Pas de quartier pour l’éco quartier

Les Docks n’échappent pas à la politique urbaine désastreuse du Maire actuel. Toujours à courte vue mais à ici grande échelle. Au menu de la modification n°4 du dossier de réalisation de la ZAC objet d’un épais dossier « soumis » à la consultation du public dans une grande discrétion comme à l’accoutumé.

En bref : bourrage de logements, réduction des équipements publics et de la verdure, abandon de la passerelle vers l’ île des Vannes et abandon des berges de Saint-Ouen sur « Seine »…

L’association Mon Voisin des Docks (MVD) livre sur son site une analyse de ce dossier que nous publions avec beaucoup de respect pour ce travail citoyen très complet et instructif sur ce secteur majeur de la ville :

« Grâce à la vigilance d’un voisin, l’association a pu prendre connaissance de l’énorme dossier relatif au « projet de modification N°4 du dossier de réalisation de la ZAC des Docks de Saint-Ouen » qui comporte de nombreuses informations intéressantes.

Certaines évolutions dans la programmation de la Zac des Docks ont nécessité l’élaboration de ce dossier et une actualisation de l’étude d’impact. Pour rappel, les trois premières modifications de la programmation ont eu lieu en décembre 2015, en novembre 2018 (cette modification a conduit notamment à la suppression d’équipements socioculturels et de la maison du Parc, prévue initialement là où a été réalisé l’actuel boulodrome) et enfin en décembre 2018. Ces modifications ont permis de réduire la participation financière de la Ville à la ZAC.

Si au regard du droit de l’environnement, la procédure ne nécessite pas une large publicité (d’autant qu’il s’agit d’une consultation « par voie électronique »), on peut toujours s’étonner de la diffusion plus que confidentielle de ce type d’informations. Le dossier modificatif ne comporte pas moins de 42 documents pour près de 385 Mo, accessibles sur le site de l’aménageur Sequano.

Pourtant, le dossier recèle des données éminemment intéressantes pour l’habitant de base, le riverain lambda, bref, celui qui rémunère les promoteurs qui achètent les terrains, celui qui s’endette pour plusieurs années, celui qui souhaite faire grandir ses enfants dans un environnement agréable, celui qui fait le choix d’un quartier où il espère s’épanouir et celui qui paiera les impôts qui financeront les investissements et le fonctionnement de la ville[1].

Les points suivants (non exhaustifs) ont en particulier été relevés par l’association :

1 – Scolaire : une nouvelle école en projet derrière le Syctom, en étage, au-dessus du Site de Maintenance et de Remisage de la Ligne 14 et un collège qui semble acquis :

Une étude de prospective scolaire réalisée courant 2018 recommande la réalisation de 34 classes supplémentaires. Elle intègre notamment les besoins induits à la suite du changement de programmation sur le secteur 6 (derrière le Syctom, côté Clichy, où le Stade Bauer devait à un moment être reconstruit) et où sont désormais programmés des logements.

Le nouveau programme des équipements publics de la Zac intègre donc une nouvelle école, qui se situera sur le secteur 6, à l’ouest de la CPCU. Elle comprendra 21 classes (6 classes maternelles et 15 classes élémentaires) et devrait représenter une surface totale d’environ 5500 m² de SDP. Elle sera implantée sur l’îlot SMR/R5, sur les toits à l’extrémité Nord du SMR de la RATP. Ce site a été jugé par l’étude comme présentant le potentiel d’accueil d’un groupe scolaire le plus élevé.

Par ailleurs, la Zac contribuera, par le biais d’un fond de concours, à la réalisation d’une école en dehors du périmètre de l’opération, rue Ernest Renan (livraison en 2022). Cette école aurait une capacité de 20 classes et représenterait une surface totale d’environ 4 000 m² de SDP.

Pour mémoire, l’école PEF compte 15 classes (7 classes maternelles et 8 classes élémentaires) et  l’école Le Petit Prince, 17 classes (6 classes maternelles et 11 classes élémentaires).

Un collège et un gymnase, représentant respectivement une surface d’environ 8 000 m² et 2000 m² de SDP, sont en étude sur le secteur 4a (sur le lot M8, angle rue Simone Veil/rue des Docks), sous maîtrise d’ouvrage du département de Seine-Saint-Denis.

