue », recouvre en fait différentes réalités à Saint-Ouen comme ailleurs. De la bande de copains (à laquelle nous avons tous appartenu) à la délinquance organisée sur un territoire en passant par ceux qui tuent leur ennui en pied d’immeuble, les comportements ne sont pas de même nature.

Ainsi, même s’il existe une certaine « porosité » entre ces différents groupes de jeunes, il convient de se garder de tout amalgame. Le cas du jeune mort rue Saint-Denis relève sans doute de cette complexité.

Au-delà, force est de noter qu’il n’y a pas si longtemps des coups de feux ont  également été tirés en plein jour, rue Ottino, avec un blessé à la clef.

Plus simples, les faits semblaient relever d’un règlement de compte pour la vente de stupéfiants. Pas de quoi pour autant rassurer les habitants du quartier.

Les échauffourées récents place du 8 mai 1945 entre dealers défendant manu militari leur territoire face aux forces de l’ordre ou l’agression de l’Adjoint au Maire à la sécurité attestent, s’il le fallait, de la répétition de situations graves et inacceptables nécessitant un réel sursaut des pouvoirs publics.

Améliorer la coopération et la coordination des institutions : Mairie, Police, Justice, bailleurs…la signature récente du nouveau contrat local de sécurité est un élément important pour améliorer la prévention sans laquelle le nécessaire volet répressif devient illusoire.

Ce travail long, difficile et en profondeur des seuls élus, spécialistes et techniciens, surtout dans le contexte économique et social actuel, n’est pas suffisant.

Il faut ainsi réellement associer…la population dans une démarche responsable et sans démagogie sur ces questions de sécurité des biens et des personnes dans les différents quartiers. On en est loin.

On ne saurait se contenter d’une visite annuelle du Maire et de quelques élus dans un  quartier pour appréhender avec les habitants et sur le terrain des problèmes aussi prégnants et récurrents que ceux relevant de l’insécurité quotidienne.La mise en place progressive de Comités de quartiers, avec un élu référent pour une concertation structurée est ainsi un élément complémentaire indispensable pour articuler l’intervention des citoyens et des associations dans un cadre de proximité en s’inscrivant dans la régularité et la quotidienneté.

Les violences sexuelles subies par une jeune fille au sein d’un établissement communal sont évidemment d’une autre nature. En l’état, la responsabilité de la ville est semble-t-il directement engagée.

On peut s’étonner ainsi que cet acte ait pu avoir lieu dans les sanitaires de la piscine sans qu’aucun agent ne soit alerté. De toute évidence le manque se surveillance est en cause.

Rappelons, que fermé depuis 3 mois (d’avril à juin) suite à la chute d’un vitrage de façade, nécessitant une expertise), l’établissement était réouvert depuis peu.

Les nombreux contentieux liés aux malfaçons dans la construction de ce centre nautique (cf. notre précédent article) et le manque d’entretien minimum semblent donc se conjuguer avec une organisation du personnel incertaine.

Là également une meilleure écoute des usagers ne serait pas inutile.

EPS

Facebooktwitterredditpinterestlinkedintumblr

Facebookrss

14 réflexions sur « Juillet noir à Saint-Ouen »

  1. je suis tout à fait d’accord avec cet édito! j’habite tout près de la place du 8 mai et les conditions pour les riverains ne cessent de se dégrader. Lorsque je suis arrivée sur Saint Ouen il y a deux ans, je trouvais que les dealers étaient relativement calmes et discrets. Je n’approuvais pas leur commerce mais je ne me sentais pas menacée par leur présence. Depuis un an, j’ai pu constater que ces dealers avaient changé. Ils me semblent plus jeunes et plus agressifs (de nombreux mineurs traînent dans ce coin). Il n’est pas rare de les entendre crier jusqu’à tard dans la nuit, sans parler de l’état lamentable dans lequel ils laissent la rue après leur passage (boites de kebab vides, mégots de cigarette, papiers sales). Ce quartier est calme, familial et tranquille. Une école se trouve à proximité et je trouve scandaleux qu’aucun service de sécurité ne soit présent aux sorties d’école. Lorsque l’on sait que des armes à feux circulent souvent dans ces milieux, je pense que nous pouvons craindre pour la sécurité de nos enfants.
    Comme vous, je recherche une solution, un moyen de sortir de ce cauchemar!

  2. Cette dame a entièrement raison. Il devient urgent de prendre les dispositions nécessaires, afin que le secteur en cause retrouve sa tranquillité.
    On peut se demander ce que font nos édiles .. qui parlent beaucoup mais ne font pas grand-chose.

