Red Star : entre Berezina et Remontada

Le Maire craint de perdre le contrôle

Le Parisien de ce 25 septembre 2021 titre « L’hypothèse de la vente du Red Star fait monter la tension avec la ville et nous apprend que « Le maire (PS), qui a fustigé la gestion du club de football, estime avoir son mot à dire sur le choix d’un potentiel repreneur. Quant au président, il a simplement nié toute volonté de vendre. »[1] 

Colère, plus ou moins feinte, de Karim Bouamrane envers son partenaire Patrice Haddad, Président du Red Star et actionnaire majoritaire qui pourrait vouloir vendre le Club.

Une intention surprenante ? Pas si sûr ! Sauf erreur, l’intéressé n’a jamais caché qu’il ne serait pas éternel et qu’il pourrait, le moment venu, récupérer son lourd investissement personnel initial dans le Club.

A ce jour un montage privé sous les auspices de la ville et de la Métropole (via la cession du terrain par la ville) a permis de sortir un projet avec un promoteur, lauréat d’un concours public : Réalités. Celui-ci dans cet accord scellé il y a un an, acquiert le foncier, assume les travaux, et se rémunère sur la gestion de la partie commerciale. En parallèle, il entre dans le capital du Club comme actionnaire minoritaire (17%) pour sécuriser un investissement lié aux « aléas du sport » (ici en l’occurrence marquer des buts).

La Ville, en acceptant ce montage, a vendu (26,5M€) et n’est plus propriétaire. Elle ne sort pas complètement du jeu mais c’est désormais les acteurs privés qui sont à la barre et qui portent financièrement ce projet. Ce n’est pas un pari gagné d’avance mais au moins ce n’est pas avec l’argent du contribuable. Evidemment le maire aura toujours son mot à dire mais, vérité de La Palice, moins que lorsque la ville était propriétaire.

Si le Président actuel du Club considère qu’à cette étape c’est le bon moment pour lui de « sortir », ce n’est pas ahurissant. Le projet est sur les rails et le promoteur-investisseur est en capacité d’élargir sa participation. Seul ombre au tableau, mais ce n’est pas la première fois dans l’histoire du Red Star, le « yo-yo » des résultats sportifs au plus bas aujourd’hui. Alors qu’on taquinait la montée en ligue 2, nous voilà en relégable de National ! (15ème sur 18 à la 8ème journée).

Karim Bouamrane par ailleurs passionné de foot, a beaucoup surfé médiatiquement sur ce dossier qui lui tient à cœur. Le tout enrobé d’une pseudo concertation citoyenne.

En évoquant notre future entrée en Ligue 1 comme toujours, il a beaucoup parlé en prenant ses désirs pour des réalités et manqué singulièrement de prudence. Sans compter qu’il est censé avoir « bordé » sur le plan juridico-financier toute cette affaire notamment à travers la vente du foncier et la mise au point du Permis de construire dont la signature dépend de la ville.

Au pied levé, Il souhaite profiter du Conseil municipal de ce jeudi 30 septembre pour demander aux « Présidents de groupe de se prononcer sur ce sujet » (!). Une suggestion :  annoncer sans attendre… qu’elle est la question exacte ?

Eris PEREIRA-SILVA 

 

Intervention de Karim Bouamrane sur facebooK

Karim Bouamrane

25 tsSermptnsembre, soscmera12:miuerh30  ·  

En Juillet 2020, le jour de notre élection, je me suis engagé avec la nouvelle majorité à rénover le mythique stade Bauer dont le dossier était gelé depuis 25 ans.

Novembre 2020 : la rénovation était officiellement actée. Tout est lancé sur le plan investissement public / privé pour que le club ait un nouveau stade moderne qui respecte les normes et l’histoire du club.

Septembre 2021 : notre club est en position relégable. La situation interne est inquiétante.

Aujourd’hui, nous avons toutes les planètes politiques, publiques et privées qui sont alignées pour faire du Red-Star un club phare de la Métropole.

Or si nous sommes en phase avec tous les dirigeants politiques : département, région et Métropole. Je suis très inquiet sur l’état sportif et structurel du club.

Mon rôle en tant que Maire est de tirer la sonnette d’alarme et d’arrêter cette lente descente aux enfers pour que nous repartions sur des bases qui permettront à notre club de cœur de retrouver la ligue 1 lors des prochaines années.

