Division à Gauche !

…en sortir par le haut ?

Avant l’intervention du groupe « A Gauche ! » lors du dernier conseil municipal à propos du budget 2025, Antoine Danis a lu un préambule pour expliquer l’abstention de son groupe sur le vote du budget, acte essentiel de la gestion communale.

« Depuis l’élection municipale de 2020, et a fortiori depuis la crise politique provoquée par la dissolution de l’Assemblée nationale en Juin 2024, nous sommes plusieurs, élus ou pas, à n’avoir cessé de prôner l’union de la gauche et le rassemblement le plus large possible, pour conjurer la poussée de l’extrême droite et déployer une politique plus sociale et plus écologique. En 2020, pendant l’entre-deux tours des municipales, nous avons, contre l’avis du PCF, milité pour une fusion des listes de gauche, et la constitution d’une majorité plurielle. Nous avons échoué et nous payons toujours, 4 ans plus tard, le prix de cet échec. En 2024, pendant la séquence des législatives et du Nouveau Front Populaire, nombreux encore, dans et en dehors du conseil, avons proposé une déclinaison du NFP national au niveau municipal, de Place Publique à La France Insoumise, en souhaitant, comme au niveau national, qu’il y ait un accord programmatique sur le fond. Et nous avons, une fois encore, échoué.

 Il faut désormais se tourner vers l’avenir, et éviter que le scrutin municipal de 2026 soit une répétition de ce hiatus, comme il faut tout mettre en œuvre pour éviter que le scrutin présidentiel de 2027 soit une mauvaise répétition de celui de 2022. Cette situation politique nous oblige, et impose de sortir des petits calculs et des logiques de division, et de collaborer davantage avec une majorité municipale qui n’a pourtant jusqu’alors, pas démontré son envie et sa capacité réelle à travailler de manière ouverte, collégiale et participative. Il s’agit pour nous désormais de voir, Mr le Maire, si une nouvelle majorité et une nouvelle méthode de travail est possible, et ce avant le scrutin de 2026.

 Aussi, nous sommes prêts à vous donner le bénéfice du doute Monsieur le Maire pour tenter d’inventer un nouveau mode de travail et de nouvelles relations ; et ainsi de voir si votre volonté est de réellement élargir votre majorité. Nous sommes prêts à participer à cet effort. Sur la forme, il faut absolument décloisonner l’information, animer les débats et désaccords au sein de la majorité, établir une majorité plurielle reflétant une large gamme de sensibilités autour de plusieurs groupes, et accepter contradictions et compromis. Nous sommes convaincus que cette nouvelle méthode permettra des avancées sur le fonds, une politique plus ambitieuse socialement, culturellement et écologiquement qu’elle ne l’a été ces 4 dernières années. Saint-Ouen a évolué en mieux certes, mais nous pouvons faire davantage.

 Le budget proposé ce soir est celui de Réinventons Saint-Ouen, non celui de toute la gauche municipale. Non associés à sa préparation et à ses arbitrages, nous n’avons eu à aucun moment la possibilité d’en apprécier certaines richesses, mais aussi d’en corriger certaines limites. Que ce soit sur la vidéosurveillance, les investissements, les charges de personnel, la démocratie locale, la petite enfance ou l’éducation, nous pensons que nous pouvons faire mieux et différemment. Nous nous abstiendrons donc sur le vote du budget cette année, en espérant que l’année 2025 sera l’occasion d’établir ensemble, une réelle relation de travail pour qui l’en aille différemment l’année prochaine. »

 

Dans cette déclaration, les trois signataires : Antoine Danis, Henri Lelorrain et Shahin Vallée rappellent qu’ils avaient souhaité une fusion des listes dans l’entre-deux tours des municipales de 2020 contrairement aux militants PCF.

Le plus drôle, c’est qu’Emilie Lecroq (conseillère départementale et municipale PCF) vient de quitter le groupe « A Gauche ! » pour rejoindre… la majorité de Karim Bouamrane !

La politique et ses mystères[1] !

 

Leur vœu de rassemblement en 2020 comme en 2024 à travers le NFP est louable et potentiellement possible quand tous les protagonistes ont un même objectif de programme mais aussi de modalités de mise en œuvre.

De mon point de vue, cela n’était pas le cas en 2020 puisque le candidat Karim Bouamrane avait décidé du rassemblement de la gauche audonienne derrière lui… sans aucune concertation avec les autres partis et sensibilités. Et je subodore que dans la continuité de 2020, le maire commence déjà à construire sa liste pour les municipales de 2026, non pas en réunissant les acteurs politiques de gauche pour construire une politique commune au service des audoniens mais en rencontrant individuellement chacun(e) pour une allégeance à venir[2].

Je ne crois donc pas que « l’échec » évoqué dans le texte ci-dessus incombe au groupe « A Gauche ! » En 2019 et 2020, nous avons eu un vrai fonctionnement démocratique et participatif[3] que peu de groupes et partis politiques pratiquent aujourd’hui.

Nous observons le même procédé au niveau du NFP avec les injonctions de Jean-Luc Mélenchon

En 2020, j’avais refusé la fusion en dénonçant cette façon de faire et en anticipant sur un fonctionnement municipal non partagé et restreint autour de Karim Bouamrane si sa liste était élue.            

Mes camarades signataires pensaient pouvoir contrecarrer cela en étant au sein de la majorité et c’est ce que devait penser le groupe EELV en intégrant Réinventons SO. Je pense qu’ils ont aujourd’hui constaté qu’ils se sont trompés au regard de leurs différentes interventions au Conseil municipal et sur les réseaux sociaux.

Dominique Garcia

[1] Un mystère lié à quelques promesses ?

[2] Jamila M’Barki et Emilie Lecroq pourront confirmer.

[3] Tous les travaux sur la programmation ont été élaborés par des groupes et toutes les décisions étaient prises collégialement ou votées par l’ensemble des participants. Comme l’avaient fait précédemment Alternative Saint-Ouen 2020 et le Printemps Audonien.

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2 réflexions sur « Division à Gauche ! »

  1. Toujours beaucoup de naïveté vis à vis de Karim Bouamrane. Celui-ci n’a aucune envie de collaborer avec qui que ce soit. Pour lui c’est toutes et tous derrière moi et silence dans les rangs. Seule lui importe son supposé destin national qui doit en principe le mener à l’Elysée.

    “Saint-Ouen a évolué en mieux certes”

    Une affirmation qui mériterait d’être démontré.

    A Djamila M’Barki et Emilie Lecroq, il faut rajouter Bruno Belloni. Effectivement un retournement de situation pour le PCF local qui a, en réalité, débuté dès 2021 lorsque qu’Emilie Lecroq devient le binôme de Karim Bouamrane lors des élections départementales avec le sempiternel “il faut faire barrage à la droite et à l’extrême droite” et qui trouve son aboutissement avec le ralliement d’une partie des communistes à celui qui claironne partout à qui veut bien l’écouter qu’il aurait pu être le premier ministre d’un président de droite.

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