« Apaisement » pas pour demain ?
Nouvelle réunion publique sur la sécurité ce jeudi 19 octobre 2023 « Apaiser et sécuriser votre quartier Ottino, Péri, Vaillant, Schmidt ». N’était-ce pas ce qu’avait promis Karim Bouamrane juste après son élection en juillet 2020 aux habitants du 26 rue Charles Schmidt.
Une centaine de personnes dans la salle face aux institutionnels : le maire, deux élus de l’opposition, quatre élus de la majorité[1], le député, la commissaire et les bailleurs sociaux I3F et Seine Saint Denis Habitat (SSDH). Jean-François Clerc, élu en charge de la sécurité, est chargé d’ouvrir la réunion et déclare : « Nous sommes là pour vous écouter » !
C’est ce qu’ils vont faire après une présentation par Àdel Ziane des projets d’aménagement du quartier entre 2024 et 2026 : réhabilitation des parties communes et de l’électricité des logements par les bailleurs, piétonnisation de la rue Ottino, démolition du « cube de tri des déchets », possible ouverture d’une voie entre les rues Vaillant et Schmidt et pourquoi pas : une annexe de la police municipale ! Cela ne mange pas de pain de le dire et d’ailleurs les riverains, fatigués de ce contexte, autour de moi semblent soulager à cette annonce.
Le maire précise que la situation du quartier est la même que celle connue par les riverains de « la place du 8 mai 1945, aujourd’hui résorbée, sécurisée et embellie » et « que le point de deal ici aura disparu avant 2030 ! « Oui, oui, vous pouvez l’écrire « les grands internautes » dont acte !
Beaucoup moins optimistes, les riverains exposent ensuite leurs plaintes et souffrances entre sarcasmes et résignations. Tous témoignent de l’amplification du trafic et de sa horde d’incivilités, de cris, de nuits perturbées, de murs et portes dégradées, de voitures vandalisées dans les parkings, d’armoires d’arrivée internet et de caméras cassées et même du squatt du balcon d’un locataire ! Quelle patience…mais jusqu’à quand ?! Une personne alerte (en la condamnant totalement) l’idée de la constitution d’une milice par des voisins ! Plusieurs intervenants se posent la question de la volonté politique.
Si la commissaire évoque très professionnellement les actions visibles d’arrestations et les non-visibles d’investigation dans un état de droit, elle ne commente pas le signalement des réponses déplacées de certains policiers qui n’ont aucune empathie pour nos concitoyens. On pourrait faire aussi des cours d’empathie au commissariat puisque la ville est paraît-il à la pointe de l’empathie sur différents sujets.
Quelques personnes suggèrent de faire disparaître le mur construit derrière le marché qui favorise le deal, demandent à ce que les portes de parkings soient réparées rapidement, voudraient fermer les résidences avec des grilles, ne comprennent pas que les consommateurs ne soient pas plus sanctionnés et affirment que les politiques dont le député et maintenant le sénateur doivent faire pression au niveau national.
Enfin, dans son habituelle envolée théâtrale de clôture, et en haussant, le ton le maire nous annonce que nous allons « co-produire tous ensemble pour ne pas privatiser la sécurité » ! Avec un énorme « ça suffit », il nous exhorte à gagner « la bataille de l’aménagement, de l’embellissement et de l’apaisement ! ».
M’enfin ! Ce ne sont quand même pas les mineurs de 2007 et les sans-papiers avec leur crack qui vont faire la loi ! Vous allez voir ce que vous allez voir ! [2]
Il déroule le programme avec les prochaines étapes :le Préfet de police devrait venir courant novembre et Mme Garnier[3] va faire un point avec les amicales de locataires. « On va utiliser les JO pour obtenir un maximum de moyens » et « on va lancer « une clause de revoyure »[4] termine le maire.
En résumé : des habitants exaspérés, une réunion de plus, mais rien de bien nouveau !
A vos agendas donc pour une nouvelle réunion le 12 décembre à 18h30 !
Évidemment ce compte rendu est sans doute un peu incomplet mais ce n’est pas sur le site internet de la ville qu’on trouvera grand-chose avec seulement une photo aérienne du secteur et quelques actions réalisées, en cours ou à l’étude : le tout en quelques lignes.[5]
Ainsi, à ce jour, on n’y trouvera pas un mot sur l’intervention claire et précise de la Commissaire de St-Ouen sur l’engagement de ses équipes et un délai évoqué pour éradiquer point de deal : de l’ordre « de 7 – 8 mois à un an et demi ».
Dominique GARCIA
[1] Dont notre ex adjoint au maire Adel Ziane désormais sénateur et visiblement toujours en charge de l’aménagement urbain comme conseiller municipal.
[2] D’ailleurs c’est pas compliqué, il nous affirme « qu’il a choisi la voie ouverte par le maire de Clichy la Garenne (LR) qui a éradiqué tous les points de deal sur son territoire ! »
[3] Morgane Garnier directrice de cabinet de Karim Bouamrane, ancienne maire-adjointe (PS) aux espaces verts (2008-2014).
[4] Ci-après la définition de (clause) de « revoyure » terme un peu prétentieuse et ampoulé dans ce genre de réunion grand public pour dire aux citoyen au revoir et on va se revoir sur le sujet. Cf. Le Robert https://dictionnaire.lerobert.com/definition/revoyure
[5] Significativement, il manque surtout le très long monologue du maire enfin de réunion où il semble plus affecté et en colère que tous les habitants réunis !
Merci pour ce compte-rendu de la réunion du 19 octobre 2023.
“les actions visibles d’arrestations et les non-visibles d’investigation dans un état de droit.”
Sur les réseaux sociaux, le slogan publicitaire des dealers est “le 26 rue Charles Schmidt jamais fermé depuis trente ans”.
Le commerce de stupéfiants en Seine-Saint-Denis représente un chiffre d’affaires annuel d’1,2 milliards d’euros et emploie cent mille personnes.
Ce trafic constitue bien le premier employeur de Seine-Saint-Denis, comme l’avait rappelé, le 4 juillet 2023 sur France Inter, Geoffroy Roux de Bézieux, (malgré les contestations de Stéphane Troussel).
L’enquête du journaliste Raphaël Tresanini ’93 : l’indispensable industrie du shit” l’a démontré (enquête diffusée le 14 septembre 2017 sur France Télévisions).
Dans ce travail de Raphaël Tresanini, un journaliste se déplace à Bobigny, et pose cette question à un haut fonctionnaire de la Préfecture “la Seine-Saint-Denis est-elle perdante ou gagnante au trafic de drogue ?”. Réponse du haut fonctionnaire “elle est clairement gagnante”.
L’État français n’a aucune envie de supprimer le trafic de drogue dans notre département. Quand l’État programme une rénovation urbaine avec l’ANRU, il s’agit d’augmenter les profits des entreprises majors du BTP. Aucune rénovation urbaine n’a empêché un point de deal de fonctionner.
Bravo à la ville de Clichy d’avoir éradiqué les points de deal de son territoire, notamment, en mai 2021, celui situé derrière le lycée Newton.
Bravo à la municipalité de Saint-Ouen d’essayer de fermer les sept fours pour apaiser notre ville.