Municipales : Emiettement sans discernement (chapitre 4)

Nous allons clore provisoirement, cette chronique sur les candidats et les listes potentielles pour les élections municipales à Saint-Ouen. Un exercice attendu concernant la liste « A Gauche ! » issue d’une dynamique à laquelle nous avons contribué et qu’a priori, sauf rebondissements inattendus, nous continuerons de soutenir. Elle illustre la diversité de la Gauche, une volonté méritoire de rassemblement et encore des contradictions. Ses adversaires attendent ici des critiques assassines, ses nouveaux zélateurs des louanges religieuses. Nous tenterons de décevoir un peu les deux.

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Avec son « cavalier seul » initial, Karim Bouamrane (liste PS, « EELV »[1]) a refusé tout rassemblement (sauf « derrière » lui). Dans ces conditions, la Gauche locale de Génération.s[2] à la France Insoumise (en passant par le PCF, Soigne ta Gauche et des écologistes[3]) a tenté de s’unir sur une 2ème liste « unitaire » en s’appuyant sur des citoyens non encartés mais engagés. Un processus parfois tortueux qui a conduit, impulsé par le PCF[4], à la « fusion-absorption » d’ « Alternative 2020 » (créée en janvier 2019) avec le tout nouveau « Printemps Audonien » (créé en septembre 2019) qui éclatera en trois listes distinctes conduites respectivement par Jacqueline Rouillon, Laurie Lefèvre-Santolini et Denis Vemclefs.  

C’est donc cette dernière liste «  A Gauche ! » sur laquelle nous achèverons ce descriptif des forces en présence à ce jour[5]. Une liste qui s’est façonnée, transformée, renouvelée dans un processus de compromis subtils au fil des semaines. On est désormais proche de l’épilogue.

D’« Alternative 2020 » à la liste « A Gauche ! » en passant par le « Printemps audonien ».

Juin – décembre 2018 : sur invitation personnelle de ses adhérents, de leurs amis et de plusieurs personnalités[6], Soigne ta Gauche[7] lance une série de cinq ateliers participatifs[8] sur le contenu d’une alternative municipale[9] et l’idée d’une liste hybride associant des partis politiques et des citoyens actifs non encartés dans un nouvel équilibre.  Ceux-ci rassembleront plusieurs dizaines de personnes dans des échanges très constructifs et prometteurs.

Janvier – septembre 2019 : Ces rencontres encourageantes conduisent, avec le collectif autour notamment de Denis Vemclefs, à la signature d’un appel d’une trentaine citoyens (la plupart non encartés)[10] pour une « Alternative en 2020 ». Ses signataires s’exprimeront sur la nécessité d’un rassemblement à Gauche, lors d’une présentation publique à l’occasion des vœux le 30 janvier 2019.

Suivront au fil des mois de multiples groupes de travail (autonomes) et des restitutions publiques réunissant plusieurs centaines de personnes dont le PCF (qui rejoindra le collectif en juin). Le tout avec un comité de coordination représentatif et pluriel, dans un climat apaisé, serein et pour tout dire fraternel. De nombreuses propositions seront synthétisées et couchées sur le papier.

En parallèle, les élus d’opposition ferrailleront contre le maire et sa majorité, des membres de Soigne ta Gauche poursuivront une action déterminée contre le projet Wonder tandis que Génération.s prendra l’initiative d’un rassemblement très unitaire contre le projet de Grand Hôpital à Garibaldi. Le PCF poursuivra son action avec d’autres contre la fusion-absorption de l’office Hlm par la Semiso.[11]

Septembre 2019 – décembre 2019 : réunion publique le 28 septembre d’Alternative 2020 sur le projet et le programme et présentant une quinzaine de personnes esquissant le socle d’un nouveau dispositif municipal[12]. En parallèle à l’initiative de la France Insoumise, de divers petits collectifs, et du PCF est lancé l’ « appel du 30 septembre . Celui-ci mettant sur les rails un nouveau rassemblement qui sera baptisé ensuite « Le Printemps Audoniens »[13]. Il « intègrera » en son sein Alternative 2020 et beaucoup de ses soutiens mais des défections.

Du sérieux et laborieux, on basculera alors dans une séquence beaucoup plus « décoiffante » sur fond de « dégagisme » et d’une défaite réputée acquise du maire. Votes en assemblée générale, rejet des partis, manœuvres de vieux briscards de la politique, des éléments de programme souvent irréalistes, affrontement stériles… la participation active et sincère de nombreux citoyens de sensibilités diverses ou les propositions intéressantes n’y feront rien. Tout se finira dans la guerre des places[14], avec notamment 13 candidats au poste de maire[15] (!), des portes qui claquent et des chassés-croisés d’une factions à l’autre[16]. Le Printemps Audonien n’a donc pas passé l’hiver et s’est échoué sur la trêve des confiseurs[17].

