Quai de Seine, Victor Hugo, Michelet

3 Réaménagements par le Département

Évolution urbaine rapide, grands projets, aspiration à des déplacements plus vertueux [1], nécessité d’une végétalisation significative…. nos grands axes routiers gérés par le Département sont appelés – ce n’est pas nouveau – à faire peau neuve.

Au menu, depuis quelques temps déjà : le réaménagement du Quai de Seine, du boulevard Victor Hugo et de l’avenue Michelet. Autant que faire se peut : avant et pour partie après les Jeux Olympiques.

Une réunion publique d’information, s’est donc tenue le 23 mars dernier avec notamment Karim Bouamrane (PS) Maire de St-Ouen et notre 1ère adjointe Sabrina Decanton (écologiste). En cette fin de journée de grève et manifestation, plusieurs dizaines de personnes y assistaient (cf. ci-après le compte rendu de Dominique Garcia).

Une fois n’est pas coutume, on ne fait même pas semblant de concerter : c’est une simple réunion d’information [2] très théâtralisée et au pas de course où il faut bien s’accrocher pour suivre et tout comprendre.

On peut s’interroger par ailleurs sur le mutisme en réunion des élus de la « majorité » au garde-à-vous et découvrant le contenu et/ou l’avancement des dossiers portés par le duo constitué du Maire et de son 2ème adjoint. Sans parler bien entendu, d’une « communication » dédiée au culte de la personnalité du 1er magistrat, relevant plus de la propagande que de la pédagogie sur le réel fonctionnement municipal. Bref la méthode et la démarche ne sont pas bonnes et finissent par lasser.

Dans ce contexte, concernant ces grands axes « structurants » à réaménager, bien malin le citoyen qui peut arriver à suivre, comprendre et donner un avis éclairé tant le lien avec les élus (même « de quartier ») est quasi inexistant et les explications techniques souvent une langue étrangère. On aimerait ainsi, que le commun des mortels puisse au moins avoir un élu et un référent technique identifié sur Saint-Ouen pour relayer les questions et informations entre le local et le départemental. On peut rêver !

Autre problème : comme on parle en boucle des « objectifs »[3],dans chaque discours c’est un peu comme si c’était déjà fait (ou presque). Hélas, la magie des mots a ses limites. Ainsi sur notre sujet du jour et sur l’achèvement des travaux de voiries majeures, une certaine prudence s’impose.

La nécessité d’accéder de manière certaines aux installations olympiques l’Etat pourrait imposer, par précaution, une date butoir pour achever (ou mettre en pause) tous les travaux de voiries d’ampleur plusieurs mois avant… août 2024.

Revue de projets et analyse pour nos trois départementales concernées lors de la réunion du 23 mars dernier (à lire aussi dans les commentaires le compte rendu de cette réunion par Dominique Garcia) :

Le quai de Seine (RD1 )[4]

C’est la partie de la voie bordant la Seine depuis Clichy (en passant devant le quartier des Docks) et jusqu’au niveau de l’école Anatole France (la partie suivante jusqu’à la limite de St-Denis étant aménagée par la Solideo (Village Olympique). Il serait heureux, au-delà de l’aménagement évident de pistes cyclables, d’en dire un peu plus sur :

  • L’emplacement précis de la future passerelle pour accéder demain à l’île des Vannes avec un délai prévisionnel possible de démarrage des travaux et de livraison.
  • L’emplacement prévu de l’embarcadère des fameuses navettes fluviales qui doivent nous téléporter rapidement à la Défense.
  • L’impact éventuel des travaux sur l’accessibilité au quartier des Docks et sur la circulation des bennes du Syctom de l’incinérateur.

Calendrier :

. partie Syctom Clichy-Parc des Docks : une piste bi-directionnelle côté Seine : « automne » 2023

. partie Parc des Docks-Pont de St-Ouen : une piste bi-directionnelle côté Seine transitoire « fin »2023 – début 2024  puis définitive avec plantation d’arbres et reprise du carrefour en 2026.

Coût global : 5 millions d’€.

Le boulevard Victor Hugo (RD 410)[5]

Après la consultation de juin-juillet 2021, le projet de « reprofilage » complet du boulevard est confirmé complet avec des voies bus, des pistes cyclables unidirectionnelles, des trottoirs élargis, des traversées sécurisées, des bandes plantées « au détriment des stationnements »[6] (en dehors, on peut le supposer, de quelques aires de livraisons et de places handicapées).

