Une résidence à géométrie variable
Après 2024, côté Vieux Saint-Ouen en limite de St-Denis, le village olympique se transformera en 2800 logements dont 900 logements sociaux. Il est conçu comme « un projet environnemental innovant » pour répondre aux besoins des athlètes puis de la population de Seine-Saint-Denis.
Dans le cadre de son aménagement, une des deux résidences qui loge des étudiants de l’école d’ingénieurs Supméca depuis 1995 a été détruite[1]. C’est donc 85 logements qui ont disparu et qui sont remplacés par la nouvelle résidence Paulette Fost[2] de 130 logements.
La centaine d’étudiants de l’ancienne résidence Pierre Azou, démolie aujourd’hui, a pu intégrer la nouvelle résidence Paulette Fost depuis février 2023 mais seulement jusqu’en décembre 2023. En effet le Comité Olympique récupèrera les lieux pour la préparation de la venue des athlètes. Les étudiants locataires devaient pouvoir y rester jusqu’en mars 2024, ce qui correspondait à leur départ en stage d’entreprise en province ou à l’étranger mais le COJO en a décidé autrement et certains sont dans l’impasse pour se loger en janvier et février 2024[3]. Vive la solidarité !
Ces étudiants ont d’ailleurs « essuyé les plâtres » en intégrant des logements qui ont dû subir quelques modifications ! Si 50 % des 130 logements se devaient d’être accessibles aux personnes en situation de handicap, il semblerait que cela n’ait pas été prévu lors de la construction ! Les cloisons de ces logements pour personnes à mobilités réduites (PMR) ont été déplacées tardivement, pour agrandir les sanitaires au détriment des autres. La moitié des habitants de la résidence peut donc se brosser les dents au-dessus du lavabo en étant assis sur les toilettes et il faut avoir la ligne pour accéder à la douche !
« Paris 2024 » a vanté la conception du Village grâce aux avis éclairés des athlètes et bien on a pensé mais un peu tard à la hauteur sous plafonds des cabines de douche, en réhaussant ceux-ci de 30 cm car bien sûr il y aura des athlètes de plus de 1,90 m!
Ne parlons pas des coupures d’électricité de plusieurs jours, du manque d’eau chaude et des déclenchements répétés des alarmes d’incendies et en ce moment des essais de refroidissement à 15°c par le sol.
On nous avait pourtant parlé d’« un projet environnemental innovant » et de neutralité carbone ! Tout à fait, le cahier des charges de « Paris 2024 » le demandait. Les bâtiments ont été conçus avec « une isolation des façades par de la laine de bois et des planchers rafraîchissants » pour obtenir une baisse de 6 degrés par rapport à la température extérieure. Mais entre-temps des fédérations s’inquiètent pour le confort de leurs athlètes en cas d’été caniculaire et ont demandé la pose de climatisation sinon elles pourraient déserter le Village…
Tous engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais il y a des limites !
On imagine le nombre important de professionnels qui élaborent ce type de projets et ensuite les réalisent mais on est toujours sidérés par les problèmes qui suivent. Nous en avons hélas d’autres exemples à Saint-Ouen.
Dominique GARCIA
[1] https://www.aleci.fr/association.php
[2] Paulette Fost ancienne maire de Saint-Ouen (1979-2001) toujours très attentive à la question du logement social qui a contribué au projet solidaire de construction de logements étudiants pour des prix de loyers raisonnables.
[3] CDC Habitat, le bailleur, leur propose des logements mais à plus d’une heure de Saint-Ouen….