« A Gauche ! » Pour une ville solidaire et écologique

Certes, ce fiasco était quelque peu prévisible mais la tentation de s’unir, à tous prix, a été plus forte que tout, tant l’hypothèse d’un nouveau mandat de la Droite est insupportable pour beaucoup. L’échec de la préemption du « Printemps audonien » par la France Insoumise et Jacqueline Rouillon les a conduit assez logiquement à constituer leurs propres listes. C’est au moins, une clarification utile à ce stade.

Pour l’heure, une nouvelle liste issue de cette recomposition de la Gauche a vu le jour. Conduite par Denis Vemclefs (élu d’opposition non encarté), elle intègre des composantes d’ « Alternative 2020 » (citoyens non encartés, PCF, Soigne ta Gauche, Génération.s[18], des adhérents d’EE-LV[19] et d’autres) avec un équilibre qui devrait être dans l’esprit du « Printemps audonien ». Le programme, qui reprend de nombreuses, propositions mises à jour depuis début 2019 par les uns et les autres dans le cadre d’ateliers participatifs commence à être diffusé (nous y reviendront).

Après les péripéties décrites, on attend avec impatience la liste complète des candidats qui est en cours de finalisation et leurs positionnements.

Ce récit – forcément partial et partiel – a au moins le mérite d’assumer une certaine transparence, laquelle fait souvent défaut à ceux qui clament haut et fort faire de la politique « autrement ». A défaut, quitte à évoquer des vérités un peu crues, nous entendons donner aux citoyens au moins des éléments supplémentaires d’information et de compréhension. Enfin, ne courant après des postes, nous sommes plus à l’aise ici pour tenter de marier éthique et politique. Tout ceci pouvant éclairer la suite…

Puisque cette équipe à vocation à être dans les deux finalistes de la Gauche, la suite – justement – ce sera la question de la fusion pour le 2ème tour avec ceux-là mêmes qui l’ont refusé en 2014. Quelque soit celle arrivée en tête des deux, il y aura nécessairement une nouvelle recomposition de l’équipe de Denis Vemclefs donc encore, bonnes ou mauvaises, quelques surprises.

L’association « Soigne ta Gauche ! », au sein de cette liste et à cette étape décisive confirme son soutien unanime à la liste « A Gauche ! » et à Denis Vemclefs pour un changement de cap maîtrisé s’appuyant sur la démocratie locale avec une solidarité inscrites dans un développement durable de notre ville.

PS : pour être toute à fait complet on a ce 4 février, par le Parisien, la confirmation d’une liste supplémentaire  :

*

Lutte Ouvrière (LO), conduite par Alain Aubry

Syndicaliste, déjà candidat aux municipales de 2014 (1,6%), LO profitera de la fenêtre médiatique des élections municipales pour exprimer surtout ses positions nationales et a priori son hostilité à William Delannoy et son rejet du candidat Macroniste. Pour mémoire rappelons que de 2008 à 2014, Lutte ouvrière participa avec une élue (Monique Tesseyre) à la Majorité municipale de Jacqueline Rouillon.

EPS

* nos excuses pour cette photo repiquée depuis la profession de foi de 2014 en attendant mieux !

***

[1] Une alliance PS EE-LV avec la « responsable » du groupe local d’EE-LV semblant la quasi seule adhérente de ce parti et pas pressée de recruter, même après le score de son parti aux Européennes et qui a obtenu néanmoins le logo officiel.

[2] dans le « Printemps audonien » animé par la LFI et « St-Ouen se Rebiffe » (collectif créé avec d’autres par son camarade de Génération.s… Henri Lelorrain cheville ouvrière dudit Printemps !).

[3] Des adhérents d’Europe Ecologie qui n’ont pas réussi à intégrer malgré leur démarche le « groupe » Dina Deffairi.

[4] Une démarche d’unité « à tous prix » portée par les co-secrétaires du PCF (Emilie Lecroq et Juliette Ryan) et par François Giunta (élu d’opposition). L’association Soigne ta Gauche, plutôt pas convaincue et opposée, mais mise devant le fait accompli « suivra » dans un souci unitaire. Elle participera même aux Comités de coordination du « Printemps audonien » qui débattra surtout des places des uns et des autres.

[5] Certaines listes n’arriveront peut-être pas jusqu’au bout avec dépôt des listes en Préfecture d’ici une vingtaine de jours.

[6] Dont Denis Vemclefs et quelques personnes se reconnaissant dans Génération.s, EE-LV, le PCF, le PS ou engagées dans la vie associative locale.

[7] Soigne ta Gauche qui compte dans ses rangs deux anciens élus : Eric Pereira Silva, adjoint au maire (2001-2008) et Dominique Garcia-Durocher, conseillère municipale (2008-2014), qui depuis 2014 travaillent aux côtés d’une partie des élus d’opposition sur de nombreux dossiers en participant à la plupart des actions contre la politique de W. Delannoy.

[8] démocratie locale, finances, critères candidats, …

[9] Un nouvel équilibre dépassant ce qui existe depuis longtemps avec des citoyens actifs non encartés mais surtout sympathisants ou des compagnons de route.