L’histoire du Red-Star, le patrimoine Red-Star et l’avenir du Red-Star sont adossés à celle de la Ville de Saint-Ouen-sur-Seine !

Comme avec le marché aux Puces, mon rôle est de tout mettre en œuvre pour préserver ce patrimoine qu’est le Red-Star !

C’est comme un bien public avec une utilité sociale car le club se doit de rendre nos habitantes et habitants heureux.

Je demanderai à l’ensemble des Présidents de groupe de se prononcer lors du prochain conseil municipal sur ce sujet.

https://t.co/9441SA0j4t

lien avec l’article ci-dessus terminant l’intervention de K. Bouamrane sur facebook.

Article du Parisien  du 24 septembre 2021

Décryptage

Seine-Saint-Denis

La possible vente du Red Star met le feu aux poudres entre le maire de Saint-Ouen et le président du club. Par Anthony Lieures  Le 24 septembre 2021 à 20h55

Karim Bouamrane, le maire (PS), dit avoir été informé de la mise en vente du Red Star et craint une transaction avec «un partenaire financier qui ne soit pas en phase» avec les valeurs de la ville. Actionnaire minoritaire, le promoteur Réalités se pose en candidat, avec une proposition à 7 millions d’euros. Patrice Haddad, le président, nie, lui, toute velléité de vente.

En 2020, il n’a pas été élu président du Red Star mais maire (PS) de Saint-Ouen. Pourtant, Karim Bouamrane estime avoir son mot à dire concernant le destin du club de sa ville, en difficulté en National et qui vient de se séparer de son entraîneur. Dimanche, dans le Journal du Dimanche, l’édile est allé jusqu’à mettre en doute les capacités du président Patrice Haddad à mener à bien son objectif de monter en Ligue 1 d’ici à 2024.

Cette semaine, il est revenu à la charge : « Je suis très inquiet, confie-t-il. La situation est chaotique. Sportivement, nous en sommes déjà à cinq défaites et depuis 2008, il y a eu près d’un entraîneur par an. Chaque année, on prie pour passer le contrôle de gestion de la DNCG. J’ai beaucoup de respect pour tout ce qu’a fait Patrice Haddad, mais j’ai peur qu’il n’ait pas les moyens de nos ambitions et cela se confirme avec la bérézina actuelle. »

L’ancien footballeur est-il dans son rôle en livrant son avis sur la gestion du club ? « Ce n’est pas le supporter qui parle, répond-il. C’est le rôle du maire de Saint-Ouen de s’inquiéter de la pérennité du patrimoine de la ville. Le Red Star, comme le marché aux Pucesen fait partie. Personne ne peut préempter leur histoire. »

La crainte d’une vente à un investisseur étranger

L’élu se dit surtout « informé » de la mise en vente du club. Et veut y mettre ses conditions : « Le Red Star n’est pas Facebook, Google ou une start-up. Je ne veux pas qu’il soit racheté par quelqu’un qui ne soit pas en phase avec nos valeurs. » En cas de session, il ne masque pas sa préférence pour l’acheteur : le groupe Réalités, avec qui ses relations sont au beau fixe. Le lauréat du concours de la Métropole pour la rénovation de Bauer avait été écarté par l’ex-maire (UDI) William Delannoy. La nouvelle municipalité l’a remis au centre du jeu, en lui cédant le stade puis en lui confiant sa transformation.

Actionnaire minoritaire (17 %), le promoteur est-il candidat au rachat du club ? « Oui, annonce ce vendredi son PDG Yoann Choin-Joubert. On veut lui permettre de devenir structuré, stable et puissant. Cela peut aussi passer par une augmentation de capital pour consolider ses fonds propres. » Lui aussi dit avoir été informé de sa mise en vente : « Au moins cinq banquiers et avocats m’ont dit que le président leur avait proposé. »

L’actionnaire est donc allé trouver Patrice Haddad il y a 15 jours pour lui faire une proposition « les yeux dans les yeux », une offre à 7 millions d’euros : « C’est un vrai prix pour un club de National, respectueux vis-à-vis de Patrice. » Ce à quoi le président lui aurait fait une contre-proposition « entre 15 et 20 millions d’euros ». « Qui pourrait être assez fou pour payer ce prix ? interroge le PDG. Je ne veux pas qu’on fasse de la surenchère capitalistique. »

