“Conseil municipal” extravagant

sur le logement

Une nouvelle fois, le maire de Saint-Ouen, enivré par ses mises en scène grandiloquentes autour de sa personne, récidive, persiste et signe. Il impose sa cérémonie pompeusement qualifiée de « Conseil municipal extraordinaire ». Une séquence dédiée au logement, sujet très important pour notre ville mais qui mérite bien mieux.

En réalité, il s’agit hélas de l’habituelle opération de pure communication qui est tout sauf… un conseil municipal. En effet cette forme de réunion des élus échappe aux règles en vigueur très codifiées. Ici, pas d’ordre du jour détaillé, aucun dossier de « conseil » (transmis au préalable aux élus) et pas de délai précis et convenus.

Surtout aucune « délibération » soumise au vote et donc aucune décision. Parler de Conseil municipal, surtout de manière récurrente, est donc tout simplement un dévoiement de la démocratie représentative. L’« extraordinaire » réside en fait dans la démarche surprenante et inquiétante du maire.

Invités en grand nombre les partenaires ou institutionnels servent à accréditer l’idée du dynamisme du maire et de son gros carnet d’adresses. Pas certain néanmoins que les personnalités concernées soient dupes ni qu’elles apprécient la familiarité surjouée d’un maire qui prétend jouer dans la cour des grands.

Dans ce rite, après le « Grand Timonier », des élus de la majorité sont chargés d’occuper le temps de paroles en lisant, voire récitant pesamment, leurs textes. Moment assez inutile et pénible dont la seule justification reste de réduire au maximum le temps de parole des élus d’opposition.

Au final, un pauvre spectacle où l’information réelle et essentielle reste peu accessible aux citoyens. L’objectif semble surtout de beaucoup parler pour occuper le terrain et de glorifier le 1er magistrat. Nous invitons ici, dans l’intérêt de tous de sortir et vite de ce type de pratiques peu respectueuses des citoyens.

Pour le cas où les élus de la majorité, dont les Verts, continueraient à accepter l’invraisemblable, nous ne saurions que conseiller aux élus des oppositions (de Gauche et de Droite) de ne plus participer à ces mascarades anti-démocratiques qui n’existent que par leurs présences (pourtant illisibles et inaudibles dans ce cadre)[1]. Un boycott « républicain » sonnerait en effet le glas de cette opération de communication à sens unique.

Il conviendrait cependant, comme cela se fait dans d’autres villes, de travailler sur les grandes thématiques dans des commissions extra-municipales. Un format permettant d’associer, sous l’égide de l’adjoint au maire concerné par sa délégation, des élus du conseil de tous bords, des techniciens de la ville et des personnalités qualifiés invitées. Un travail « à bas bruit » et régulier et transparent qui pourrait être relaté dans le magazine municipal. Bref, faire simple, utile et collectif.

Pour l’heure, on ne sait rien ou pas grand-chose de la séquence publicitaire de ce lundi 14 février. Permettra-t-elle à Karim Bouamrane de « sortir un lapin du chapeau » notamment sur le financement attendu de la Rénovation urbaine ? Pour rappel, la transformation majeure du Vieux St-Ouen et de Cordon Monet est conditionnée par un accord de principe sur le projet et le financement indispensable de l’Agence Nationale de la Rénovation urbaine (l’ANRU)[2].

On en était resté, lors des deux dernières réunions publiques, à une affirmation étrange de K. Bouamrane et d’A. Ziane (élu à l’aménagement et aux finances), on cite en substance : « pour l’ANRU on exige au moins 100 M€, si on y arrive c’est qu’on est bons. Pour nous ce sera ça ou rien ». Un « rien » qui a inquiété certains. Mais comme chacun sait, ces deux élus sont très bons et ne manquent pas de nous l’expliquer régulièrement. Ils savaient probablement déjà quasi acquis ce tiers de financement.

Évidement l’argent annoncé ne fait pas tout, une subvention de principe pour ce genre d’opérations se gère dans le temps avec des réajustements. En tout état de cause, il n’y aura pas de démarrage en trombe avec le long et délicat sujet du relogement. On ne risque donc pas le point de côté et les grues ne sont pas encore là. Les occasions ne manqueront donc pas d’informer et concerter régulièrement les habitants concernés.

