Du sang et des larmes

Trafic cité Soubise : deux jeunes exécutés

Dans la nuit de lundi, nouvelle tragédie dans notre ville avec la mort de Tidiane Bagayoko (17 ans) et de Sofiane Mjaiber (25 ans)[1], tous deux abattus et retrouvés dans une cave ensanglantée d’une des tours. Un autre jeune de 16 ans a par ailleurs reçu un tir aux jambes  à proximité d’où s’est déroulé le drame. Douze personnes auraient été mises en garde à vue. Pour mémoire, toujours au Vieux Saint-Ouen, début juillet un homme d’une trentaine d’années était touché de plusieurs balles dans le dos.

Un nouvel épisode de la guerre des territoires pour le trafic de drogue dans notre ville. Comme toujours la consternation, la tristesse, la peur et la colère sont au rendez-vous dans ces « cités » où vivent les habitants les plus modestes.

L’émotion est d’autant plus vive que Sofiane Mjaiber était un jeune engagé dans la vie locale. Il avait participé à la campagne électorale des élections municipales. Selon Le Parisien, « il était membre de l’association Citoyens solidaires » et – on l’apprend par l’article de ce mercredi 16 septembre – qu’ « il avait pris sa carte au Parti communiste », et « repris ses études en BTS ». Toutefois, à ce stade de l’enquête, une grave insinuation de ce même journal : « une source proche du dossier affirme que (…) Sofiane était identifié comme le chef du réseau local du trafic ». Parmi ceux qui l’ont connu et encore sous le choc,  une affirmation qui relève de la fiction ou de la pure diffamation.

En tout état de cause et quelques soient leur parcours, leurs fréquentations ou leurs erreurs éventuelles, rien ne justifie de mourir ainsi dans la fleur de l’âge. C’est un drame effroyable, pour les familles, une blessure pour notre ville et ses habitants.

La déclaration sobre et solennelle du maire a fait référence une fois encore à l’objectif d’ « excellence ». A l’évidence, on en est loin. Certes, « quand le sage montre la lune l’imbécile regarde le doigt » mais, pour notre part, nous regarderons surtout le chemin proposé pour l’atteindre. Pour l’heure, l’urgence est de monter réellement « une marche » de l’escalier en termes de sécurité, de reconquête de nos cités et de leur jeunesse.

Les forces de police, obtenues il y a peu et déployées sur le terrain seront les bienvenues pour la tranquillité publique. Toutefois, l’état de siège et tous les bataillons de forces de l’ordre ne suffiront pas à endiguer la gangrène du trafic qui prospère sur la misère et l’abandon des populations les plus fragiles. Il faudra aussi transformer en profondeur ces quartiers en s’appuyant sur la « Rénovation Urbaine »[2] financée par l’Etat. Que la ville donne – enfin – la parole aux citoyens qui en ont été privés depuis au moins ses six dernières années.

La légalisation de la consommation du cannabis n’est évidemment pas une solution magique sur le plan de la santé. Elle ne règle pas le problème des drogues « dures » ou des reports de la délinquance dans un contexte de chômage massif. Elle reste néanmoins la moins mauvaise solution pour créer un choc économique, casser le trafic actuel de proximité avec son cortège de violences et de morts.[3]

« Dépénalisation / légalisation », Le 10 mai 2016, un débat était organisé à Mains d’œuvres par l’association Agir pour Saint-Ouen présidée par Karim Bouamrane avec notamment Bruno Le Roux (Député de St-Ouen) et Daniel Vaillant Député du 18ème (ce dernier étant favorable à la légalisation).

Ce débat n’est donc pas tabou et il serait heureux que notre nouveau maire avec sa majorité (dont EE-LV favorable à la légalisation), revisite cette question récurrente pour faire entendre la voix des habitants de notre ville au niveau du national[4].