Karim Bouamrane craint que le club puisse être cédé à des investisseurs qui voudraient « faire de l’argent sur la marque Red Star. » Il prend l’exemple de clubs « vendus à des fonds dont on ne connaît pas le propriétaire, où il y a des actionnaires ici et là. Et du jour au lendemain, tout peut s’arrêter. » Yoann Choin-Joubert est sur la même ligne : « Mais si quelqu’un de républicain et transparent propose 20 millions d’euros, j’applaudirai. »

Quant au maire, il reconnaît n’avoir « aucun moyen juridique » pour peser sur le dossier. « Mais quand Patrice Haddad me dit : C’est un projet privé, vous n’avez rien à dire. Je lui réponds que le Red Star est une association que nous hébergeons et subventionnons depuis plus d’un siècle. » Il rappelle que le centre d’entraînement à Marville « appartient au département », dont il est vice-président. Et prévient qu’il pourrait « s’opposer » à ce que le club joue à Bauer s’il y a un doute sur les valeurs du repreneur. Même si la ville n’en est plus propriétaire.

« Je ne suis pas vendeur », assure Haddad

Ce vendredi, Patrice Haddad a lui tenu à réagir par écrit, niant tout désir de vente : « Ce n’est pas parce que je reçois des marques d’intérêt que (le club) est à vendre. » Concernant les sommes avancées par le PDG de Réalités, il dit avoir « donné un chiffre qui signifie que je ne suis pas vendeur, insiste-t-il. Je ne suis pas naïf de l’intérêt suscité par le Red Star aujourd’hui, mais personne n’en voulait lorsque je l’ai repris en 2008. Il avait été miné par des liens entre la politique et les promoteurs. Il est aujourd’hui bien plus attractif, j’imagine que le travail que nous avons accompli y est pour quelque chose. »

Il défend donc son bilan, rappelant que depuis 2015, son club est à nouveau professionnel, ce qu’il n’était plus depuis 1998. « C’est avec les moyens que je mets qu’il est monté à deux reprises en Ligue 2 depuis cinq ans, qu’il a vu ses comptes validés par la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion de la Ligue de football professionnel), y compris dans la période du Covid. Je comprends que le maire ne soit pas réjoui des résultats, mais après plus de douze ans à la tête du Red Star, j’ai le cuir assez épais pour prendre le recul nécessaire quant aux aléas sportifs. Ce n’est pas un début de saison difficile qui va changer notre ambition de retrouver l’élite du foot français au plus tôt. »

[1] Dans l’édition numérique le même jour à 20h55 (échanges avec les communicants de la ville ?), l’article commence par : « La possible vente du Red Star met le feu aux poudres entre le maire de Saint-Ouen et le président du club »

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5 réflexions sur « Red Star : entre Berezina et Remontada »

  1. ” Karim Bouamrane craint que le club puisse être cédé à des investisseurs qui voudraient « faire de l’argent sur la marque Red Star. » Il prend l’exemple de clubs « vendus à des fonds dont on ne connaît pas le propriétaire, où il y a des actionnaires ici et là. Et du jour au lendemain, tout peut s’arrêter. » Yoann Choin-Joubert est sur la même ligne : « Mais si quelqu’un de républicain et transparent propose 20 millions d’euros, j’applaudirai. »

    Quels fonds dont le propriétaire est inconnu ?
    Un état du golfe ou un fond de pension sont ils républicains ?

  2. Avant juillet 2020, l’ancienne municipalité avait postulé pour que le stade Bauer puisse être rénové grâce au dispositif Inventons la métropole. Mais le cahier des charges imposait la vente du foncier à l’investisseur. Il aurait donc fallu être plus prudent quant aux conséquences de ce projet qui devenait entièrement privé…Agiter le drapeau de la montée en ligue 1 était pour le moins présomptueux d’autant que la municipalité n’a rien à voir avec la politique sportive du club. Comment le maire peut-il demander aux présidents des groupes du CM de se prononcer sur un sujet qui ne les concerne pas?!

    • Lu dans l’Equipe :
      National : le Red Star est-il à vendre ?