  3. Bonjour.
    Et bien, moi aussi, je cherche le moyen de sortir de cette ville qui m’as vu naître (clinique du Landy). Je suis triste, c’est mon passé que j’essaie d’oublier. On ne fait rien…..bye

  4. Vous avez une visite de quartier le 17 septembre par JR.

    Pour mesurer le sérieux des “conseillers”et des boîtes de com,
    le maire doit parcourir, en partant de la mairie, à 18h
    la rue G. Péri,
    la rue des rosiers,
    la rue Bachelet,
    la rue Ampère,
    la rue du Dr Bauer ,
    la rue Godillot,
    la rue Helbronner,
    traverser la cité Cordon,
    la rue Cordon
    et revenir
    par la rue Dhalenne devant le Coq.

    Il n’est pas précisé si une petite réception nous attend chez Me François…

    C’est pas du boulot mais cela pourrait être rendu compte pompeusement façon Baranne dans le prochain bulletin municipal, comme quoi selon l’engagement n°98… à la façon des résolutions de l’onu.

    J’espère que chaque conseiller aura droit à un dossier avec son lot de lettres adressées par les audoniens et auxquels aucune réponse n’a été apportée, soyons pas trop méchant, disons depuis un an…

    Elue depuis 10 ans, JR, qui s’est refusée à tout bilan de son dernier mandat, va sans aucun doute encore nous tenir les plus belles promesses du monde.

    Une belle mascarade pour un premier magistrat muette sur le Grand Paris comme sur d’autres sujets…(vente de Jullouville, extension du lycée Blanqui, avenir de la gare Godillot, atteinte aux droits des agents communaux, environnement de proximité, réunion avec le commissaire et le Procureur sur les questions de sécurité, non transparence sur certaines opérations immobilières, défense de La Poste, promotion de la laïcité…).

  5. Connaissez vous la ville d’europe centrale où la femme du maire a eu un accident avec un véhicule municipal, d’où tous leurs efforts pour cacher la chose ?

    Toute référence à la carte d’essence ne peut être prise pour la bonne réponse.

  6. Après”juillet noir”,”septembre noir”…la mort à encore fauché deux jeunes audoniens.On peut se demander si dans cette ville,les enquêtes aboutissent!Justice et police semblent plus efficaces pour retrouver le voleur du scooter du fils Sarkozy que les assassins d’un jeune audonien.

  7. Avec ce qui s’est passé hier soir quartier Arago, j’espère que les choses vont bouger un peu. J’ai même lu que notre chère maire “choquée”, appelait à ce que la police soit plus présente à Saint Ouen.

    Dire qu’il a fallu 3 morts en 3 mois pour en arriver là!!!

    J’avoue que j’ai honte pour elle. Le laxisme et l’angélisme ne payent pas en politique. Je suis heureuse qu’elle s’en rende enfin compte, même s’il est peut être déjà trop tard…

  8. Deux nouveaux assassinats en pleine journée au sein d’une cité, la chose fait frémir et fait réflèchir.

    L’heure devrait etre à une mobilisation qui s’efforce de pointer certes les insuffisantes de l’Etat (police et justice) mais qui rapproche la lente et croissante dégradation sociale de nos quartiers avec le premier personnage de l’Etat, Nicolas Sarkozy.

    L’apôtre de la prison, du Karcher, le défenseur du bouclier fiscal si profitable à la “racaille” de Neuilly ne peut être blanchi des conséquences que sa politique fait subir au peuple.

    Sur le marché Ottino ce dimanche, certains disaient à voix basse, “ils n’ont que ce qu’ils méritent. Tant qu’il se tuent entre eux…”

    Le bon sens teinté de fatalisme ne fait pas raison garder et surtout ne pourra pas empêcher d’autres drames de survenir, et peut être de toucher des innocents!

    Présent lors du rassemblement place de la mairie avant la conférence de presse de la muncipalité, je n’ai pas eu le sentiment que les audoniens étaient mobilisés pour faire corps sinon autour du maire, du moins autour des “politiques”.

    La délégation de pouvoir, le confortable positionnement de s’en remettre toujours aux autres et en premier lieu aux élus dans une ville sont une réalité contradictoire.

    C’est un fonctionnement naturel mais qui dans la situation d’anormalité sociale et sécuritaire que connaît notre ville pose un sacré problème.

    Comment vaincre les peurs, comment appeler à des rassemblements non pas de majorité silencieuse mais de citoyens soudés et offensifs sur les questions du vivre ensemble et en premier lieu de la sécurité ?

