Futur Grand Hôpital : transfert du malade ?

Foncier PSA et alentoursCapture d’écran 2018-04-26 à 15.36.29Capture d’écran 2018-04-26 à 15.32.19

Comme nous le pressentions assez précisément sur ce blog, dans notre article du 26 janvier[1], le grand hôpital du Nord parisien dans les Docks à Saint-Ouen a bien du plomb dans l’aile pour les raisons financières que nous évoquions alors. C’est aujourd’hui Le Parisien[2] qui le confirme et indique en prime (ce n’est pas une surprise) que le site PSA-Citroën pourrait constituer une alternative.

Evidemment, sauf pour les adeptes du « nouveau monde », la liquidation du plus grand site industriel de Saint-Ouen en cœur de ville avec ses centaines d’emplois n’est pas une bonne nouvelle. Même si le devenir du site semblait assez compromis, cet enterrement de première classe annoncé, et qui accélère le processus, pourrait être marqué par une contestation sociale légitime et significative.

N’en doutons pas pour autant, la Direction de PSA pourrait avoir intérêt à une cession « assez » rapide d’un bloc à un institutionnel comme l’AP-HP sans dépendre de la faisabilité hypothétique d’une opération immobilière privée. Bref le temps c’est aussi de l’argent.

Reste que l’insertion urbaine de cet équipement à proximité immédiate du métro Garibaldi[3] poserait néanmoins différents problèmes. Déjà la gestion des flux de circulation induits avec les « Urgences » et le flot de véhicules lié aux livraisons et à la logistique, ensuite la superficie plus réduite qu’aux Docks pourrait exclure la partie universitaire (CHU). Avec la tentation de densifier et/ou d’exproprier alentour (en « mangeant » notamment Conforama et autres[4] pour accéder au boulevard Victor Hugo…)[5]. En rajoutant un chantier contraint et la dépollution, on l’a compris les solutions miracles, rapides et pas chères, n’existent pas tout à fait.

Pour être tout à fait juste, il faut également rappeler que le Plan local d’Urbanisme désormais Intercommunal (PLU I) et récemment prescrit par Plaine Commune ne prévoit pas bien entendu d’hôpital à cet endroit. Donc encore un peu de grain à moudre côté procédure (information, concertation, négociations). En espérant que le Maire et le Président Braouezec, forcément déjà dans la boucle, soient en phase sur le sujet.

Autre inconnue, que tout ceci ne se brise pas sur les décisions très attendues d’Emmanuel Macron concernant la géométrie et le contenu du Grand Paris. Un Président qui ne s’est jamais exprimé sur cet équipement majeur du Grand Paris et qui n’est pas celui qui en a posé la 1ère pierre.

Autant dire que l’objectif d’une livraison en 2025 s’éloigne sérieusement.

Dans cet imbroglio, un qui reste un peu à la ramasse c’est bien le Maire, William Delannoy, qui ne maîtrise pas du tout ce dossier majeur pour la ville. En ayant joué les matamores[6] et tordu le bras à l’AP-HP pour déplacer le périmètre de l’hôpital sur les terrains les plus chers, il a largement contribué à charger la barque et à plomber l’opération initiale. Mieux, sa stratégie de gribouille[7] sur ce dossier l’a finalement conduit à abandonner la maîtrise de la ZAC des Docks dans son ensemble à la Métropole du Grand Paris. On lui souhaite bien du courage pour nous expliquer tout ça.

Un dossier hors normes pour notre ville à suivre par conséquent attentivement et qui n’en doutons pas va continuer à être disséquer dans les médias[8].

Eric pereira-Silva

 

[1] http://www.soignetagauche.fr/2018/01/grand-hopital-en-souffrance/

[2] http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/saint-ouen-psa-le-plan-b-du-futur-grand-hopital-23-04-2018-7680351.php

[3] Le site PSA d’environ 4,1 ha est inscrit dans le trapèze délimité au Nord par les voies ferrées à l’ouest par l’avenue du Capitaine Glarner, à l’Est par la rue Louis Blanc et au Sud par la rue Farcot.

[4] Conforama environ 2 ha, Gaudeffroy environ 1 ha, Parc d’activités environ 1,5 ha.

[5] Une extension vers Victor Hugo avec la contrainte d’un passage sous la voie ferrée.

[6] Faire le matamore : Faire étalage de sa bravoure, se vanter de prétendus exploits de manière ridicule. Faire le vantard, le fanfaron (expressio.fr)

[7] https://www.solutionsfortes.fr/2014/10/21/gribouille-aux-commandes-strategie-politique-en-miettes/ 

[8] En attendant, les chantres du Grand Hôpital revendiquant de l’avoir porté sur les fonds baptismaux (Bruno Le Roux et Karim Bouamrane) seront, espérons-le, bienvenus à l’initiative du mouvement Génération.s (Hamonistes) qui organise ce jeudi 3 mai (19h-22h00) à Mains d’œuvres 1 rue Charles Garnier à St-Ouen un débat de circonstance : « Hôpital et projet Hôpital Grand Paris Nord ». https://www.facebook.com/M1717SaintOuen93/

 

 

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2 réflexions sur « Futur Grand Hôpital : transfert du malade ? »

  1. Un article du Pardem (Parti pour la démondialisation)

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    Le plan de Macron et de l’UE pour détruire l’hôpital public
    Le 8 mai 2018

    par J.-M. Toulouse, membre du Conseil national du Pardem

    Le plan Macron s’inscrit dans les politiques régressives des trente dernières années.