Pour être opérationnel, il faudra peut-être aussi que soit purgé officiellement l’imbroglio juridique de l’absorption de l’OPH par la SEMISO.  Cette dernière étant le bailleur référent de cette Rénovation Urbaine [3].

Pour ce rendez-vous de lundi 14 février, le logement étant un vaste sujet après plusieurs élus de St-Ouen ouvriront la séance. Le maire bien entendu devrait nous expliquer la feuille de route sur l’échéance « des 100% de logement dignes et de qualité dans notre ville » (fin de son mandat ou du prochain ?) et donner la parole à trois élus de la majorité.

–  Son fidèle deuxième-premier Adjoint Adel Ziane, devrait longuement disserter et, comme il l’affectionne, nous noyer dans ses chiffres et son autosatisfaction. Peut-être avec un détour sur la dernière tranche des Docks et le concept de densité-verte ?

– L’inusable et indispensable Nadya Soltani devrait faire un point clair sur l’habitat indigne et notamment l’avancée dans les secteurs Rosiers-Debain.

–  Sébastien Zonghero (Vice-Président de la SEMISO) pourrait quant à lui nous parler de la gestion Sémiso aujourd’hui et demain avec les avancées et les difficultés rencontrées ?

Pour les intervenants extérieurs :

deux « amis » adjoints au maire de Saint-Denis (Katy Bontinck et Adrien Delacroix) et siégeant à Plaine Commune. L’une en charge de la Rénovation Urbain, l’autre Président de Plaine Commune Habitat et en charge de l’Habitat et du foncier.

La sous-préfète à la relance et à l’habitat indigne Clémence Choutet.

On se passera de la présence des différents bailleurs sociaux présents sur notre ville et bien sûr des représentants des locataires et de leurs associations.  Tout est dit.

Eric PEREIRA-SILVA

[1] Les quelques élus d’opposition pouvant s’exprimer ayant à tenir leur propos en 1mn30 !

[2] L’ANRU étant une émanation de l’Etat

[3] La Semiso est également propriétaire des 3 tours  (Marcel Paul /Pagel  (sur l’île St-Denis) qu’elle doit céder à Seine St-Denis Habitat (l’office HLM du département) dans une négociation paraît-il difficile. A ne pas oublier puisque St-Ouen et l’île st-Denis sont dans le même dossier ANRU.

 

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10 réflexions sur « “Conseil municipal” extravagant »

  1. ça tombe bien, il y avait dimanche la projection du film “Les promesses” à l’Espace 1789. Un film qui porte sur l’engagement politique et la rénovation urbaine. Le maire a eu un contretemps et était absent. Dommage, car en matière de promesses il s’y connaît et sur l’engagement financier de l’ANRU, il y a pas mieux en France, dans le monde et l’univers. HISTORIQUE ! Comme y dit.

  2. COMMUNIQUE des élu-e-s du groupe « A Gauche » :

    Trop, c’est trop…

    Nous avons pris la décision difficile de ne pas participer à ce nouveau conseil municipal extraordinaire qui s’apparente de plus en plus à un exercice de communication à sens unique de la majorité municipale et à une mascarade qu’à une instance démocratique.

    La question du logement et de l’habitat est trop importante à nos yeux pour la laisser se faire prendre en otage de cette grande messe où les élus de la majorité et les invités du Maire viendront réciter en chœur que tout est pour le mieux au pays de l’excellence et du 100% de logement digne.

    Jusqu’à présent, nous avons voulu incarner une opposition constructive en acceptant de participer à ces conseils municipaux extraordinaires (Sécurité, ANRU, Grand Hôpital, Tony Parker), en y faisant toujours des propositions concrètes et en relayant les questions soulevées par les Audoniens.nes malgré des temps de parole limites et une écoute de la majorité inexistante.

    Cette fois de nouveau, on nous fournit un ordre du jour et un déroulé à la dernière minute, sans aucun document préparatoire (un point d’étape sur l’ANRU, un point sur le Programme Local d’Habitat 2022-2027, un plan clair sur la prospective d’évolution de la population ), aucune conférence des présidents de groupe pour préparer le Conseil, une invitation à la dernière minute des forces vives et associations en charge des questions de logement sur la ville (CNL, DAL, Échanges), aucune délibération ou vœu soumis au vote.