    Totalement absente sur le parvis de la mairie, la police muncipale en grande tenue avait été remplacée par des “civils” municipaux plus discrets.

    La tentation chez certains d’imposer la vidéo surveillance dans les “zones ” sensibles de notre ville au lendemain de ces incidents graves ne peut être pas exclue.

    Alors mettons bien les affaires de la cité entre les mains de tous les audoniens.

    Faisons du comité local de sécurité l’affaire de tous, abaissons les barrages institutionnels derrière les quels peuvent se réfugier les Sarkozy, Fillon.

    Réfléchissons à certaines mesures ou non lesures prises par la ville en matière de sécurité, de prévention, de participation citoyenne.

    A ce titre, concernant le “référendum” proposé pour contre la privatisation de La Poste, la Municipalité se doit de pousser les feux car l’enjeu est en autant la solidarité que l’efficacité sociale.

    Et pourquoi ne pas proposer à tous les audoniens de se rendre à l’Elysée plutot qu’à Bobigny pour que le gouvernement réponde aux demandes de sécurité sociale et de police des audoniens.

    La présence du maire de Saint-Denis, des députés Braouezec et Leroux sont un signe encouragement pour tous.

    Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de ne pas présenter la note aux représentants de Neuilly et compagnie.

    Ce n’est pas une histoire de chapelle ou de pari, c’est l’affaire de la république et de tous les citoyens.

  9. Moi,sur le marché dimanche,j’ai été étonné par le fait que les feux de l’actualité étaient braqués sur S.O.,que la population parlait de ce qui venait de se passer la veille quartier Arago et que les partis politiques, qui avaient fait leur réapparition après une longue trève estivale, distribuaient des tracts nationaux sur la privatisation de la poste.Le candidat de L.O.sur la liste de JR aux municipales avait même revêtu sa panoplie de facteur pour la circonstance!Effet Besancenot quand tu nous tiens…
    Pour être honnête,une cons.municipale verte diffusait la déclaration de JR sur ces morts et les militants d'”Ensemble pour S.O.”leur déclaration sur “le progrès social pour tous!”.
    Pour en revenir aux propositions concrètes,il faut créer des maisons de quartier,des lieux de vie,de rencontre,d’échange pour essayer d’enrayer ce paralysant repli sur soi.Taquet a raison.Nous ne pouvons plus attendre la seule initiative de l’équipe municipale,nous devons mobiliser les bonnes volontés pour redonner vie à nos quartiers.

  10. Voici ce que j’ai trouvé ce matin sur le net. Cela recoupe assez bien les témoignages que j’ai recueillis.

    Hier soir au conseil municipal, il a été demandé au maire de rendre compte de son entretien avec Brice. On verra bien…

    “A Saint-Ouen, « Stop à la violence » part en live
    Mardi 29/09/2009 | Posté par Sandrine Dionys

    Ce devait être « un grand rassemblement silencieux ». Ce fut, hier soir, après la mortelle fusillade de samedi, une réunion électrique, propice aux intimidations.

    Saint-Ouen, deux jours après le drame. Hier soir, France-3 Ile-de-France réalise un duplex en direct pour couvrir le rassemblement « Stop à la violence ! ». A la prise d’antenne, la journaliste et le présentateur s’étonnent, avant le lancement de leur sujet, de voir si peu de monde sur place. Ils peuvent attendre encore longtemps puisque le rassemblement a bel et bien lieu, avec de nombreux habitants, mais à la sortie Arago du RER C, le quartier où s’est déroulée la fusillade qui a coûté la vie à deux jeunes gens samedi, et non à la sortie de métro de la ligne 13, Mairie de Saint-Ouen.

    Cette « boulette » géographique, si elle peut prêter à sourire, a sans doute évité des désagréments à l’équipe de France 3 Ile-de-France. Car au même moment étaient pris à partie voire quasi molestés certains de leurs confrères. Tout ce qui portait caméra de télévision était menacé. Un caméraman a pu quitter les lieux sans encombre uniquement grâce à l’intervention et à la protection d’habitants qui se sont interposés entre lui et ceux qui ne voulaient pas voir les médias sur place. Le car-régie d’Itélé a dû remballer son matériel et repartir en quatrième vitesse. Ce fut donc un peu chaud pour les « médias » comme on a coutume de dire, comprendre, les télévisions.