On se rappelle avec émotion le changement de sectorisation scolaire effectué par la Ville en 2019 à la va-vite pour répondre au débordement des classes des groupes scolaires des Docks. Et on se rappelle aussi que les multiples livraisons à venir vont induire des changements réguliers de rattachement des immeubles aux écoles, au fur et à mesure des rentrées. On espère que la Ville de Saint-Ouen travaillera de façon fine et subtile afin d’éviter trop de changements d’école à un même enfant au cours de sa scolarité audonienne.

2 – Petite enfance : une nouvelle crèche pour absorber les énormes besoins :

Une seconde crèche, d’environ 1100 m² de SDP, doit être construite sur le lot 6 dans le secteur 4a (Ardoin sud, au niveau du débouché de la place du capitaine Glarner) de la Zac avec une capacité de 60 berceaux comme la crèche des Galopins rue la Clef des Champs.

3 – Commerces : la Halle encore et toujours en projet

Le Cours des Lavandières dans le secteur 1 (dans la continuité de l’allée de la Comtesse de Cayla depuis le parvis des Bateliers) constituera une zone piétonne reliant le centre-ville de Saint-Ouen-sur-Seine au Grand Parc, en passant par la Halle Alstom réhabilitée. Il s’agira d’une promenade de 250 m de long et de 24 m de large dédiée au shopping, aux loisirs et à la restauration. On ne dispose d’aucune information de plus au-delà d’un « projet de concept innovant autour des arts de table dans une partie de l’ancienne halle Alstom réhabilitée », appelée Cœur de Halle[2]. Idem sur le reste des commerces des Docks : pas d’information sur le délai de commercialisation, le contenu, etc.

4 – Déplacements et stationnement : des lignes de bus multipliées, un nouveau parking près du Boulevard Victor Hugo 

Le dossier modificatif nous apprend que le schéma final de transports du quartier prévoit le passage de la ligne 66 rue des Bateliers ainsi que des lignes 139 et 140 par la rue Clef des Champs.

En revanche, côté voirie, l’annulation du franchissement de voie ferrée du fait du transfert du projet de Grand Hôpital sur le site PSA/Conforama peut faire craindre un sérieux report de trafic sur les autres axes, au-delà de la faible cohérence des Docks au final, en termes de maillage interne. En effet, le quartier butera sur la rue Ardoin (rue Clef des Champs) ou même sur la rue des Bateliers (rue Frida Kahlo, rue de l’Hippodrome) au lieu de se poursuivre vers le reste des Docks, côté Clichy. (On se demande même sur certaines cartes si la continuité de la rue Simone Veil vers l’Ouest par Enedis est bien acquise…).

Un parking Sud (initialement prévu sur l’ilot N7) sera réalisé en infrastructure (donc en sous-sol), avec environ 300 places de stationnement, à proximité du Boulevard Victor Hugo. L’implantation précise est à l’étude. Il faut espérer qu’il sera opérationnel à temps et bien ouvert aux visiteurs, au risque de voir encore se multiplier les situations de stationnement sauvage, comme on en voit bien souvent dans les Docks.

5 – Equipements publics : on cherche encore…

Un gymnase supplémentaire était prévu, mais a finalement été supprimé. Il doit être compensé par le gymnase à venir du collège, qui sera ouvert aux associatifs et scolaires. On peut quand même s’interroger sur la réalité à venir de l’ouverture de cet équipement sur la ville…

Et puis sinon, côté équipements publics, on ne trouve rien d’autre : aucune maison de quartier, aucune salle municipale, aucune annexe de médiathèque, aucun équipement associatif. Cela signifie que les 20 000 habitants des Docks à terme (mais sûrement aussi tous les nouveaux arrivés dans les programmes neufs qui poussent dans tout Saint-Ouen : rue du Landy, rue des Rosiers, etc.) se contenteront de ce qui existe à St-Ouen, même si ça déborde, et surtout même si c’est à l’autre extrémité de la ville. 20 000 habitants, c’est Cahors, c’est Lannion, c’est Sedan.

6 – Espaces verts et environnement : le Grand Parc comme seule réponse, l’aménagement des berges définitivement retiré du programme, des « propositions » de mesures pour adapter la ville au changement climatique

Quasiment tous les nouveaux espaces verts à venir dans les Docks sont des espaces privatifs. Ne semble être prévu qu’un espace vert dans l’îlot de logements de l’ex-futur Stade Bauer en bord de Seine côté Clichy.