    Mais si le président de la République est bien l’exécutant zélé et enthousiaste de la libéralisation en cours, il n’en reste pas moins que la main de fer est celle de l’Union européenne qui n’a cessé de bombarder des directives « santé » depuis plusieurs années et a même ouvert une brèche contre le monopole de la Sécurité sociale.

    Le marché de la santé est juteux ! Il fait saliver les capitalistes depuis plusieurs décennies qui n’ont de cesse d’agir pour casser le service public de la santé. Leurs avancées sont considérables.

    La régression pour les patients et les personnels est catastrophique.

    Même tactique partout : affaiblir, paupériser, réduire les périmètres du service rendu pour préparer les esprits à la mise totale sur le marché. Les cheminots en savent quelque chose, comme les postiers !

    La réalité est là : les instruments de destruction de l’hôpital public proviennent des dogmes du capitalisme : financement des investissements par les marchés financiers et non plus par le pôle public, tarification à l’activité (T2A) depuis 2004, privatisation de toutes les fonctions supports qui ne sont pas censées faire partie du « cœur de métier » de l’hôpital, diminution de l’offre de soin par la mise en place des GHT (Groupements hospitaliers de territoire), « lean management » du personnel (65 à 70% des budgets hospitaliers) par la gestion par la peur et la flexibilisation.

    La loi HPST (hôpital, patients, santé, territoire), dite loi Bachelot, adoptée en 2009, est en réalité la transposition de la directive Services de l’Union européenne.

    C’est elle qui régionalise (Agences Régionales de Santé), met en poste des gestionnaires à la tête des hôpitaux, et fait entrer l’hôpital dans un modèle d’entreprise.

    Les résultats sont éloquents : l’hôpital public est financièrement à genoux ! Ses personnels, dont les effectifs sont réduits, aussi. Les patients sont moins bien pris en charge et incités à avoir recours aux cliniques privées.

    Nous appelons les usagers à exprimer leur refus de la destruction de l’Hôpital public en manifestant le 22 mai aux côtés des fonctionnaires qui dénoncent la casse généralisée du service public.

    Le triste exemple de ce qui a été conduit en Grèce par l’Union européenne et le gouvernement de Tsipras doit nous inciter à ne pas laisser faire les néolibéraux et leurs valets !

    I) La vérole des marchés financiers dans l’hôpital public

    II) La tarification à l’activité (T2A), machine infernale de destruction du service public

    III) La privatisation tous azimuts

    IV) La mise en place des Groupements hospitaliers de territoire (GHT), instrument de la réduction de l’offre publique de soins

    V) Le management par la peur et la flexibilité

    VI) Le démantèlement de la Sécurité sociale par la diminution des cotisations et leur remplacement progressif par la fiscalisation.

    Pour lire le contenu des paragraphes
    http://www.pardem.org/actualite/luttes/838-le-plan-de-macron-et-de-l-ue-pour-detruire-l-hopital-public

  2. Un article de Bastamag

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    Austérité
    15 000 suppressions de postes dans les hôpitaux attendues cette année
    par Nolwenn Weiler 16 mai 2018

    Plusieurs centaines de soignants ont manifesté hier à Paris, bloquant un temps les Champs Élysées, pour protester contre les nouvelles suppressions de postes que le gouvernement souhaite imposer à l’hôpital.

    Lors de son interview télévisée du 15 avril dernier, Emmanuel Macron avait pourtant affirmé que l’hôpital ne souffrirait pas de coupes budgétaires durant son quinquennat.

    Les objectifs fixés par la loi de financement de la Sécurité sociale (votée fin 2017) exige pourtant des économies de plusieurs millions d’euros de la part des établissements de santé pour la seule année 2018.

    De sévères coupes sont attendues notamment du côté du personnel, qui représente le gros de la masse budgétaire des hôpitaux.

    Le plan d’accompagnement à la transformation du système de santé (PATSS) que le ministère de la Santé a publié confirme que les hôpitaux devront réaliser un « effort » de 1,2 milliard d’euros sur la masse salariale ces quatre prochaines années, dont 960 millions pour la seule année en cours. « Des économies, en somme, s’indigne le syndicat Sud Santé.

    Au total, ce sont au moins 15 000 emplois d’hospitalier-es qui sont voués à la destruction dès cette année ! » Voilà qui tranche avec les promesses présidentielles. « 960 millions d’euros d’économies, c’est comme si on nous demandait de supprimer 15 000 emplois, déclarait déjà il y a quelques jours Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF) au micro de France télévision.

    Je ne crois pas qu’il y ait des emplois en trop à l’hôpital. Il suffit de pousser la porte d’un service hospitalier pour voir que le quotidien n’y est pas rose. »

    La suite
    https://www.bastamag.net/2018-15-000-postes-en-moins-dans-les-hopitaux

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