      Patrice Haddad (à gauche) est président et actionnaire majoritaire du Red Star. (S. Mantey/L’Équipe)
      Selon Le Parisien, le maire de Saint-Ouen et le promoteur du stade Bauer ont été informés de la mise en vente du Red Star (National). Son patron, Patrice Haddad, a refusé une offre de 7 M€ et dément toute intention de cession.
      25 septembre 2021 à 00h18

      Auteur d’un match nul ce vendredi soir sur la pelouse de Bastia-Borgo (2-2) et 15e du classement du National, le Red Star joue peut-être aussi actuellement son avenir en dehors des pelouses. Selon Le Parisien, le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane (PS), dit avoir été « informé » de la mise en vente du club de Seine-Saint-Denis et explique vouloir s’assurer qu’il ne soit pas racheté « par quelqu’un qui ne soit pas en phase avec nos valeurs ».

      Actionnaire minoritaire à hauteur de 17 %, le promoteur Réalités – chargé de la rénovation du stade Bauer dont il est devenu propriétaire – révèle au quotidien francilien par la voix de son PDG, Yoann Choin-Joubert, avoir formulé une offre de rachat de 7 millions d’euros. Une proposition refusée par Patrice Haddad, président et actionnaire majoritaire du Red Star, qui dément toute intention de cession : « Ce n’est pas parce que je reçois des marques d’intérêt que (le club) est à vendre », a-t-il assuré. De son côté, Choin-Joubert avance qu’« au moins cinq banquiers et avocats [lui] ont dit que le président leur avait proposé » la mise en vente du club.

      publié le 25 septembre 2021 à 00h18

      • VSO

        communiqué de la municipalité
        Vendredi 1er octobre 2021

        Communication de la Ville sur la situation du Red Star, à l’issue de la séance du Conseil municipal du jeudi 30 septembre 2021.

        Lors du conseil municipal du 30 septembre 2021, Karim Bouamrane, Maire de Saint-Ouen-surSeine, a effectué une communication sur la situation du Red Star.

        Au regard des informations circulant sur l’hypothèse d’ouverture du capital et de vente du club, le maire a rappelé la nécessité que la Ville soit consultée, compte tenu du rôle et des implications éducatives et financières des collectivités dans la vie du club. En effet, l’école du foot accueille plus de 700 licencié·e·s dont une majeure partie d’enfants. De même, les collectivités (Ville, Département, Région) financent l’école et le club professionnel à hauteur de 600000 euros.

        Le maire, garant de la bonne utilisation des fonds publics, a ainsi rappelé toute l’attention qu’il portait à l’avenir du Red Star.

        C’est en ce sens que la Ville, qui a vendu le stade pour 26,5 millions d’euros (prix défini par les Domaines), a porté des exigences environnementales et sociales auprès du porteur du projet de rénovation du stade Bauer, avec le refus du naming et une tarification accessible à tous. Cela doit permettre de bénéficier d’un équipement ouvert à tous les acteurs du club et à la population.

        Les présidents de groupe qui se sont exprimés sur le sujet ont validé la proposition du maire d’inviter le président du club à venir présenter son projet pour le club.

        Cet échange pourra être l’occasion d’associer le propriétaire du stade ainsi que les représentants des supporters et les riverains.

        Contact Presse: Anaïs Bouhloul – 0761867542

  3. Dans ce communiqué municipal peu clair, des questions subsistent.
    Concernant la participation financière des collectivités finançant le club et l’ecole de foot, le maire lors du CM, a parlé de 190 000 euros pour l école de foot par la municipalité. Reste 80 000 euros pour le Red Star Lab et 320 000 euros du département dont on ne sait pas qui finance pour le premier et pourquoi pour le second.
    Les présidents de groupe n’ont pas fait que valider la proposition du maire….S.Vallée, président du groupe A Gauche, a souligné que le débat entre le club et le propriétaire Réalité sur leur stratégie économique et sportive professionnelle ne concernaient pas les élus….seule la partie amateure de l école de foot financée par la ville demande une transparence pour les audoniens. Quant à la discussion collégiale souhaitée avec le président du club et le propriétaire du stade, pour quoi faire si ce n’est entrenir des relations de bon voisinage…..à moins qu’un contrat est entériné les exigences environnementales et sociales pointées par le maire.

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