    Tout avait débuté dans le calme. L’association de quartier Mosaïque avait distribué et collé des tracts dans la ville pendant la journée pour annoncer la couleur : « Plus jamais ça – Stop à la violence ! Grand rassemblement silencieux ». Beaucoup de jeunes, de familles, de représentants de la mairie sont là. La manifestation mobilise. Un porte-parole de l’association Mosaïque prend la parole au nom des « papas » et s’adresse directement aux « jeunes ». Il appelle au calme, parle du vivre ensemble, de l’islam, celui du respect et de la tolérance. Une autre représentante du quartier, elle, met en cause la responsabilité de l’Etat et l’abandon de ces territoires.

    Puis chacun prend spontanément la parole pour apporter sa vision des choses. Arrive un représentant religieux et quelques « Allah Akbar » se font entendre. L’homme parle mais est interrompu par un habitant visiblement excité qui en veut à la maire, Jacqueline Rouillon, la cherche dans le public et se dirige vers elle… Un mouvement de foule se calque sur celui de l’individu qui se déplace vers l’élue. Sentant le vent des embrouilles arriver, certains commencent à détaler, des parents éloignent leurs enfants. « Ça part en live ! » entend-on. L’ambiance est tendue, électrique. Et il n’y a pas que les médias qui battent en retraite à ce moment-là : la maire doit quitter précipitamment le rassemblement pour éviter que ça tourne mal pour elle. Nombre d’habitants décident de partir aussi.

    Parmi ceux qui restent, beaucoup ont le visage fermé. Certains paraissent perplexes devant le déroulé des événements. D’autres commentent ce rassemblement qui ne semble satisfaire personne finalement : « Ça devait être un rassemblement silencieux ! »

    Trois mamies du quartier papotent entre elles, dubitatives : « Nous, on est là pour soutenir les familles des jeunes qui sont morts, pas pour faire de la politique. » « Au fait, elle est où la maire ? » « Ça y est, elle est partie ». S’ensuivent quelques blagues sur l’augmentation des impôts locaux, histoire de détendre une atmosphère bien lourde. Une retardataire arrive et vient claquer la bise à une connaissance qui a l’air dépité et qui lui dit, à propos des prises de paroles qui continuent : « C’est que du communautarisme. Je m’en vais. » « Non, il faut rester, justement. Moi je reste », lui répond la retardataire en se rapprochant du rassemblement qui a déjà bien fondu.

    Une maman avec son bébé se tient en retrait. Elle est dégoûtée par les incidents qu’elle vient de voir. Une autre Audonienne qui observe le tout à ses côtés livre son analyse de la situation : « Le nettoyage des trafics de drogue de Paris 18e et le trafic de la gare de Saint-Denis les ont amenés dans ce quartier. » Mais une telle ampleur de trafic et de violence, c’est paraît-il, du jamais vu à Saint-Ouen. La maire Jacqueline Rouillon sera reçue aujourd’hui par Brice Hortefeux, au ministère de l’intérieur. Elle lui demandera d’entreprendre des actes « concrets ».

    Sandrine Dionys”

  11. On pousse aujourd’hui des cris d’orfraie à la suite de la mort par arme à feu de deux jeunes gens. Il semblerait que cela soit un règlement de compte entre pouvoyeurs de drogue. C’est, en tout cas, la version officielle. Tout le monde sait depuis longtemps, y compris au plus niveau de l’état, que les dealers règnent en maître dans les cités et les quartiers. Mais on ne fait rien. On laisse la situation se dégrader. Aucune mesure n’a été prise pour y mettre un terme. Il ne faut pas toubler un commerce qui rapporte gros. Les gros bonnets fournisseurs de ce poison peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
    Il y a collusion de fait entre ces gros bonnets de la drogue et certains dirigeants des états les plus puissants du monde. Il y a beaucoup d’argent en jeu. Nous allons vivre sous le règne des maffias qui peu à peu étendent leur emprise sur la planète entière. Malheur à celui qui mettra en cause leurs privilèges !
    Alors, soyons réalistes. Ce n’est pas à l’échelle de la commune que cette affaire pourra se régler. Le Maire, ne peut rien faire. Le Préfet non plus. Le gouvernement idem. Quant au caméras dans les quartiers, c’est dépenser de l’argent pour rien ! Tout cela est le produit d’un système, corrompu jusqu’à la moelle ..

  12. Encore une fois certains quartiers(S.O.Sud notamment)n’ont appris le rassemblement qu’aux actualités le soir.Avec la disparition du blog d’OD,l’info ne circule plus sur S.O.Encore une fois ID-STG doit mettre son blog au service de la citoyenneté,au service de l’info sur cette ville.Qui d’autre pourrait le faire?
    Merci à Taquet pour ce compte rendu du rassemblement.Je n’ai pas très bien compris qui était Sandrine Dionys…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *