ANRU, y es-tu ?

Tout arrive à qui sait attendre !

La « rénovation urbaine » des logements sociaux des « cités » au sein du quartier du Vieux Saint-Ouen et de Cordon-Monet (quartier mairie) [1], est désormais sur son aire d’envol. Engagée à Saint-Ouen depuis au moins 2012 [2], cette affaire au long cours rentre dans une phase décisive avec le bouclage du dossier final vers la mi-2021.

Celui-ci sera alors soumis au bras armé de l’Etat en la matière :  l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU). A la clef : la validation du projet début 2022 avec les financements correspondants au projet [3]. Suivront, progressivement, études pré opérationnelles, passation des marchés, chantiers de démolitions et de constructions. Avec, en parallèle, le processus de relogement. Fin affichée de l’opération 2031 !

Un projet, non connu à ce jour, sensé intégrer la « concertation » des habitants d’octobre 2017 à juin 2018, avoir digéré une bonne quinzaine d’études diverses (cf. liste en annexe**) et… tenir compte de l’avis éclairé de l’équipe municipale élue depuis seulement six mois.

Une opération de grande ampleur, sous l’autorité de Plaine Commune qui a la compétence institutionnelle et pilote les projets des villes portés par leurs élus respectifs[4]. Les financements pour une restructuration complète de ces cités[5] et en faire de « vrais » quartiers de ville, sont conditionnés par des orientations nationales plus ou moins modulables et négociables. Sans déroger à l’objectif d’un restructuration forte et durable du bâti et de permettre une réelle mixité sociale. Si on comprend bien les tableaux financiers d’origine : une opération globale pour un montant total autour de 290 millions d’euros !

On parle ici, comme ailleurs dans d’autres villes : démolitions et nouvelles constructions de logements, équipements publics, performances énergétiques des bâtiments, baisse des charges locatives, accession à la propriété, réaménagement ou créations d’espaces publics et d’espaces verts, revalorisation des commerces… Le tout reposant sur les financements, réellement obtenus et la délicate question du relogement de nombreuses familles [6]. Un relogement dans des conditions acceptables au sein du quartier, dans la ville ou « ailleurs »[7]. Ceci supposant une étude fine et donc longue de chaque dossier de relogement.

Précédente municipalité aux abonnés absents sur le sujet, longue campagne électorale, changement d’équipe municipale, crise sanitaire… ce dossier majeur pour la ville est passé aux oubliettes pour de nombreux habitants de la ville. En effet, depuis juin 2018 et la fin de la « concertation » officielle[8] c’est silence radio[9].

Ceux qui continuent à se faire du mouron sont bien entendu les locataires de ces cités qui ne savent pas « à quelle sauce ils seront mangés ». En clair : s’ils devront – eux – déménager un jour, pour aller où et dans quelles conditions. Avec une échelle de temps – une décennie – difficile à appréhender pour les familles.

Dès lors, on attend avec impatience pour y voir clair. Notamment quel est LE « scénario » retenu pour le Vieux St-Ouen et celui pour Cordon Monet. Combien de relogements[10] prévus et quels principaux programmes pour accueillir les familles concernées ?[11] Quel est précisément le nouvel équilibre entre le logement social et l’accession à la propriété [12] sur chaque site ?

Le dialogue, la concertation ce sont d’abord des informations claires et accessibles pour tous.

Le Maire a annoncé un prochain Conseil municipal « extraordinaire » sur ce sujet. En attendant « surprise du chef » et de dernière minute : une heure d’échanges entre les élus municipaux ce 8 février avant d’aborder… l’ordre du jour officiel du Conseil municipal ! Méthode un peu étrange.

A ce stade, ce dossier sensible mérite peut-être mieux qu’une grande messe ou un échange improvisé comme un lapin sorti du chapeau. En tout cas, nous plaidons ici pour faire simple en répondant à quelques questions de base [13] :

Où en est-on aujourd’hui ? Qu’est-il déjà décidé et par qui ? Quelles sont les prochaines étapes ? Comment seront associés les habitants tout au long d’un chantier d’au moins une décennie ?