[10] Parmi ceux-ci : 18 non encartés, 11 Soigne ta Gauche, 5 PCF, 3 Génération.s. Malgré la signature Henri Lelorrain un des représentants de Génération.s et qui a constitué un collectif « citoyens » refusera de signer cet appel.

[11] Ou l’on réussira l’exploit de mettre autour de la table, avec les autres forces de Gauche, la France Insoumise et les amis de J. Rouillon (Citoyens Solidaires)

[12] Une quinzaine de personnes parmi lesquels

[13] « En reprenant tout à zéro », comme le laissera échapper maladroitement Eric Coquerel en se reprenant immédiatement lors d’une réunion préparatoire au café le Rabelais à laquelle assistaient des représentant(e)s du PCF (et aussi s’étant invités Denis Vemclefs et Eric Pereira-Silva).

[14] Avec une liste devant compter 40 % de « citoyens » mais excluant élus (ou anciens élus) non encartés, les associatifs ou membres de nouveaux collectifs (Soigne ta Gauche, St-Ouen se Rebiffe, St-Ouen en Orbite, Citoyens Solidaires). Donc en réalité à avoir plus de citoyens hors partis que de représentants des partis (ceux-ci devenant de fait minoritaires sur la liste : la quadrature du cercle !)

[15] 13 candidats au poste de Maire : Henri Lelorrain, Emilie lecroq, Jacqueline Rouillon, Shahin Vallée, Juliette Bompoint, Lakdhar Krimat, Ronan Arbeuf, Lylian Senechal, Manon Monmirel, Laurence Tocco, Antoine Simoni, Nathanael Turpin-Griset, Denis Vemclefs,

[16] Des membres de Génération.s avec Paul Manon sortent quand d’autres rentrent pour rejoindre H. Lelorrain, des proches de J. Rouillon qui la quittent pour rejoindre la liste soutenue par LFI, des membres de St-Ouen en orbite qui avaient rejoint Alternative 2020 pour rejoindre J. Rouillon…

[17] Quelques heures seulement avant la tombée du rideau en Assemblée Générale et pour des raisons différentes, Soigne ta Gauche et la France Insoumise annonceront leur départ.

[18] Du moins une partie de Génération.s dont Henri Lelorrrain, ancien président du groupe socialiste au conseil municipal, conseiller délégué aux sports (2008-2014) aujourd’hui à Génération.s, et qui était un pourfendeur inlassable de Denis Vemclefs, des communistes et du collectif « Alternative Saint-Ouen 2020 ». Suite à l’explosion du « Printemps audonien », il a finalement décidé de mettre finalement son talent au service de la liste « A Gauche ! » conduite par… Denis Vemclefs. Il en est désormais un des soutiens actif et exigeant. Espérons que ses efforts seront récompensés la hauteur de ses ambitions (pour Saint-Ouen).

[19] EE-LV dont l’incontournable et ambitieux Shahin Vallée qui a déclaré avoir vécu une dizaine d’années entre Londres et Bruxelles et n’être que très récemment revenu vivre à St-Ouen. Il a (re)pris sa carte EE-LV après les élections européennes de juin 2019 et pris langue avec plusieurs acteurs d’Alternative 2020 (sans vraiment se rapprocher des deux adhérents EE-LV en son sein). En suscitant une certaine perplexité, il annoncera à ses interlocuteurs, dés juillet 2019, qu’il était disponible pour être tête de liste (!) avec des idées « très très générales » sur l’écologie et son association locale « Zone d’écologie Populaire » (ZEP) créée opportunément en août 2019 dont on attend des idées un peu précises et réalistes. En ce sens il se débrouillera assez vite pour être adoubé par « Alternative 2020 » (par l’entremise de Génération.s notamment) et par « l’appel du 30 septembre » initié pourtant par la France Insoumise et d’autres. C’est l’homme providentiel tombé du ciel en juin 2019 avec sa nouvelle carte d’Europe Ecologie – Les Verts épinglée sur le cœur. Cet économiste ne s’est pas lassé de décliner son CV, long comme le bras. Il a en effet dispensé ses conseils au Président du Conseil européen puis au dernier ministre des finances de François Hollande (un certain Emmanuel Macron). Plus préoccupant dans sa sucess story, il oubliera d’indiquer à tous (ou presque) un simple détail : le 9 mars 2017, il sollicitait officieusement, auprès de l’actuel secrétaire général de l’Elysée, l’investiture pour le poste de député LREM des français de l’étranger (à Londres). (cf. document ci-après qui n’est pas un faux selon l’intéressé lui-même) :

https://wikileaks.org/macron-emails/emailid/2998

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5 réflexions sur « Municipales : Emiettement sans discernement (chapitre 4) »

  1. Comment le PC peut-il être vent debout contre la réforme des retraites de Macron est accepter sur sa liste un macroniste repenti nouveau vert… les bras m’en tombent…

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