Ce 23 novembre, une nouvelle opération de pure communication du maire entouré d’un aéropage de « personnalités ». Celles-ci, plus ou moins indispensables, ayant répondu poliment à son invitation. Sujet du jour : Les Puces “situation actuelle et perspectives d’évolution”. Au final, une longue et poussive causerie remâchant des problèmes connus de tous avec des vœux pieux et sans aucune stratégie et vision globale pour l’avenir.

Cette séquence, baptisée pompeusement « Conseil municipal extraordinaire »[1], a réuni pas moins de 10 intervenants qui ont délivré chacun un message (avant un échange avec l’ensemble des conseillers municipaux !).  Un ballet bien réglé avec par ordre d’apparition :

 Karim Bouamrane, Maire de Saint-Ouen ; Merry Liuzzo, adjointe au Maire en charge des Puces ; Leyla Temel, Vice-présidente de Plaine commune, déléguée au tourisme ; Eric Lejoindre, Maire du 18earrondissement de Paris ; Hugo Bevort, Délégué général au Grand Paris ; Monsieur Geoffrey Carvalhinho, Conseiller régional ; le commandant Durand, (représentant du Commissaire divisionnaire) ; Albert Rodriguez, Président du MAP association de marchands brocanteurs et antiquaires[2] ; Majdi Jeljeli, « Représentant de marchands de vêtements et accessoires »[3] ; Francis Dubrac, Président de l’office de tourisme, Plaine Commune-Grand Paris.

Pendant plus de deux heures, des prises de paroles plus ou moins inégales, pendant lesquelles certains intervenants semblaient ne pas être très à l’aise. Cet exercice pouvait laisser penser à de l’improvisation et de l’absence de coordination. Visiblement, seul Karim Bouamrane semblait lui, très satisfait. A tu et à toi avec tout le monde, reprenant, complétant ou précisant les propos des uns et des autres avec ses inévitables petites blagues. Une performance pour celui qui élu pendant 19 ans s’intéresse aux Puces plutôt de loin que de près.

Les élus de la majorité (avec un quota de 28 mn) sont intervenus en bon ordre de marche pour fournir précisions et réponses avant que les groupes d’opposition (dotés de 12 mn !) puissent faire entendre leur voix avec des questions et des remarques.

En résumé,

Des problématiques évoquées et qui sont les mêmes depuis une trentaine d’années :

• La sécurité des visiteurs et des riverains,
• La circulation difficile, porte de Clignancourt et avenue Michelet,
• Des problèmes de stationnements,
• La contrefaçon de vêtements et d’accessoires sur les stands des marchés dédiés,
• La signalétique insuffisante pour accéder aux différents marchés,
• Le non-recyclage des déchets générés par les commerces,
• La coordination difficile entre Paris et St-Ouen
• La promotion et la valorisation insuffisantes du site touristique
•  

Des débuts de réponses mais à renforcer par une volonté politique plus claire et engagée :

• 8 agents recrutés (brigade des Puces) pour la circulation et 6 fonctionnaires de la Police Nationale qui interviennent essentiellement dans la lutte contre la contrefaçon.
• La participation de la région à l’installation de 31 caméras de vidéosurveillance sur le seul Marché Biron et 14 sur le secteur Michelet.
• Des subventions de Plaine Commune (7 000 euros) et de la Région IdF (16 000 euros en 2020) pour aider à la promotion du site via internet
• Une inscription du site en 2021 pour obtenir un classement en Zone Touristique Internationale (ZTI) ainsi que celui du patrimoine mondial de l’UNESCO
• Des réunions entre les villes de Saint-Ouen et Paris pour partager des constats dans le cadre de la convention de coopération… Signalons que cela a déjà été fait depuis une quinzaine d’années sans avancées réelles.
• Une étude d’apaisement de la circulation du secteur centre-sud par Plaine Commune….

Pour les actions à venir, peut-être :

• Le réaménagement de l’avenue Michelet par le département (étude en cours)
• Le réaménagement des entrées de ville avec Paris (sur le linéaire des Portes) et un dispositif artistique (fresques et éclairage) pour les embellir
• Des bacs individuels à déchets pour le tri chez les commerçants volontaires
• Le retour de la brigade équestre pour sécuriser la rue Jean-Henri Fabre.
• La mutualisation des parkings avec la SEMISO
• Un plan de circulation pour désengorger les rues et favoriser les mobilités douces

Enfin, on ne manquera pas de remarquer que dans sa présentation d’ouverture de la séance, Madame Merryl Liuzzo a parlé des 3 projets structurants touchant le secteur des Puces : « le Stade Bauer, le Village des Rosiers et les Boute-en train ». Le premier et le second déjà en construction et le troisième avec une déconstruction annoncée. Il est curieux qu’aucun de ces projets n’est ensuite été évoqué alors que les trois sont d’une actualité évidente et auront un impact significatif sur le devenir des Puces.

Pour les curieux et très courageux, ils pourront à leur guise visionner cette « cérémonie » en replay sur le site de la ville de Saint-Ouen !

Les mandatures passent mais aucun maire ne semble comprendre que le site extraordinaire du Marché aux Puces devrait être central dans une stratégie politique municipale.  

Nous préfèrerons pour notre part, plutôt qu’un « spectacle », un conseil de quartier ou mieux : des études précises, une réflexion au sein d’une Commission extra-municipale et de groupes de travail (associant élus, experts, techniciens, commerçants et habitants). Un travail à bas bruit, transparent, des propositions précises, des arbitrages clairs avec des compte rendus réguliers. On peut rêver !

Dominique Garcia – Eric Pereira-Silva

[1] Une réunion « extraordinaire » pour la communication du maire  mais sans aucun attribut d’un Conseil municipal dont le fonctionnement est régit par le Code général de collectivités territoriales (CGCT) avec l’ensemble des délibérations transmises aux Conseillers 5 jours francs avant la séance (comme indiqué d’ailleurs sir le site de la ville( https://www.saint-ouen.fr/municipalite/le-conseil-municipal/163-mode-de-scrutin-et-fonctionnement.html ). Dès lors, les conseillers et notamment de l’opposition découvrent au dernier moment la tenue de cette réunion, les invités, l’ordre du jour, les documents projetés et les temps d’intervention des uns et des autres. Prochain épisode annoncé : un Conseil dit « extraordinaire » sur le logement (sans plus de précision).

Tant que l’opposition, ou plutôt les oppositions, continueront à cautionner par leur présence ce simulacre… la comédie durera.

[2] L’association MAP (« Marché aux Puces » puis récemment « Marché aux Puces de Paris-St-Ouen ») a succéder à l’ADPPSO, Association de Défense (puis de Développement) et de Promotion des Puces se St-Ouen) longtemps dirigée par William Delannoy). Il semble que tous les Puciers ne se reconnaissent pas forcément dans cette association.

[3] M. Jeljeli a été longtemps « Président » de « l’union syndicale des commerçants toutes catégories du marché Michelet aux Puces de St-Ouen ». Sa représentativité ne semble pas établie à ce jour. Il a été en conflit ouvert avec les municipalités conduites par Jacqueline Rouillon et William Delannoy. Il a été candidat (tête de liste) aux élections municipales de 2020 et a recueilli 112 voix (1%).