On regrette que ne soient pas prévus des squares, des aires de jeux plus proches des futurs logements, pour éviter par exemple de grandes distances aux plus petits qui devront parcourir parfois plus d’un kilomètre (ou plutôt ne le feront pas) pour accéder aux jeux du Grand Parc (surtout quand on lit dans le dossier que la ZAC s’inspire du modèle de la ville des courtes distances).

Par ailleurs, le dossier relève que « Le réaménagement des berges de Seine ne pourra être engagé que dans le cadre d’une réflexion globale sur la RD1 avec le Département et d’un engagement des multiples partenaires nationaux et locaux concernés par le fleuve. Les conditions de cet engagement commun n’ont à ce stade pas été réunies et il n’existe pas de processus en cours permettant d’envisager le réaménagement des berges d’ici au terme de la ZAC. Aussi, le réaménagement des berges de Seine à hauteur du Grand Parc a été retiré du programme des équipements publics dans le cadre du second dossier de réalisation modificatif. » Il est quand même très très dommageable qu’après autant d’années, les maîtres d’ouvrage ne soient toujours pas en mesure de se mettre d’accord (« les conditions de cet engagement n’ont pas été réunies » !) pour faire en sorte que ces berges se rapprochent enfin des aménagements de bord de fleuves qu’on peut constater dans des villes de province en 2019, où l’on peut à l’envi flâner, courir, pique-niquer, etc.

On peut également regretter que les mesures proposées dans le rapport d’impact ne soient encore qu’à l’état de « propositions », notamment celles relatives au changement climatique (revêtements spécifiques, recours plus fréquent à l’eau, végétalisation des toitures, etc.)

7 – Un programme qui augmente de près de moitié la surface résidentielle initiale du programme : Le nouveau programme global prévisionnel des constructions de la Zac prévoit 886 000 m² de SDP, répartis comme suit :

  • environ 496 000 m² SDP de logements: soit environ 7 500 logements dont 6 400 logements familiaux et 1 100 logements en résidences. Alors que 20% des logements de la ZAC ont été livrés en 2015, il faut noter qu’une énorme pointe de livraison des logements aura lieu en 2021, lorsque 26% des 7500 logements seront livrés.
  • environ 277 000 m² SDP de bureaux
  • environ 55 000 m² SDP d’activités / commerces
  • environ 30 000 m² SDP d’équipements collectifs
  • environ 28 000 m² SDP d’équipements publics

Pour rappel, le programme global de 2007 prévoyait 740 000m² de constructions dont 335 000 de logements. On assiste donc à une augmentation de 48% de logements environ alors qu’on a en parallèle supprimé des équipements socioculturels. 

Au 31/12/2018, les surfaces déjà livrées représentent environ 238 000 m² SDP ainsi répartis :

  • environ 163 000 m² SDP de logements
  • environ 56 000 m² SDP de bureaux et activités
  • environ 7 000 m² SDP de commerces
  • environ 12 000 m² SDP d’équipements publics (écoles, crèche, gymnase, serre du parc)

La lecture du dossier de modification du programme des Docks confirme le sentiment que de nombreux Audoniens, habitants ou non des Docks, ressentent actuellement : on « bourre » au maximum les Docks (mais aussi le reste de Saint-Ouen) de logements, sans accompagner cette densification, notamment en termes d’espaces et équipements permettant de créer du lien social, d’assurer le vivre-ensemble et l’épanouissement de chacun.

L’association invite tous les usagers des Docks à formuler des remarques sur le lien ci-dessous :

https://www.enquetes-publiques.com/Enquetes_WEB/FR/DEPOSER-F.awp?P1=EP19536

[1] Le point 12 du label Ecoquartier (label dont se félicitent toujours les auteurs du rapport de modification) prévoit pourtant la concertation avec les habitants. On l’attend toujours…

[2] A noter que le Maire de Saint-Ouen a informé l’association MVD lors du Forum des associations de septembre 2019 que le groupe Frey, opérateur commercial, avait été retenu pour aménager et exploiter la halle de Saint-Ouen. Plus d’informations sur l’article dédié. »

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1 réflexion sur « Pas de quartier pour l’éco quartier »

  1. je ne crois pas avoir vu une allusion au nombre d’habitants et de logements sociauxl.
    Mais j ai la confirmation que les parents créateurs de la ZAC sont de vrais crétins mais pas si idiots car ils n’ y habitent pas.

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