Points sensibles, la place Glarner (avant-Projet 2ème trimestre 2023) avec le carrefour qui accueillera les flux de véhicules divers générés notamment par le campus hospitalo-universitaire et le traitement du passage souterrain (« trémie ») au niveau des voies SNCF avec l’aménagement des contre-allées et enfin la sécurisation aux abords du groupe scolaire Victor Hugo avec un plateau piéton.

Calendrier :

  • “avant” les JO : place de la République – cours des Lavandières
  • “après” les JO : Lavandières – Rue Ardoin, place Glarner,  passage souterrain SNCF (« trémie ») – Ecole V.Hugo.[7]

Coût global : 10 Millions d’€ [8]

L’avenue Michelet (RD 14)

On a gardé pour la bonne bouche l’avenue Michelet car là c’est vraiment le bouquet avec notamment la traversée d’une partie des Puces. Secteur le plus problématique sur lequel nous concentrerons nos remarques.

On est en effet dans cette partie dans un irréalisme torride et le mensonge par omission. Un sujet qui pourrait déraper dans le temps et devenir très « abrasif » médiatiquement à la fois pour la ville mais aussi pour le pôle touristique majeur que constitue les Puces.

Le marché Michelet

Déjà, pour commencer, il faut intégrer dans la réflexion technique et urbaine, ce que dessert cette avenue entre le carrefour Michelet-Bauer et la Porte de Clignancourt (1,4 km). Donc se projeter dans une « évolution » réaliste du déballage sur le domaine public (trottoirs) supposé « géré » par la ville de St-Ouen. D’autant, que celle-ci n’arrive plus du tout à faire respecter le règlement des marchés avec un déballage sauvage toute la semaine au vu et au su de tout le monde [9] .

Autre caractéristique de cette avenue la « réversibilité » des aménagements entre la semaine et le week-end. Ainsi, on ne comprend pas très bien la version “dégradée” le week-end côté trottoir Ouest (Vernaison) avec « des livraisons autorisées sur la voie de bus les jours de marché » et « le stationnement pour les livraisons côté Est (entre la voie de circulation et la piste cyclable). Le tout avec un immense trottoir de 7,50 m de large du long mur de la RATP dont on ne discerne pas la fonction.

Si on parle de « livraisons » dans la présentation du Département, à aucun moment ne figurent sur les images les stands des commerçants, ni leurs camionnettes (qui servent notamment d’arrière- boutique aujourd’hui). En résumé : le flou total sur un point majeur et compliqué.

Deux carrefours « oubliés »

Très curieusement, la présentation officielle à l’hôtel de ville du réaménagement par le Département de l’avenue Michelet dans sa « section des Puces » a fait l’impasse sur les deux carrefours essentiels : la porte de Clignancourt  et Michelet Bauer. Dommage !

En effet ces deux intersections conditionnent de manière significative la fluidité de l’avenue Michelet. Pourquoi une telle omission ? Parce qu’ils posent de vrais problèmes donc on met la poussière sous le tapis.

Déjà, bien sûr pour l’échangeur de la Porte de Clignancourt avec ses bretelles autoroutières déversant un flux de véhicules sur St-Ouen et dont on n’a pas l’ombre d’une esquisse de réaménagement futur par la Ville de Paris. En particulier pour gérer le débouché de la rue des Rosiers toujours congestionnée. Visiblement ça n’empêche pas de dormir les élus parisiens qui ont déjà assez de mal à nettoyer la rue Jean Henri Fabre.

Ensuite, autre problème l’opération “Village des Rosiers” (ex-site Wonder) avec ses 500 véhicules qui se déverseront par la rue Marie Curie prolongée sur l’avenue Michelet (au droit de l’entrée du marché Biron). Curieusement encore, c’est silence radio côté Département sur ce dossier particulier dans lequel l’aménagement d’un nouveau carrefour semble poser problème à proximité immédiate du carrefour Michelet-Bauer et qui pourrait l’impacter. Un plan du carrefour qui pourtant figure dans le permis de construire modificatif de la fameuse opération immobilière citée plus haut [10] .