Eric PEREIRA-SILVA

[1] Cette opération s’inscrit dans le Nouveau Programme de Rénovation Urbaine (NPRU) de l’ANRU sous le nom de « Saint-Ouen – L’Ile St-Denis ». Ces deux villes sont en effet interdépendantes compte tenu de la proximité des quartiers concernés (cités Marcel Cachin et Marcel Paul et Vieux Saint-Ouen), du complexe de l’Ile des Vannes et d’un bailleur en commun (OPH St-Ouen Habitat/Semiso).  Saint-Ouen longtemps inéligible aux financements ANRU, a notamment renforcé son éligibilité en s’associant à l’Ile St-Denis. Par ailleurs Saint-Ouen, en accord avec l’Ile St-Denis, envisage la cession du patrimoine de l’OPH St-Ouen Habitat / Semiso) situé sur le territoire de l’Ile St-Denis à Seine St-Denis Habitat (Office HLM du Département 93).

[2] De 2012 à 2013 des études ont été pilotées sur Cordon-La Motte-Taupin intitulées « Rénovation Urbaine et sociale » avec différents scénarios démolitions-constructions. Des réunions publiques de concertation ont été organisées. La maîtrise d’ouvrage était assurée par l’OPH Saint-Ouen Habitat, bien évidemment sous l’autorité de la majorité municipale à laquelle participait Karim Bouamrane.

[3] Echéances à confirmer car issues notamment de discussions informelles avec des élus d’autres villes et de Plaine Commune plus ou moins proches du dossier.

[4] Les élus qui suivent précisément ce dossier ANRU à St-Ouen sont le Maire bien entendu, l’adjoint à l’urbanisme Adel Ziane et sans aucun doute Sébastien Zonghero (élu au logement). Espérons-le aussi un peu suivi par les 11 autres élus résidant dans les quartiers concernés (5 sur Cordon-Monet et 6 au Vieux St-Ouen) qui animeront les futurs « Conseils de quartiers ».

[5] Restructuration physique du bâti mais aussi sociale avec un nouvel équilibre (qu’on attend de connaître) entre le logement social et en accession (avec l’arrivée de couches moyennes comme aux Docks). 

[6] Des familles souvent très modestes et vulnérables dont la situation économique s’est fortement aggravée avec la crise sanitaire.

[7] Les relogements font, sauf erreur, dans le cadre de l’ANRU, l’objet d’un examen détaillé, personnalisé sur la base des souhaits des familles en intégrant leurs capacités financières (notamment un total loyer + charges équivalent).

[8] Une concertation très formelle tournant parfois à l’animation infantilisante, sans appui réel sur les personnes ressources ou les amicales de locataires. Et évidemment avec le fiasco des « habitants tirés au sort ».

[9] Silence radio, si ce ne sont que quelques entrefilets dans les programmes électoraux au mieux quelques lignes. Pour « Réinventons Saint-Ouen » (K. Bouamrane) :

Engagement n° 69 p9 –  Quartier Vieux St-Ouen – « Construire une vision concertée de la rénovation urbaine : s’assurer d’un quota de logements dédiés en priorité aux habitants de Saint-Ouen dans le cadre du Village Olympique.

Engagement n°83 p9 – Quartier Cordon-Centre : Réhabiliter les logements sociaux dans le quartier Emile Cordon et La Motte, en lien avec l’ANRU, en luttant contre les punaises de lits et la prolifération des rats ».

[10] On parle (à confirmer) de 500 relogements au total (Vieux St-Ouen + Cordon-Monet) qui devront être effectués progressivement. Dans l’étude de mars 2018 (cf. tableau ci-après) si on croise les scénarios on peut dénombrer 463 logements démolis environ (donc autant de relogements) et 690 logements reconstruits soit un solde de + 227 logements environ (cf. tableau ci-après ***)

[11] A vérifier : deux programmes importants à Saint-Ouen pourraient absorber une partie des relogements la partie parc social du Village Olympique (à partir de 2024) et dans la dernière phase des Docks côté Victor-Hugo,

[12] L’accession à la propriété ne remet pas en cause le caractère public de l’opération. Comme dans une ZAC, la collectivité, sur la base d’un cahier des charges, devra désigner et encadrer les promoteurs privés en charge des programmes en accession. En rappelant, que cette cession du foncier contribue aux aménagements et la réalisation des équipements publics pour tous. Pour mémoire ce fut le cas pour d’autres opérations à Saint-Ouen. Les Docks bien sûr, mais bien avant, du temps des municipalités à majorité communistes de Paulette Fost, pour Ottino-Vaillant ou Edouard Vaillant par exemple où des logements en accession côtoient les logements sociaux dans une même opération.