Eric PEREIRA-SILVA [5]

[1] le premier étant selon le Parisien de la cité Arago et le second de la cité Soubise

[2] la « Rénovation urbaine » qui n’est pas simplement une histoire de démolitions et de réhabilitations mais aussi des équipements publics nouveaux ou rénovés, des espaces publics de qualités (pistes cyclables, espaces verts), une montée en gamme du commerce, des relogements à « reste à charge » (loyer + charges) équivalents, une mixité sociale avec du logement en accession « accessible », des instances de concertation, des élus engagés sur le terrain…

[3] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/02/faut-il-legaliser-le-cannabis-vingt-arguments-pour-se-forger-une-opinion_5484277_4355770.html Extrait : Une pénalisation qui alimente le trafic : le fait que l’usage du cannabis soit pénalisé alimente avant tout les réseaux de trafiquants de drogue. Ceux-là gagnent des centaines de millions d’euros avec un trafic qui pourrait être légalisé par l’Etat, tandis que la plus grande partie des personnes interpellées le sont pour usage de cannabis.
Les trafics, bien implantés dans certains territoires, rendent la vie impossible à de très nombreux habitants, qui en appellent à la légalisation.

[4] Sur le plan national selon un sondage du Figaro d’avril 2019 : 46 % des français étaient favorable à la légalisation…

[5] En la matière, ces lignes n’engagent que l’auteur de cet article (qui n’a fumé que 4 ou 5 joints avant d’arrêter sa consommation à l’âge de 20 ans !).

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6 réflexions sur « Du sang et des larmes »

  1. On a pas tous un parcours sans accident.

    Dans la vie on commet parfois des erreurs.
    Même si je dis bien si ce jeune homme a commis des erreurs et bien il avait repris un bon chemin

    Facile de lui jeter la pierre il n est plus là aujourd’hui.

    Moi en tant que maman je vois une famille en deuil .

    Une vie arrachée.
    Pourquoi cette violence ?

  2. Terminer cet article par une suggestion de l’égalisation est une belle fuite en avant car c’est éluder les aspects sanitaires, et encore moins donner de la formation, du travail et relever les minimas sociaux…
    Quant aux pays producteurs, pourquoi ne pas parler du Roi du Maroc et de son gouvernement qui ne peuvent pas ignorer cette production sur leur sol national.
    Le Maroc dépense beaucoup en armement alors qu’il n’est pas en guerre , sauf si on oublie le peuple sarahoui.
    Je ne rappellerai pas le déclin des moyens de la douane française commencé sous Nicolas S. Quant à la justice, le couple Benalla et Macron ont montré les connivences coupables et le mépris de la justice de la République,
    L’enquête devrait connaître quelques rebondissement.
    Rappelons que ce n’est pas un problème de joint mais un terrible évènement criminel, et qu’avant tout ce trafic est à la croisée des chemins, du grand banditisme, de la traîte des êtres humains, du trafic d’armes et du terrorisme, et que dans quelques cités de notre ville, ses acteurs pourrissent la vie des gens, dégradent les lieux communs et renforcent l’insécurité
    N’ayons aucune complaisance avec eux et ceux qui en croquent.

  3. Je suis d’accord qu’il faut qu’il y ait un débat sur la légalisation. Moi, personnellement je suis contre car j’ai vu les dégâts qu’occasionnait le cannabis sur les collégiens, de 4e notamment.
    Mais je trouve particulièrement erroné de prétendre qu’il faut la légalisation pour faire baisser le trafic et la violence parfois mortelle qu’il provoque.
    Croyez-vous qu’avec la légalisation les bandes se dissolveront et la vente cessera?
    ça sera une course à qui présentera le meilleur produit et au prix le plus intéressant.

  4. Honte à la mairie,
    Annulation du feu d artifices, hommages aux victimes et marches blanches…
    Il s agit de dealers et le maire qui provient du PCF et la majorité ayant amenée la ville à cet état de déliquescence…
    De nombres usés affaires émaillent la gauche audonienne toujours avec le spectre du deal ou de traffics peu reluisants ayant menés même à des peines de prison…
    Vous pouvez aussi vous interrogez du scandale des commerces des docks non loués et qui appartiennent à un consortium luxembourgeois…
    Au chargé à la sécurité et le trafic d armes, à l arrestation d un membre de la famille de l ex mairesse mais aussi d un membre de l équipe de l actuel maire arrête deux fois en une semaine avec drogue et scooter volé!
    Non les vrais victimes ne seront pas à cette marche elles seront chez elle dans les immeubles pris en otage par ces dealers et leurs proches/familles.
    Nous demandons justice et enquête sur un trafic aux allégeances politiques locales de plus en plus concrètes.

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