Des travaux de voiries compliqués

Concernant le “marché Michelet”, Il est tout à fait certain que la situation actuelle du déballage sur le domaine public ne peut perdurer sans décisions claires et courageuses des élus de St-Ouen [11] . D’ores et déjà il paraît peu réaliste voire mensonger d’afficher des débuts de travaux de réaménagement de l’avenue avec des travaux de 6 à 7 mois » démarrant « mi-2023 » (juin) et s’achevant « fin 2023 (décembre) ! Il faudrait déjà avoir sérieusement informé les commerçants non sédentaires[12] de l’interruption des séances de marché pendant cette période pour pouvoir réaliser les travaux. Sans compter l’inévitable restructuration partielle ou totale de ce marché à terme qui forcément se profile. Bref léger risque de bordélisation par des mécontents dans une période très « sensible »…

Eric PEREIRA-SILVA 

[1] Le vilain mot de « déplacement » » est désormais remplacé par le plus cool « mobilités douces »

[2] On échappe donc à la pseudo concertation qui se résume au mieux à des questionnaires en « ligne » via internet peu accessibles à toute une partie de la population et des questions qui induisent souvent les réponses. Type : voulez-vous plus de verdure ? Du bois ou du béton ?

[3] Par exemple le « 100% de logements dignes » ânonné par K. Bouamrane a toujours été un des objectifs des municipalités successives dont celui des élus qui à la Libération ont piloté la reconstruction de la ville !

[4] « Le » quai de Seine et non pas « Les » quais de Seine. A Clichy c’est le quai de… Clichy et à St-Denis…le quai de St-Ouen (!) puis le boulevard de la Libération !

[5] Le boulevard Victor Hugo et non pas comme malencontreusement dans « l’invitation » : « l’avenue » Victor Hugo qui elle est dans… le 16ème arrondissement !

[6] Côté stationnement, les quelques emplacements figurant dans l’étude précédente semblent avoir complètement disparus au profit d’une bande plantée continue qui pourrait s’en plaindre ? Toutefois, si tel est bien le cas, on aurait côté impair du boulevard des immeuble anciens sans parking avec une population a priori assez modeste et côté pair (ZAC des Docks) des immeubles neufs (avec parking) et une population a priori plus aisée. Le paradoxe pourrait être que ces derniers, moins tributaires de la voiture, par la nature leurs emplois louent leurs parkings… à « ceux d’en face » dépendant plus de la voiture pour des emplois éloignés et, forçons le trait, en horaires décalés (type Port de Gennevilliers ou aéroport de Roissy par exemple). Divagation sociale ?

[7] Petite taquinerie : de nos techniciens appliqués (et leurs élus peu regardants) : sur les plans de l’existant et du projet les échelles de représentation sont biaisées donnant la fâcheuse impression, dans l’enthousiasme du réaménagement, que l’on élargit les voies en repoussant les façades.

[8] 10 M€ c’était 6 M€ sur la brochure du Département en juin 2021 (tout augmente !)

[9] Déballage sauvage que la Ville de Paris n’arrive pas plus a endiguer rue Jean-Henri Fabre le long du périphérique et qui impacte St-Ouen. Officiellement (site de la ville) les marchés aux Puces sont ouverts au public samedi, dimanche, lundi de 10h à 18h. Le déballage sur l’avenue Michelet, communément appelé « marché Michelet figure pas semble-t-il dans la liste des marchés sur le site de la ville.

[10] Pour mémoire, le 14 mars 2017 le Département indiquait (pour le Village des Rosiers) « que le plan de circulation devra être modifié, la circulation devra se faire en entrée et sortie rue des Rosiers » (c’est à dire refuse le débouché des véhicules de l’opération sur Michelet. Le 30/11/2018, La Foncière Volta dépose un permis modificatif portant sur l’aménagement d’un nouveau carrefour au niveau de l’ex impasse Cagin (aujourd’hui marie Curie prolongée) à son intersection avec l’avenue Michelt. Mais le 26/12/2018 le Département change complètement de position et « donne son accord de principe sur le projet d’aménagement impasse Gagin-avenue Michelet. Ce carrefour sera géré par une signalisation tricolore ». Sans aucune explication. Ce nouveau carrefour (à réaliser) interfère avec le carrefour Michelet-Bauer à proximité immédiate. Le Département n’a pas évoqué ce carrefour lors des réunions publiques.

[11] Des décisions courageuses aussi des élus de Paris pour la rue Jean-Henri Fabre.