    Aussi, nous ne participerons plus à ces opérations de communication si elles ne sont pas préparées comme il se doit. Nous demandons désormais avant chaque Conseil Municipal Extraordinaire :

    • Un Agenda en bonne et due forme communiqué une semaine avant le CME
    • Des documents préparatoires afférents
    • Une liste d’invités soumise aux Présidents de groupe afin qu’ils puissent faire des contre-propositions
    • Un débat en conférence des présidents sur le déroulé, les invités…
    • L’opportunité pour la majorité et l’opposition sinon d’introduire une délibération au moins un vœu.
    • Un véritable débat en séance avec les invités et non une série de monologues sans échanges.
    Nous avons fait depuis le début de ce mandat de nombreuses demandes d’informations et propositions pour améliorer la qualité des travaux municipaux sans grands résultats. Nous publierons des propositions précises sur le logement prochainement.

    Nous espérons que ce Conseil Municipal avorté sera l’occasion d’une remise en question et d’une remise à plat, pour avoir, déjà, des conseils municipaux extraordinaires qui soient, eux, 100% dignes de ce nom.

  3. COMMUNIQUE

    Comme bon nombre d’audoniens et d’associations, nous sommes en colère. Le Maire a pris la mauvaise habitude de nous convoquer à des Conseils Municipaux (CM) extraordinaires sur tous les sujets et projets structurants de la ville. Malheureusement, ceux-ci n’ont d’extraordinaire que le fait de ne pas être des CM !

    Il s’agit de CM sans délibération, sans vote, sans débats et sans dossier préalable permettant aux élus (en tous cas ceux de d’opposition) de préparer la séance.
    Mais celui de ce soir atteint le summum du grotesque et de l’indécence puisque concernant l’habitat – digne ou plus largement indigne- ni les bailleurs sociaux de la ville, ni les associations de locataires n’y étaient conviées !

    Il a fallu des interventions, tant d’une élue de l’opposition que de plusieurs citoyens, sur les réseaux sociaux pour que ces associations soient finalement invitées in extremis vendredi soir, non par le maire mais par une élue, à y assister !
    Quant aux élus, et notamment ceux de l’opposition, ils ne disposeront que d’1mn30 pour s’exprimer… Quelle plaisanterie !

    Ces séances d’information dites extraordinaires ne sont que des opérations de communication destinées à la mise en scène du maire afin de faire briller, non pas la ville, mais son image, dans l’irrespect total des élus et des administrés.

    Une thématique aussi importante que la politique de l’habitat mériterait beaucoup mieux en terme de travail préparatoire, au sein d’une instance ouverte à toutes les parties intéressées : élus, bailleurs sociaux, associations de locataires et personnes qualifiées. Mais évidemment cela requiert de l’ouverture d’esprit, de la transparence, de la modestie et de l’humilité.

    Nous vous laissons, Monsieur le Maire, le soin de revoir vos méthodes.

    Pour l’heure, considérant que ce soir nous avons atteint l’inacceptable, notre groupe ne participera pas à cette nouvelle mascarade qui n’apporte rien aux Audoniens et représente même un déni démocratique.

  4. COMMUNIQUE de Droit Au Logement (DAL) 15/02/2022
    A propos du « Conseil municipal extraordinaire –
    objectif logements 100 % dignes et de qualité » du 14 février 2022

    Tout d’abord, cette réunion usurpe le nom de Conseil municipal car elle n’en a pas les règles : absence d’ordre du jour, absence de délibération, absence de documents fournis aux conseillers municipaux.

    À partir du 11 février, les échanges sur les réseaux sociaux ont souligné que les associations de locataires n’étaient pas été invitées ni en amont de cette réunion ni à cette dernière. Le vendredi 12 février en fin d’après-midi, le Dal Saint-Ouen reçoit par courriel, une invitation pour 2 personnes sans droit à la parole. Le lundi 14 février à 17h20, une nouvelle invitation nous propose d’intervenir 1 h 30, puis un correctif à 17h55 pour 1 mn 30 ! Ouf ! Face à une telle impréparation, le Dal Saint-Ouen n’a pas jugé bon de répondre à cette invitation et n’était pas donc pas présent à cette réunion municipale extraordinaire.