[13] Accessoirement, il serait souhaitable que les audoniens puissent accéder sur le site de la ville aux études préliminaires qui ont permis de construire ce projet Cf. liste ci-après) 

Etat d’avancement du projet de Rénovation Urbaine (St-Ouen-Ile Saint-Denis)[13]

** LISTE DES DES ETUDES PRELIMINAIRES
2012-2013 : Etudes et « concertation » par l’OPH Saint-Ouen Habitat
2016-2018 : Protocole de préfiguration Plaine Commune – ANRU/Etat
2017-2018 :  Cycle des ateliers urbains information « concertation » (sept.2017-juin 2018)
2017- 2019 : Etudes pour l’élaboration du projet de Rénovation urbaine : 
Pilote : Plaine Commune -Direction de l’Habitat- et (prestataires) :
– Charte rénovation urbaine soutenable (Une fabrique de la Ville),
– Diversification de l’Habitat (Adéquation / Ville et Habitat),
– Conférence intercommunale du logement et observatoire du logement social (Géo Conseils),
– Parole habitante dans la construction du projet (Cityside),
– Etudes urbaines Cordon et Vieux St-Ouen (Germe et Jam)
– Assistance à Maîtrise d’ouvrage montage opérationnel (Perspectives Urbaines, Philippe Basseti),
– Etude technique du patrimoine bâti (Alarea),
– Enquête sociale, résidentielle et d’occupation (Le Frêne),
– Historique et patrimoniale (JB Crmmitzer),
– Bien être dans l’espace public (La Condition Urbaine),
– Commerces (Pivadis),
– Potentiel de développement économique (Hank),
– Stationnement-circulation (Transitec),
Pilote : Ville de Saint-Ouen -Direction des Bâtiments et de l’Architecture-
– Diagnostic sommaire des équipements (Direction des Bâtiments et de l’Architecture),
– Etude prospective sur les équipements (Alphaville).
Extraits dossier NPRU (191 pages ) “Comité de pilotage Anru intercommunal ” 20/12/2017

Source idem : mise en forme des données par Soigne ta Gauche ! Avec le calcul d’un scénario moyen (théorique). 

Source  n° Hors série d'”En Commun” le magazine de Plaine Commune  : “Rénovation urbaine 20 ans pour changer nos quartiers”. 

Extraits dossier NPRU (191 pages ) “Comité de pilotage Anru intercommunal ” 20/12/2017: (synthèse des données par Soigne ta Gauche ! )

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2 réflexions sur « ANRU, y es-tu ? »

  1. En 2021 les droits tv du football professionnel ont diminué de moitié.

    La billetterie ne rapporte plus rien.

    Les sponsors quittent les clubs de ligue 1 et 2.

    La revente de joueurs ou mercato ne fonctionne plus et ne ramène plus d’argent.

    En 2020 la ligue de football professionnel a perdu 1,3 milliards d’euros (cf document interne LFP).

    Avec les salaires actuels le football professionnel n’est plus viable économiquement.

    En droits tv il ne restera que des miettes pour les clubs de Ligue 2.

    Avec quel argent le RED STAR équilibrera-t-il ses comptes ?

    Les contribuables audoniens n’ont pas à financer le football professionnel.

    Il est injuste de faire payer en impôts locaux la rénovation d’un stade Bauer qui ne servira qu’à treize joueurs deux fois par mois.

    La rénovation du STADE BAUER est une folie financière.

    Il vaut mieux investir cet argent dans des équipements sportifs qui serviront à tous les audoniens (piscine, stade d’athlétisme, salle de gym, etc.)

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