[12] Et consulter aussi les commerçants de Vernaison et Biron et l’association des commerçants antiquaire et brocanteurs (MAP)

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2 réflexions sur « Quai de Seine, Victor Hugo, Michelet »

  1. TOUT LE MONDE il est beau, TOUT LE MONDE il est gentil !
    La réunion sur l’aménagement des voies départementales s’est tenue en mairie jeudi 23 mars en présence de Corentin Duprey, vice-président du département en charge des mobilités durables et du développement du territoire, du maire Karim Bouamrane et de la première adjointe Sabrina Decanton, et de 5 élus dont Emilie Lecrocq, élue de l’opposition, conseillère départementale, très discrets….et devant une assemblée de 80 personnes.
    Dans sa présentation et sa conclusion le maire aborde l’importance du développement des mobilités dites durables (transports en commun, vélos, voiture électrique, covoiturage et navette fluviale càd la réduction de la voiture) du fait des enjeux environnementaux. Il ne se prive pas de rappeler ses éléments de langage du moment à savoir : son ambition forte de concilier l’amélioration de la qualité de vie pour toutes et tous, l’embellissement de la ville et le changement de paradigme maintenant : environnemental ! Tout ça grâce à l’alignement des planètes et plus sérieusement aux relations indispensables avec toutes les institutions pour faire avancer les projets et nous lui concédons largement., même s’il n’a pas besoin de nous pour en être content : « Saint-Ouen possède le plus grand nombre de projets structurants en IDF voire en France ! » Il souligne le maintien des projets malgré les 20% d’ augmentation des coûts actuels.
    Avant l’intervention des techniciens pour nous présenter une série de slides en version accélérée, le vice-président du département à lui aussi, longuement rappeler les enjeux, les projets dits structurants et les actions enclenchées pour : « rendre cyclable le département et transformer les espaces publics surtout en les végétalisant », sans oublier la qualité du travail commun entre notre ville et le département
    Sur Saint-Ouen, 3 axes majeurs de circulation font partie de ces projets à venir avec des problématiques spécifiques évoquées par les participants :
    L’avenue Michelet : axe accidentogène pour les piétons et les cyclistes, stationnements sauvages sur les pistes cyclables du fait des marchands côté marchés aux puces, des livraisons, la sortie du Village des Rosiers à venir, les embouteillages récurrents vers la porte de Clignancourt.
    réponses proposées : une sécurisation de l’avenue en lien concertée avec les riverains et les associations de cyclistes, un linéaire de stationnement pour les livraisons à respecter pour les véhicules sous peine de contravention et des discussions avec Fludis , une convention avec Paris pour sécuriser le continuum Michelet-Clignancourt
    L’aménagement sera fait après les JO.

    Le Quai de Seine( RD1) : difficultés de circulation pour traverser le pont et le carrefour, axe uniquement dédié aux voitures, la passerelle envisagée pour enjamber la RD1 et accéder à l’Ile des Vannes
    réponses proposées : études et modèles pour réguler les flux, un aménagement promenade le long de la Seine, le financement de la passerelle piétons et cyclistes est actée pour 2026 et sera financée par la Métropole, Plaine Commune et la ville
    Le boulevard Victor Hugo : Quelle est la prise en compte des camions à ordures qui circulent sur le quartier ? où en est la concertation avec les habitants ?
    réponses proposées : le département a consulté le Syctom et les parents d’élèves

    Plus généralement :
    L’opérateur Artelia est chargé de coordonner la sécurisation des travaux réalisés par différents prestataires depuis 5 mois sur la ville. Plus difficile avec les concessionnaires EDF France telecom….
    Une Application qui informera sur les chantiers et leurs impacts est en cours de réalisation.
    Le coût des travaux sera à la charge du Département en majorité avec des aides de la Métropole, de l’ Etat et de la Région( 60% sur les projets cyclables) et une toute petite partie par Plaine Commune.
    Les essences d’arbres pour la végétalisation seront diversifiées et sans platane pour éviter les allergies et la propagation des parasites.
    Questions sans réponse :
    Quelles conséquences aura l’ouverture du Grand Hôpital sur la circulation du boulevard ?
    La piétonnisation d’un axe comme l’avenue Gabriel Péri est-elle envisagée ?
    Comment réguler l’utilisation des trottinettes électriques ?
    Peut-on associer des citoyens dans des réunions de suivi des travaux ?
    Pense-t-on à élargir des pistes cyclables qui peuvent être saturées comme à Paris ?

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