    Sur le fond, « l’objectif logements 100 % dignes et de qualité » proposé est partagé par le Dal. Toutefois, nous sommes inquiets sur la manière dont la ville entend travailler à cet objectif. Une subvention de 100 millions d’euros versée par l’Agence nationale de rénovation urbaine est annoncée pour rénover des logements sur les quartiers Émile Cordon (centre) et Vieux Saint-Ouen. À l’instar de ce qui s’est passé pour les Boute-en-Train, cela peut signifier aussi la destruction de logements sociaux avec le relogement des habitants et par conséquent un blocage de l’accès aux logements sociaux pour tous les demandeurs qui ne seront pas considérés comme prioritaires !

    Nous demandons donc à la mairie d’être plus transparente dans la construction de sa politique en matière de logement et appelons les habitants à se mobiliser pour protéger et promouvoir le logement social.

    15 février 2022
    Comité DAL SAINT-OUEN Voir moins

  5. J’ai visionné tardivement le fameux Conseil municipal extraordinaire sur le logement. Si l’opposition au sens large a fustigé cette mascarade, les bons camarades de la CNL (Confédération Nationale du Logement), ont cautionné par leur présence ce cirque anti-démocratique. Pour un peu Karim Bouamrane les aurait embrassé. Des “idiots utiles” selon la définition données par Wilkipédia : “de personnalités qui servent des desseins divergents de leurs représentations authentiques, et se trouvent , bien que peut-être de bonne foi, utilisées voire manipulées (tout en y trouvant leur compte).

  6. 351 millions d’argent public seront depensés dans “la transformation majeure du Vieux St-Ouen et de Cordon Monet”.

    L’ANRU souhaitait la destruction de mille logements.

    La municipalité de Saint-Ouen a obtenu que seuls 506 logements soient démolis.

    Les trafiquants de stupéfiants pourront donc garder leur emprise sur la population des deux quartiers Cordon et Vieux, et ils pourront conserver les lieux de stockage des produits.

    • @lecteur-stg

      Votre raisonnement est quand même proche de la caricature. Un peu de subtilité en la matière n’est pas n’est pas interdite. Le problème de la rénovation urbaine, ici et ailleurs, n’est pas de démolir pour chasser les dealers mais pour fabriquer de la ville avec de vrais espaces publics et espaces verts, des équipements dignes de ce nom, des commerces de proximité, une meilleure mixité sociale de la population et bien entendu une “résidentialisation”conjuguant qualité urbaine et sécurité.

      C’est une évidence :la rénovation urbaine ne règlera pas – en elle-même – tous les problèmes issus de notre société du chômage au trafic de drogue en passant par la formation des jeunes.

  7. Les 351 millions d’argent public se décomposent en :
    – 125,5 millions dépensés par l’ANRU
    – 14 millions dépensés par la ville de Saint-Ouen
    – 14 millions par l’ept Plaine Commune
    – 1,6 million par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis
    – 80 millions par Semiso
    – 13,5 millions par Antin Résidences

    Où la ville de Saint-Ouen-sur-Seine va-t-elle trouver 14 millions d’euros ? En augmentant les taxes foncière et d’habitation 2023 ?

    Les 506 logements sociaux démolis seront transférés au village olympique et dans la zac des docks.

    Même après la rénovation des 1348 logements il restera 65% de logements sociaux au Vieux et 50% à Cordon (contre 80% et 70% aujourd’hui).

    Quelle mixité sociale peut-il y avoir avec 65% de logements sociaux ?

    En 2026 après la rénovation urbaine, les trafiquants de drogue continueront de régner sur le Vieux, cette opération aura été un échec à cause de la volonté du Parti Socialiste de “garder l’identité de ces quartiers”, 351 millions d’argent public auront été dépensés pour rien.

    L’ANRU avait cent fois raison de demander la démolition de mille logements.

    • Ah,Ah,Ah : la censure de la Gauche bien pensante… dès que vous ne voyez pas apparaître votre commentaire en temps et en heure !
      Hélas, vous n’y êtes pas du tout : on était juste à la plage ! Faut bien faire une pause de temps à autres.
      Rassurez-vous nous continuerons à publier avec plaisir vos propos d’une Droite qui s’assume et qui reste quand même un peu dans la caricature (pour nous qui sommes des doux modérés).

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